Merci pmithrandir
Très intéressante remarque. Je ne résiste pas d'en faire une succincte critique*.
La raison pour laquelle ces choses-là ont, effectivement, un impact important sur nos vies quotidiennes, c'est parce que nous y donnons de l'importance. Rappelez-vous le célèbre "cessez d'obéir et vous voilà libre" de La Boétie. Ce qui se cache derrière cette maxime, c'est le fait que nous créons nous-même nos dépendances. Cette idée a été reprise plus récemment par Ellul, qui a produit, à mon avis, une des idées les plus puissante du XXème siècle: "l'aliénation par la technique". Et ta phrase que je cite est une parfaite illustration de cette idée. Pour faire court, nous avons construit un monde dans lequel les valeurs que l'on passe en paramètre des programmes utilisés par les banques sont plus importants que la qualité de l'air que nous respirons. Nous nous sommes mis nous-même en situation de dépendance d'une technique (dans son sens large, c'est à dire un ensemble de techniques et technologies) qui suit ses propres intérêts.
Je vous présente cette idée rapidement. Elle et complexe, et pour la comprendre il faut lire ce qu'a écrit Ellul. Mais cette idée est extrêmement puissante car elle présente la politique non plus selon un rapport de classe (exploitants contre exploités), mais selon un rapport de l'individu contre sa propre création. Et ça va très loin. Déjà, ça suppose que, contrairement à l'idée dominante de la philosophie antique, l'homme ne tend pas tant que ça à être libre. La technique n'étant qu'une nouvelle forme de l'autorité à laquelle l'individu accepte d'obéir. Dans cette optique, on peut supposer, par exemple, si l'individu rejette le totalitarisme, ce n'est pas par peur de perdre sa liberté, mais par peur de ne pas pouvoir exercer sa propre autorité. Et on retombe alors sur Castoriadis: "être citoyen c'est savoir gouverner et être gouverné".
Abyssal...
* j'utilise ici le mot critique dans son sens philosophique: "art de juger les œuvres de l'esprit", et, plus précisément, dans le sens stoïcien, ou dialectique si vous préférez, c'est à dire sans considération morale (je ne dis pas si c'est bien ou mal).
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