La perte de la mémoire immédiate :
De façon schématique, le processus de mémorisation peut se décrire en 4 phases :
- L’apprentissage : analyse immédiate de l'information sensorielle ;
- La mémoire immédiate : persistance au niveau cérébral de la trace sensorielle. L'ensemble des informations ainsi conservées constitue l'empan de la mémoire (quantité d'informations pouvant être stockées par la mémoire à court terme).
- Le stockage mnésique : regroupement des données et leur codage. Ce stockage dépasse l'empan. Il est basé sur l'élaboration de processus associatifs et comporte une phase de consolidation dans le temps qui évite la perte d'information.
- Le rappel mnésique : réutilisation des informations stockées. Si le sujet les raconte ou les revit mentalement, c'est l'évocation. S'il les retrouve lors d'une nouvelle confrontation, c'est la reconnaissance.
On distingue plusieurs sortes de troubles de la mémoire (amnésies) :
- L'amnésie antérograde (syndrome de Korsakoff) : le patient ne fixe plus les souvenirs et oublie tous les événements au fur et à mesure qu'ils se présentent. C'est une amnésie des faits récents alors que le souvenir des faits anciens est conservé.
- L'ictus amnésique : perte de mémoire isolée, antérograde, chez un sujet âgé de 50 à 70 ans, sans cause déclenchante apparente, sans signes prémonitoires, durant quelques heures et ne laissant comme séquelle qu'une amnésie lacunaire pour cette période. Le malade est incapable de se souvenir de ce qu'il vient de faire : il pose les mêmes questions et répète sans arrêt les mêmes choses. En revanche, il connaît son âge et son identité. Les capacités intellectuelles sont conservées. C'est en général un incident bénin et sans cause.
- L'amnésie globale concerne les faits récents et anciens et se voit dans les démences.
La mémoire procédurale
La mémoire procédurale est une forme de mémoire non déclarative. La mémoire procédurale est une mémoire à long terme implicite qui permet la motricité automatique. Elle concerne l’apprentissage et le stockage des savoir-faire comme jouer du piano, faire du vélo, planter un clou, marcher, etc. En pratiquant ces activités, la mémoire améliore nos performances jusqu’à créer des automatismes. C’est une mémoire que l’on active alors de façon quasi inconsciente. Cette mémoire n’est donc pas verbalisable puisqu’elle ne concerne que des mouvements.
Elle fonctionne grâce à différentes zones du cerveau, comme le cervelet ou le striatum. Ces zones sont toutes reliées entre elles par des synapses fonctionnant avec des neurotransmetteurs. Cette association permet l’apprentissage progressif de procédures. Celles-ci sont d’abord traitées par la mémoire déclarative et de travail puis sont intégrées dans la mémoire procédurale grâce à la répétition.
Mémoire à long terme
La mémoire à long terme est essentielle pour pouvoir progresser. Il n’existe pas “un” centre de la mémoire dans le cerveau, mais bien plusieurs réseaux neuronaux distincts interagissant entre eux. Ils sont observables notamment par IRM au cours de tâches de mémorisation. Un élément à mémoriser est constitué des diverses informations sensorielles, temporelles ou encore émotionnelles. Elles ne sont pas conservées au même endroit.
Le cerveau conserve le souvenir de la synchronisation de ces différentes informations. Un souvenir n’est pas un enregistrement forcément valide de la situation réelle et peut varier au cours du temps. Lorsque l’on se souvient, la tâche de reconstruction du cerveau peut être plus ou moins fidèle selon la date du souvenir, et est influencée par le présent.
Les mémoires s’appuient les unes sur les autres. Par exemple, la mémoire épisodique utilise la face interne des lobes temporaux et plus spécifiquement les réseaux neuronaux de l’hippocampe. La mémoire sémantique, quant à elle, utilise davantage de réseaux dans les parties intérieures des lobes temporaux. Enfin, la mémoire procédurale utilise des réseaux neuronaux sous-corticaux et le cervelet, qui joue un rôle très important dans le contrôle moteur. Selon Charles Scott Sherrington, « la mémoire se forme au sein de réseaux de neurones qui, après avoir été activés de manière intense ou répétée, gardent une trace de cette activation en renforçant leurs contacts ».
Le fonctionnement de la mémoire à long terme dont fait partie la mémoire procédurale se fait en trois grandes étapes :
- L’encodage est la capacité à transformer l’information entrante et les stimuli. Il peut être intentionnel ou non. C’est l’apprentissage et l’entrée de l’information, la mise en mémoire de celle-ci, venant de nos différents sens, que ça soit la vue, l’ouïe, l’odorat, le toucher ou encore le goût. De la qualité de cette phase dépendra la qualité des phases suivantes, que ça soit dans la durée des souvenirs ou bien de leur fiabilité, leur exactitude. Plus l’attention portée à la phase de l’apprentissage est importante, plus celui-ci sera de qualité. Afin de faciliter l’encodage, on peut aussi utiliser des stratégies, par exemple sémantique (placer un mot dans une catégorie telle que l’animal, ou encore associer des attributs à un mot…). On appelle les informations transformées traces mnésiques.
- Le stockage ou conservation : lors de cette phase, les informations sont maintenues en mémoire et consolidées. Cette phase peut durer de quelques secondes à plusieurs années, elle peut aussi avoir lieu lors du sommeil, c’est pourquoi celui-ci est essentiel dans le processus de mémorisation. Le cerveau va répéter, sans que l’on s’en rende compte, les informations enregistrées lors de l’encodage et va ainsi les ancrer plus profondément dans la mémoire. Ces traces mnésiques vont, dans cette étape, passer de la mémoire à court terme à la mémoire à long terme.
- Rappel ou récupération ou restitution : lors de cette phase, les souvenirs et les informations sont récupérés, cette phase se fait de façon consciente ou inconsciente. L’information présente dans la mémoire à long terme revient dans la mémoire à court terme afin d’être accessible. Cette information peut alors être utilisée, on dit qu’elle est extraite de la mémoire. L’information est donc appliquée, c’est comme cela qu’on se rappelle comment faire du vélo, comment faire du piano… Cette phase de rappel permet de retourner une information déjà apprise et mémorisée. Cette récupération peut être consciente ou non.
Apprentissage procédural
La mémoire procédurale est une mémoire qui implique l’apprentissage d’un processus cognitif, permettant la réalisation inconsciente d’une procédure motrice. Ce processus n’est possible que par la répétition, qui va permettre une amélioration de la précision spatiale et temporelle et une diminution de l’attention nécessaire à sa résolution. La résolution de n’importe quelle activité donnée implique un apprentissage, qui repose sur la mémoire procédurale. Son but est d’économiser les ressources cognitives et de permettre la réalisation simultanée d’autres tâches.
La mémoire procédurale est permise grâce aux propriétés malléables des circuits neuronaux dans différentes zones du cerveau. Pour les biologistes, la trace mnésique repose sur la neuro-plasticité qui permet des modifications à long terme des neurones au niveau de leur biochimie et de leurs aptitudes à faire des synapses. L'avènement de nouvelles techniques d’imagerie cérébrales, comme l’IRM fonctionnelle, permet d’examiner sur une longue période les corrélats neurobiologiques et l’apprentissage. L’étude de l’apprentissage de mouvements des doigts suggère que l’acquisition et l'utilisation d’une nouvelle tâche motrice se fait par une réorganisation significative de certaines zones (par exemple des lobes temporaux) se produisant en plusieurs étapes.
La mémoire procédurale est caractérisée par une grande résistance aux pathologies, c’est pourquoi son acquisition est de la plus grande importance, mais celle-ci est relativement longue (de quelques semaines à plusieurs mois voir plus). D’après l’étude et les résultats de Francis Eustache et Hélène Beaunieux, on démontre bien 3 phases essentielles dans l’acquisition de la mémoire procédurale. Pour la première fois, ils démontrent aussi l’implication de la mémoire sémantique et des fonctions exécutives lors de la 1ère phase d’apprentissage. D’après le modèle ACT-R (Adaptive Control of Thoughts) de John Robert Anderson (1999), les trois phases d’apprentissages sont les suivantes : cognitive, associative et autonomie.
La pratique peut déclencher des processus neuronaux évoluant plusieurs heures après la phase d’attention. Chaque expérience, même courte, peut entraîner des effets à long terme.
L’apprentissage procédural se déroule de la manière suivante :
- phase précoce d'amélioration rapide, avec une forte progression dans l’apprentissage (établissement d’un plan optimal d'exécution), qui demande de nombreuses ressources et s’appuie sur la mémoire déclarative ;
- phase tardive lente, de nouvelles acquisitions se mettent en place, l’apprentissage devient plus long, démarrage de la procéduralisation ;
- phase de consolidation (permise si aucune activité n’est réalisée), lors du sommeil par exemple ;
L'automatisation de l’activité s’organise, et permet d’utiliser de faibles ressources attentionnelles ;
- étape de maintien, où l'habileté peut être exécutée après une longue période de non utilisation ;
en cas de non répétitions sur une très longue durée, oubli progressif de l’apprentissage.
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