Cédric Villani lance une consultation publique sur l'intelligence artificielle
pour élaborer une stratégie française et européenne dans le domaine

Fin aout, le président français s’est adressé aux ambassadeurs, dans le cadre de leur conférence de rentrée annuelle. C’était l’occasion pour Emmanuel Macron de revenir sur les priorités de la France. Dans le domaine du numérique, le président français a défini l'IA comme une priorité et exprimé son ambition de concurrencer les géants américains qui ont déjà une bonne longueur d’avance. Il souhaite en effet que la France s’impose dans le domaine de l’IA, et pour y arriver, il estime que la France doit contribuer à définir les normes et la réglementation dans le domaine à l'échelle européenne. « Si nous voulons être les leaders — ce qui doit être fait — de l'intelligence artificielle, nous devons en définir les grandes règles », avait-il déclaré.

Suite à cela, en septembre dernier, le Premier ministre a chargé le député et mathématicien Cédric Villani d’une mission importante sur l’IA : proposer une stratégie visant à repositionner la France et l’Europe au premier plan de ces transformations et en saisir les opportunités. Pour mener à bien cette mission, Cédric Villani dispose de l'appui de Marc Schoenauer, directeur de recherche et expert de l’IA à l’INRIA, et du secrétariat général du Conseil national du numérique, entre autres.

« Notre mission consiste à décliner une vision française et européenne du développement de l’IA. Une vision qui capitalise sur nos atouts ; qui soit soutenable — du point de vue de l’écologie, de l’emploi jusqu’à la dignité de la personne humaine — et respectueuse du droit des individus », explique le député dans une tribune. « Il s’agit également d’éviter que le développement de l’IA s’accompagne d’un accroissement des inégalités et qu’il obère notre capacité à déterminer collectivement sa trajectoire. Il s’agit, enfin, de porter ces enjeux sur la place publique, de sensibiliser et de préparer l’opinion à ces transformations majeures », a-t-il déclaré.

Il s'agit donc, comme il l'indique, d'un programme vaste, mais le temps est limité. Le rapport final de la mission est en effet attendu pour fin janvier. « Depuis son lancement, notre mission suscite une véritable effervescence, qui témoigne de l’importance du sujet : chaque jour, nous recevons des dizaines de sollicitations, provenant d’experts du sujet, d’entreprises ou de simples citoyens. En deux mois, nous avons auditionné près de 250 personnes et le temps manque pour recueillir un maximum d’expertises et de visions du sujet », dit-il.

Cédric Villani a donc décidé de lancer une consultation pour permettre à tout le monde (ensemble des acteurs et des citoyens) de contribuer à l’élaboration de cette stratégie. La consultation se déroulera du 6 décembre au 6 janvier et elle est structurée en 7 sous-thèmes :

Construire une politique de données adaptée aux enjeux de l’IA. La donnée étant l’un des principaux « carburants » du développement de l’intelligence artificielle et un avantage compétitif certain dans la concurrence mondiale, y avoir accès, en masse suffisante, est un enjeu majeur pour la France et l’Europe. À ce titre, la mission s’intéresse aux moyens de favoriser une ouverture large et la constitution d’écosystèmes autour de la donnée tout en assurant de nouvelles protections pour les individus.

Un écosystème pour une recherche agile et diffusante. Les mesures préconisées par la mission devront remplir un double objectif. Elles doivent d'abord offrir un environnement de travail propice aux chercheurs en IA pour mettre fin à la fuite de cerveaux (vers l'étranger ou vers des acteurs privés dont les activités sont d’un intérêt social réduit) et attirer les chercheurs étrangers. Mais elles doivent également offrir aux entrepreneurs un écosystème plus favorable à la création d’entreprises.

Établir un cadre de confiance éthique et de confiance pour le développement de l’IA. Les enjeux de société posés par le développement de l’IA sont nombreux : comment favoriser la transparence et l’explicabilité de ces technologies ? Les algorithmes sont-ils les nouveaux décideurs ? Quelle complémentarité entre l’humain et la machine ? Faut-il (si oui, comment) repenser la responsabilité des acteurs privés et publics ? etc.

Anticiper et maîtriser les impacts de l’IA sur le travail et l’emploi. C'est probablement l'un des points les plus débattus en ce qui concerne le développement de l'IA, sachant que l’intelligence artificielle va transformer massivement les emplois.

L’IA au service d’une économie soutenable et écologique. Il y a déjà deux ans, l’association américaine des industriels du semi-conducteur prévoyait qu’en 2040, les besoins en calcul excéderaient la production énergétique mondiale. Il y a donc urgence à penser une IA plus écologique.

Impulser une dynamique forte et catalyser des opportunités sur des secteurs clés. La mission a choisi de se concentrer sur quelques secteurs clés qui constituent des niches économiques d’excellence et qui permettent de répondre à de grands défis collectifs : la santé, le transport, l’environnement et le secteur défense-sécurité

Mettre en place un terreau général favorable au développement de l’IA. Si certains secteurs clés doivent faire l’objet d’un effort particulier, il est également nécessaire de soutenir l’émergence de l’IA et ses applications tous domaines confondus. Des secteurs encore peu matures doivent par ailleurs être développés de façon active par la puissance publique dans la mesure où ceux-ci relèvent de l’intérêt général : la mission propose de se concentrer sur l’inclusion et l’éducation.

Les premières pistes de réflexion ont été publiées pour chaque sous-thème. Le public est donc invité à réagir sur celles-ci, pour aider à les nourrir, les préciser, les critiquer ou en proposer de nouvelles.

Source : Cédric Villani

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