Son idée a tout d’un montage financier un peu diabolique. Elle aurait été jugée «pas con» par le secrétaire général de l’Élysée, Alexis Kohler, pas insensible à l’idée de renverser l’image de président trop libéral qui colle à Emmanuel Macron. Vraisemblablement pas insensible non plus au fait que le projet de loi d’orientation des mobilités voté le 18 juin dernier et qui doit passer en commission mixte paritaire le 10 juillet, ne soit toujours pas financé. Concrètement, il manque 500 millions d’euros par an à l’État pour réaliser tous les engagements prévus dans ce texte.
Pour y remédier, Jean-Baptiste Djebbari propose de créer une société anonyme à capitaux 100 % publics, qui serait
chargée d’exploiter les autoroutes pour le compte de l’État à la fin des concessions en 2032 pour les premières puis en 2036 pour les autres comme ASF qui gère l’autoroute A20 et l’autoroute A9. Bien sûr, c’est loin...
Mais cette société supposée percevoir à terme les recettes des péages pourrait -puisqu’elle sera dotée de revenus futures- emprunter. «
On pourrait lever de la dette dès 2020» assure le député qui a fait ses comptes: avec deux milliards d’euros d’excédent brut d’exploitation, cette entreprise pourrait emprunter jusqu’à 600 millions d’euros par an. Le but? Financer des infrastructures de transports dont les territoires ont besoin. Ces fameux territoires avec lesquels là encore le président de la République connaît quelques frictions.
La société prêterait donc de l’argent aux régions qui, en retour, paieraient une location pour les concessions détenues par l’État. Elles pourraient lever un impôt supplémentaire (taxe sur les bureaux, écotaxe régionale…) si elles le souhaitaient pour financer de nouveaux projets. Une façon d’essayer de se rabibocher avec les élus régionaux dont les élections auront lieu en 2021.
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