"Chrome n'a aucun intérêt à chasser sur nos terres"
Mozilla revient également sur son indépendance financière face à Google
Dans cette partie de l'entretien exclusif que Mozilla a accordé à Développez, Tristan Nitot, son Président fondateur, continue de répondre à vos questions sur les liens complexes, mais pour lui très clairs, entre sa Fondation et Google. Le financement, ce que pourrait changer l'arrivée de Chrome, et la manière dont il envisage de ne pas devenir « une victime collatérale » dans la guerre entre IE et la navigateur de Google. Un danger bien réel.
Selon la Présidente, Mitchell Baker, la Fondation Mozilla a généré 79 millions de dollars de revenus, dont une très grande majorité vient de Google via le moteur de recherche par défaut de Firefox. Cela ne risque-t-il pas de devenir un problème stratégique maintenant que Google est aussi un concurrent ?
Tristan Nitot : Nous sommes une Fondation. Pas une entreprise. Tous nos revenus servent à trois choses : payer les salaires, payer les impôts et alimenter un fonds de réserve. Ce fonds nous permet aujourd'hui de voir venir et de trouver un autre partenaire en cas de besoin... Mais une fois de plus, pour moi, nous avons un bon deal carré avec Google. Ils nous versent des revenus. Ils ne nous disent pas ce que nous devons faire. Non, vraiment. Google est un très bon partenaire.
Mais un partenaire qui est devenu un concurrent... N'avez-vous pas l'impression que Chrome chasse sur vos terres avec l'arrivée des extensions, un point qui a fait le succès de Firefox ?
TN : Chrome n'a aucun intérêt à chasser sur nos terres. Si Google a lancé son navigateur, ce n'est pas contre Firefox mais contre Internet Explorer. Pour deux raisons. La première c'est qu'il n'est jamais bon de dépendre de son concurrent. Or tous les services de Google (Picassa, Maps, etc.) dépendent aujourd'hui du navigateur de Microsoft puisqu'il est ultra majoritaire. La deuxième, c'est le retard technologique d'Explorer, pas de Firefox, qui empêche l'arrivée de nouveaux services de Google comme Wave. C'est un fait : faire tourner Wave dans IE c'est tout simplement impossible.
Et la publicité massive dans le métro ?
TN : Ils ont dû dépenser une somme énorme. Mais c'est probablement un moyen efficace pour faire rentrer dans l'esprit du grand public que pour aller sur Internet il n'y a pas que le « Grand E Bleu » sur le bureau. Maintenant les gens savent qu'il y a aussi le jeu Simon des années 80. (Rires).
Si je suis le raisonnement, Firefox n'est pas la cible de Chrome. Mais il n'empêche que Chrome est surtout installé par ceux qui savent ce qu'est un « navigateur ». Autrement dit, avant tout les utilisateurs de Firefox : ne risque-t-il pas d'être une victime collatérale de l'affrontement entre Google et Microsoft ?
TN : On fera tout pour ne pas être une victime collatérale.
Comment allez-vous faire ?
TN : On va continuer à s'améliorer. Firefox 3.6 propose le changement de skin en un seul clic (Personas) par exemple. Autre exemple : nous allons intégrer la synchronisation des données (mots de passe, favoris, etc) pour qu'elles soient disponibles partout. C'est ce que nous avons appelé Weave. Nous allons isoler de plus en plus les différents processus pour rendre le navigateur plus stable et plus sûr. Et nous allons mettre de plus en plus notre identité et notre communauté en avant.
Comme avec Drumbeat ?
TN : Comme avec Drumbeat.
NDR : Vous pouvez retrouver la partie 1, la partie 2, la partie 3, la partie 4 la partie 5 et partie 6 de cette interview.
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