Envoyé par
r0d
Je pense que ça dépend de comment on s'y prend.
Comme je disais, le cynisme est un outil puissant, il permet de pousser beaucoup plus loin des raisonnements qui sont habituellement obstrués par les murs de la morale (d'une morale, car il n'y a pas une morale). Mais les murs de la morale ont une raison d'être, ils sont justement là parce qu'au-delà, ça devient dangereux, pour le dire ainsi.
Si on veut jouer avec le cynisme, il faut d'abord s'assurer de posséder une compréhension solide de cette morale, de ses murs, et de leurs raisons d'être. Certains cyniques ne sont pas détestés, du moins pas par le plus grand nombre. Pense à Desproges par exemple. Ou Vian. On peut s'attaquer aux murs de la morale tout en les respectant. Et cette remarque ne concerne pas uniquement le cynisme.
Étrangement, dans cette histoire (en dehors des conséquences dans ma sphère privée, que je n'aborderai pas en public), ce qui m'a le plus choqué c'est ceci: 128 morts c'est, à peu près, le nombre de morts par jour en Syrie depuis le début du conflit. Ce qui me choque c'est que du coup, je comprends, de façon brutale, ce que cela signifie: vivre dans un pays en guerre, c'est vivre un attentat du 13 novembre chaque jour. Quand on voit ce que cet attentat a produit* en terme de passions tristes (cf. Spinoza, c'est à dire tout ce qui est haine, rancœur, colère, désir de vengeance, etc.), je frémis en pensant à ce que produit une guerre sur les affects de la population qui la vit. Bien que pacifiste, je n'avais jamais pris conscience de ça et, d'un point de vue politique, c'est ce qui me touche le plus en ce moment.
* Y compris, et peut-être surtout, sur moi-même.
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