Depuis juin dernier, une information judiciaire pour viol a été ouverte à l'encontre du ministre de l'Intérieur. Dans des SMS révélés par Mediapart, Gérald Darmanin propose plusieurs fois à sa victime présumée de la revoir, ce qu'elle refuse. Dans un message, elle l'accuse aussi d'"abus de pouvoir".
Des révélations qui mettent en cause la version de Gérald Darmanin, dans l'enquête pour viol sur Sophie Patterson-Spatz, qui l'accuse de l'avoir forcée à un rapport sexuel lorsqu'elle lui avait demandé son aide dans un dossier judiciaire. Mediapart dévoile ce mardi 26 janvier des SMS où le ministre de l'Intérieur se montre insistant envers la victime présumée, ce qui contredit sa version des faits.
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Selon elle, il l'aurait poussée à un rapport sexuel auquel elle ne consentait pas, en échange de l'appuyer dans sa tentative de faire annuler une condamnation en se pourvoyant en cassation.
Gérald Darmanin lui aurait promis de "l'aider", et même, lui présenter Nicolas Sarkozy, et obtenir un courrier en sa faveur de la garde des Sceaux de l’époque, Michèle Alliot-Marie. "Vous aussi, il va falloir m’aider", aurait-il dit à Sophie Patterson-Patz. Après un dîner, il l'aurait emmenée dans un club échangiste, puis à l'hôtel, où il l'aurait violée.
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Le ministre est "à l'initiative de la plupart des échanges" note le site d'investigation : "Dans 36 messages, il la sollicite ou la relance pour la voir, et dans quatre pour lui parler au téléphone." De son côté, la plaignante lui demande plusieurs fois de ne plus la contacter, et lui reproche un "abus de pouvoir".
Mediapart retranscrit notamment ces deux échanges :
"Le 27 octobre 2009, à 21 h 49, il écrit :
– 'Libre pour prendre un verre? Gérald'.
– 'Ne me contactez plus !!!!', répond-elle.
– 'Si tu veux, meme si jaurais aime prendre un dernier verre'. 'Jaimerai que tu me rappelles sil te plais... Gérald'.
Quelques jours plus tard, le 4 novembre, à minuit, il lui écrit à nouveau :
– 'Bonne nuit a toi. Gérald'.
– 'Oublie mon numero !!!!!!', rétorque-t-elle.
– 'Ok mais prenons un dernier verre'."
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Gérald Darmanin sollicite encore Sophie Patterson-Spatz plusieurs fois durant les mois de novembre et décembre 2009. Dans la nuit du 16 au 17 décembre, elle lui répond : "Abuser de sa position ! Pour ma par cet être un salle con !!!! Surtout quand on et dans la peine , la politique te correspond bien !!!", "Quand ont sait l, effort qu, il ma fallu pour baiser avec toi !!!! Pour t, occuper de mon dossier".
Gérald Darmanin abonde : "Tu as raison je suis sans doute un sale con. Comment me faire pardonner ?".
Le jeune élu UMP ne contacte la garde des Sceaux qu'en novembre 2009, soit huit mois après sa rencontre avec Sophie Patterson-Spatz, pointe Mediapart. Le 30 mars 2010, Mme Alliot-Marie l'informe, par courrier, qu'elle ne peut intervenir dans cette affaire.
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Le premier volet de l'affaire avait été classé sans suite par le parquet de Paris, faute de preuves suffisantes pour établir "l'absence de consentement de la plaignante" la nuit du 17 mars 2009. Elle a été rouverte en juin 2020.
Face au juge d'instruction, en décembre, le ministre a assuré qu'il avait sur-estimé sa capacité d'influence, et "réfute" les accusations d'abus de pouvoir formulées par Sophie Patterson-Spatz. "Il n’y avait aucune contrepartie dans cette relation sexuelle", a-t-il affirmé.
Accusé d'abus de pouvoir par une autre femme
Gérald Darmanin avait été visé par une autre enquête, pour "abus de faiblesse" et "trafic d'influence", en février 2018. Une habitante de Tourcoing l'avait accusé de lui avoir demandé un rapport sexuel en échange de l'aider à trouver un logement social, lorsqu'il était maire de la ville, en 2016.
L'enquête avait été classée sans suite trois mois plus tard. Gérald Darmanin avait reconnu qu'il y avait eu rapport sexuel, et qu'il avait envoyé des lettres en sa faveur. Le ministre avait à nouveau affirmé n'avoir "jamais abusé de la faiblesse ou de l’intégrité de quiconque".
En juillet dernier, la nomination de Gérald Darmanin au poste de ministre de l'Intérieur avait soulevé une vague d'indignation, et des rassemblements de protestation avaient eu lieu. Emmanuel Macron avait défendu son choix, invoquant leur "relation de confiance, d'homme à homme". Un argument, là aussi, critiqué en masse par les milieux féministes.
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