Comme dans toute la Chrétienté, et conformément au magistère catholique, la société est envisagée comme un tout organique où
chacune des parties vit en symbiose avec les autres. Sous l'Ancien Régime, la société est distinguée en trois ordres qui correspondent à trois fonctions.
Chacun des trois ordres définis depuis le Moyen Âge doit être complémentaire des deux autres : les moines prient pour le salut des laïcs ; les chevaliers mettent leurs armes au service de
l'Église et protègent les faibles ; enfin, les paysans cultivent la terre pour nourrir les deux premiers ordres. Les fonctions sont hiérarchisées en dignité, autrement dit la logique spirituelle du premier ordre prévaut sur celle politique du second, qui elle-même prévaut sur toutes les considérations économiques.
La société d'Ancien Régime est donc le contraire d'une société matérialiste où l'économie impose sa logique à toute la société. À l'intérieur de chacun des ordres, cette hiérarchie se décline pour ordonner toutes les fonctions sociales. Ainsi, dans l'ordre économique,
le secteur primaire est considéré le plus digne (agriculture, mine, pêche, forêts), suivi de l'artisanat puis du commerce et du négoce qui sont juste au-dessus des métiers les plus vils : l'usure (banque) et la prostitution. En effet, la conduite noble est celle qui se sacrifie pour l'honneur (pour l'intérêt général), tandis que l'activité économique cherche un gain, un profit, qui est plus grand chez le commerçant que chez l'agriculteur, chez l'usurier que chez le commerçant.
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