Non, Stendhal n'a pas forcé sur le LSD ni sur le vin de messe. Il a utilisé la logique paradoxale. Employée tant et plus par les tenants d'une religion. Qui veulent que la création soit comme son créateur : parfaite. Or la Nature "bricole" comme le démontre Stephen Jay-Gould dans "Le pouce du panda" et, dans le cas du christianisme, que ce dieu soit "bon". Déjà rien que pour avoir inventé les moustiques et les serpents à sonnettes, ça ruine la dernière hypothèse.
Et puis qu'est-ce que ce dieu si l'on exclue une formation psychopathologique ?
Me promenant un soir d'été dans la ville de Narbonne, je rencontre deux garçons vingtenaires, mormons, qui ont envie de discuter avec moi et me pose la traditionnelle question : "Croyez-vous en Dieu ?". Question à laquelle il ne faut pas répondre "Lequel ? Car il y en a tellement...." ni même "Il me faut des raisons, pas des croyances" en citant le philosophe moustachu car cela aurait fait de la peine à ces braves gens. Inspiré par le lieu remontant à l'époque grecque et romaine, je jouais au petit Socrate en utilisant la méthode de ce premier philosophe. Donc je leur déclarais "Avant que je puisse vous répondre il me faudrait une définition de ce concept/vocable : Dieu". Ces braves mormons étaient perturbés, ils avaient l'habitude d'une réponse booléenne et, dans le cas d'une affirmation allaient se chamailler avec leur interlocuteur sur le best God on the world. Je leur tendis une perche : "On peut considérer que Dieu est le principe créateur de l'Univers. La question est donc : y a-t-il un principe créateur de l'Univers ? La réponse est oui avec l'astrophysique moderne, c'est ce qu'on appelle le Big Bang. Que vous l'appeliez Dieu et moi Big Bang n'est alors qu'une question de mots et nous n'allons pas nous chamailler sur le vocabulaire". Mes deux mormons me suivaient prudemment. Je développais : "Dans la terminologie de l'Ancien testament c'est ce qu'on appelle le Dieu Alpha, celui du Commencement". Un peu rassurés par mes propos, mais je continuais : "Mais là où ça ne va plus c'est que ce Dieu Alpha, créateur de milliards de galaxies contenant chacune des milliards de systèmes solaires se préoccupe tant des habitudes alimentaires et sexuelles de cette toute petite planète qu'est la Terre et ce sur des régions bien précises de celle-ci. Et là, ça ne tient plus dans la plus élémentaire logique. Donc le Dieu Oméga, celui des fins dernières, toujours dans l'Ancien Testament, n'est pas viable". "La seule solution", leur dis-je, "c'est qu'il n'y a qu'un Dieu Alpha, qui a donc créé l'Univers, et qu'il s'en est immédiatement désintéressé de la même façon que nous nous désintéressons d'un pet une fois que celui-ci ait été émis. Nous vivons donc sur le pet de Dieu, ce qui explique, entre autre, qu'il soit en expansion permanente et qu'il se contrefiche de ce que nous pouvons faire sur cette infime petite planète". Je les ai devinés perturbés et pas contents de mon impitoyable logique...
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