L’accord de groupe, ce discret bénéficiaire de la loi
Il fallait creuser jusqu’à l’article 23 de la loi Travail pour entrevoir l’un des cadeaux faits par le gouvernement aux entreprises mondialisées. Selon cet article, l’accord de groupe peut se substituer aux accords d’entreprise. Autrement dit, un accord négocié dans une entité du groupe LVMH, pour prendre un exemple au hasard, peut très bien « tomber » dès lors que le groupe décide de négocier à la place de ses entreprises.
Le système est mystérieux pour le commun des mortels, mais très pratique d’usage dans les groupes mondialisés. Il permet de contourner une opposition syndicale locale, tout en cantonnant les irréductibles à une structure juridique à part. Jusqu’à l’introduction de ce dispositif, les groupes étaient obligés de faire masse de leurs entreprises s’ils voulaient négocier un accord unique, puisque la loi prévoyait que seul l’employeur pouvait négocier l’accord.
Autrement dit… la loi El-Khomri, contrairement aux idées reçues, n’a pas consacré l’accord d’entreprise. Dans le cas des accords de groupe, elle l’a même désolidarisé de l’employeur. En revanche, elle a immensément facilité la tâche de toutes les directeurs de relations sociales des grandes entreprises qui faisaient le siège du gouvernement depuis plusieurs mois pour obtenir ce cadeau.
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