En fait, tu ne crois pas si bien dire, c'est précisément cela en fait. C'est le déclassement de la classe ouvrière blanche, qui a été plus brutal et plus rapide aux USA qu'en France. Et ce n'est pas une hantise, ce n'est pas une peur, c'est un fait avéré. Nous, nous faisons partie de la classe "privilégiée", ce qui reste encore de la classe moyenne : urbains, diplômés, insérés dans le marché du travail à temps plein, sans risque de chômage, sans risque de déclassement même s'il est bien plus difficile pour notre génération de fonder une famille que pour nos parents. Les hommes blancs non diplômés eux sont foutus et commencent peu à peu à réclamer les mêmes "privilèges" que les minorités (affirmative action, représentation politique, identitarisme qui est le symétrique des political identities, etc.).
Rajoute à ce tableau :
1/ La démonisation de la virilité depuis le tournant culturel des années 60, qui va de pair avec la perte de la valeur travail et la remise en cause complète de la place de l'homme dans la société (dont le travail était le garant de la stabilité du foyer),
2/ L'immense majorité des femmes est naturellement hypergame (choix d'un conjoint dont le niveau social est plus élevé que le sien), or les femmes sont de plus en plus bien plus massivement éduquées que les hommes (ce qui augmente par effet de bord la pression sociale sur les femmes diplômées),
Et tu comprends à quel point la "white working class" que les américains des métropoles font mine de découvrir après la victoire de Trump est niquée. La compétition sexuelle est devenue bien plus âpre et il y a un côté "winner takes all". La situation est moins marquée en France, mais c'est le même phénomène en bien pire dans les sociétés arabes en crise économique (Algérie, Egypte), comme décrit par Kamel Daoud :
https://www.nytimes.com/2016/02/14/o...nde-arabe.html
Nous, nous sommes les mâles alpha et bêta et bien que massivement dévirilisés, nous sommes les vainqueurs de la compétition sociale. Et nous sommes d'autant plus prêts à laisser une part du gâteau aux "minorités" que nous avons quelque chose à partager.
Pour la guerre des sexes, tu devrais t'intéresser au néo-féminisme contemporain inspiré de Butler et à leur pendant symétrique la communauté "red pill"/men going their own way/sexodus. Il y a beaucoup de nihilisme dans chacun de ces mouvements, mais c'est important d'en comprendre les fondements anthropologiques et la sociologie de ces mouvements sans juger a priori.
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