Bonsoir.
Je ne serais pas franchement contre cette analyse, à deux détails près.
La Guerre civile espagnole n’a effectivement pas voix au chapitre sur la question débattue. Pour ce qu’il en est de l’intégration, alors là, c’est à ceux-là mêmes qui sont concernés que l’on pourrait demander leur avis. Quand on s’y risque, on a la réponse.
Quel serait ce prétendu « échec » de notre « politique républicaine d’intégration » ? Quelle politique ? Elle n’a pas échoué : elle n’a tout simplement jamais existé pour certaines populations. Celles originaires du monde arabe - c’est évident - et même pour les Noirs, y compris ceux nés Français - aux Antilles, par exemple. Confer la phrase de Lilian Thuram, dans son «
Manifeste pour l’égalité » : « C’est en arrivant dans la région parisienne que je suis devenu noir » (p. 23). En lisant ça, j’ai sursauté. Il a bit écrit « devenu ». Eux, savent ce qu’est la ségrégation raciale.
Les « minorités visibles » ? Ce sont des minorités pas si minoritaires, mais rigoureusement invisibles partout ailleurs que dans la rue. Même les Italiens - dont je descends par ma mère, et dont traitent très bien
Cavanna ou
Noiriel - n’ont pas été relégués à un tel point sur la durée. La brutalité, oui. La durée, non.
Gilles Kepel analysait déjà en 87 le germe de ce qui nous retombe dessus aujourd’hui.
On n’a tout de même pas construit
La Paillade pour intégrer les gens. La photo de 1968 est particulièrement éloquente : on est très loin de Montpellier ; on roulait sous les platanes de la nationale 109 avant de passer à côté. Dedans, jamais. Intégrer ? Intégrer qui ? Alors, à défaut de se voir devenir « des nôtres », puisque nous le leur refusions, ils se sont construit leur entre soi.
Les dirigeants de Daesh - il n’y a pas qu’eux - exploitent sciemment un ressentiment - légitime - pour nous dresser les uns contre les autres. Cette rancune a pour point de fixation une crispation identitaire à assignation ethnique et religieuse. C’est exactement ce à quoi il ne faut pas céder. Autrement, nous n’allons pas vers un Mai 68, mais bien plus grave : le soulèvement d’une colère de désespoir, avec des marqueurs ethniques et religieux, sur fond de révolte sociale. Le pire des cauchemars.
Des personnalités comme Gisèle Halimi, ou Elisabeth Badinter se sont fait injurier - jusque dans la presse d’extrême gauche - pour avoir dénoncé, à gauche, la montée de ce communautarisme. L’extrême droite en fait ses choux gras. Elle et Daesh sont décidément les meilleurs ennemis. Ils se servent la soupe, et nous la prenons dans la figure.
Les attentats provoqueront peut-être une prise de conscience ? Dire qu’il aura fallu en arriver là !
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