Je suis un de ces dirigeants qui ne privilégie pas le télétravail. Et oui, notre groupe a du mal à recruter, nous sommes obligés de nous passer de candidats qui arrivent avec cette condition de télétravail avant même de connaître les enjeux du poste proposé.
Nous en assumons toutes les conséquences en passant plus de temps à réaliser une sélection plus exigeante des profils.
Les vrais talents d'un candidat sont :
- Avoir des compétences techniques qui répondent à nos besoins
- Le savoir-être, donc d'être en capacité d'avoir une discussion franche, posée, détendue et argumentée sur le télétravail
- Accepter les arguments et les objectifs de la direction en la matière, c'est à dire que le télétravail n'est pas fixé à l'avance mais qu'il peut être adapté au contexte, ponctuellement, pour répondre à une contrainte
Dès aujourd'hui, nous considérons que le vrai talent d'un candidat est sa compréhension des enjeux et des objectifs stratégiques de notre organisation. Nous pouvons lui proposer de participer pleinement à ces adaptations stratégiques et il doit s'inscrire dans ce schéma. Si sa seule revendication est le télétravail, une condition non-négociable, le candidat ne s'adaptera pas aux évolutions à venir du groupe.
Vu de ma fenêtre, je vois un certain nombre de contraintes liés au télétravail, propres au développement d'une société :
- La vision / la compréhension et l'appréhension d'un travail transverse : un métier technique (Admin Sys, Architecte, Développeur, etc.) nécessite, certes, une capacité technique avérée. Mais vous ne pouvez répondre correctement à une demande si vous ne saisissez pas l'entièreté du problème. Vous n'avez aucune plu value si vous exécutez (pardonnez l'expression provocatrice) bêtement un geste technique afin de répondre à un incident ponctuel ou une demande exceptionnelle.
- L'engagement du collaborateur dans la vie de la société / du groupe : quoi que vous puissiez en dire, une boite, ça vit! Votre collègue, direct ou indirect, du même service ou d'un autre, qui a une mauvaise passe (sans gravité), en présentiel vous avez plutôt tendance à vouloir l'aider afin que sa charge mentale qui l'accapare soit plus facile à supporter. En télétravail, comment le percevoir si ce même collègue ne vous le dit pas. C'est la sensibilité individuelle, l'empathie, qui doit nous permettre de détecter de tels signaux faibles.
- L'échange spontané au détour d'un blague bien placée, d'un café ou d'une clope pour ceux qui fument. Personnellement, cela n'engage que moi ce commentaire, le télétravail permet peut-être de le faire en lançant un meeting spontané; mais tout cela me paraît bien artificiel.
Si votre priorité et vos arguments sont l'équilibre vie perso / vie pro, la soi distante productivité augmentée, vous ne faites qu'évoquer des exigences personnelles qui n'ont aucune implication dans la vie de la société pour laquelle vous travaillez et pour laquelle elle vous verse un salaire en conséquence de vos choix.
Ces candidats, ces postulants, mon groupe n'en veut pas. Nous cherchons des vrais talents qui ont une volonté orientée de s'impliquer dans la vie de la société, qui ne se limite pas seulement à son petit espace de vie et de confort, mais qui pense aux conséquences de son travail sur les collègues qui ne sont pas dans le même service et qui dépendent de son travail.
On est bien loin des arguments de "flicage", de mesure de performance ou tout autre argument qui sous-entendrait un management vertical des ressources.
Partager