Voitures autonomes : pourquoi la révolution annoncée se fait toujours attendre ?
Uber et Waymo se seraient-elles ravisées ?
Annoncé comme l’une des prouesses technologiques de ces dernières années, la révolution des voitures autonomes prévue pour janvier 2021 n’aura pas tenu sa promesse. Pour rappel, les voitures autonomes sont des véhicules utilisant un système de conduite entièrement automatisé pouvant répondre aux exigences qu'un conducteur humain pourrait gérer. Le concept a fait couler beaucoup d’encre et de salives ces dernières années. Toutefois, au regard des dernières avancées dans ce secteur, l’on serait tenté de dire que peu de gens croient encore à ce projet.
En effet, Uber, leader mondial de la réservation de voitures de tourisme avec chauffeur, aurait choisi de reculer face à ses projets de voitures autonomes. L’entreprise a annoncé dans un communiqué diffusé lundi 7 décembre, avoir vendu sa division de conduite autonome, ATG, à Aurora une start-up soutenue par Amazon et Hyundai. Le montant de la transaction n’a pas été précisé. Selon les termes de l’accord, les deux entreprises resteront liées : Uber investira 400 millions de dollars (environ 330 millions d’euros) dans Aurora et en détiendra 26 %, tandis que son directeur général, Dara Khosrowshahi, rejoindra le conseil d’administration de la start-up.
Selon Dara Khosrowshahi, Directeur général d’Uber, la décision de vendre ATG ne signifie pas que la société ne croit plus aux véhicules à conduite autonome. « Peu de technologies sont autant prometteuses dans l’amélioration de notre quotidien, accessibles et respectueux de l’environnement en ce qui concerne le transport », a déclaré Khosrowshahi. Comme Dara Khosrowshahi, les personnes qui nourrissent le rêve de véhicules autonomes estiment que la conduite autonome regorge de nombreux avantages.
Un de ces avantages potentiels est qu'ils pourraient offrir une sécurité accrue sur la route. L’erreur humaine étant responsable de plus de 90 % des accidents de la route, les véhicules automatisés pourraient potentiellement diminuer le nombre de victimes, car le logiciel utilisé dans ces véhicules est susceptible de faire moins d'erreurs que les humains. Une diminution du nombre d'accidents pourrait également réduire les embouteillages, ce qui constitue un autre avantage potentiel des véhicules autonomes.
Un autre avantage possible de la conduite autonome est que les personnes qui ne sont pas en mesure de conduire en raison de facteurs tels que l'âge et le handicap pourraient utiliser des voitures automatisées comme systèmes de transport personnels. Les autres avantages d'une voiture autonome étant l'élimination de la fatigue au volant et la possibilité de dormir pendant les trajets de nuit.
Aujourd’hui, les voitures autonomes deviennent une réalité après un effort constant de recherche et de développement menés depuis un certains nombres d’années. Cependant, la conception d'un système totalement autonome pour les voitures sans conducteur pose de nombreux défis. Parmi lesquels :
- les conditions routières : les conditions routières peuvent être très imprévisibles et varier d'un endroit à l'autre. Dans certains cas, il existe des routes larges, lisses et marquées. Dans d'autres cas, les conditions routières sont très détériorées. Les voies ne sont pas définies, des routes montagneuses et des tunnels où les signaux extérieurs de direction ne sont pas très clairs ;
- les conditions météorologiques : les conditions météorologiques jouent un autre rôle important. Il peut s'agir d'un temps ensoleillé et clair ou d'un temps pluvieux et orageux. Les voitures autonomes devraient fonctionner dans toutes sortes de conditions météorologiques ;
- la responsabilité en cas d'accident : l'aspect le plus important des voitures autonomes est la responsabilité en cas d'accident. Qui sera responsable d’un accident causé par une voiture autonome ?
Face à ces défis qui semble prendre le pas sur les rêves de voitures autonomes, un certain nombre de personnes tendent à se raviser. Le professeur Nick Reed, un consultant en transport qui a mené des essais d'auto-conduite au Royaume-Uni, déclare : « Les perspectives ont changé depuis 2015, date à laquelle l'engouement était probablement à son comble. La réalité fait face aux défis et a la complexité ». Selon M. Reed, la conduite automatisée pourrait encore se faire dans les cinq prochaines années sur des autoroutes dont les voies sont clairement indiquées, limitées aux véhicules allant tous dans la même direction. L'utilisation généralisée dans les villes reste un peu plus incertaine, dit-il : « Mais les avantages restent réels ».
Waymo, le projet de voiture sans conducteur de Google qui a longtemps entretenu le rêve de voitures autonomes est une autre illustration de promesses manquées pour 2021. Après avoir impressionné le monde entier avec des images de voitures qui se conduisent seules, la suite du projet n’aurait fini que par accoucher d’une souris. En octobre dernier, Waymo a annoncé que le public pouvait désormais profiter des taxis entièrement sans conducteur. La portée étant limitée à la banlieue de Phoenix, en Arizona, dont chaque centimètre du trajet a été préalablement scanné par les ordinateurs de Waymo.
Le lancement d'un service de taxi autonome par Ford a également été reporté d'au moins un an à 2022 en raison de la pandémie. « Globalement, la Covid-19 a retardé les essais et les lancements de véhicules connectés et autonomes », a expliqué Mike Hawes, directeur général de la Society of Motor Manufacturers and Traders. Alexandra Smyth, qui dirige les systèmes autonomes à la Royal Academy of Engineering, a déclaré : « Il y a eu beaucoup de progrès et de développements intéressants. Avec des règlements et des codes de pratique, tous ces composants importants qu’on trouve à côté de la technologie elle-même. Mais en réalité, il y aura toujours des erreurs et des choses qui ne fonctionneront pas comme nous l'espérions. La non acceptation par le grand public reste un obstacle majeur ».
Les craintes ont été alimentées après que la voiture autome d'Uber ait tué un piéton en Arizona au États-Unis en 2018. Malgré les prises de positions favorables d'Elon Musk, Président-directeur général (PDG) de la société SpaceX et directeur général de la société Tesla, et les rumeurs selon lesquelles Apple serait en train de développer un véhicule autonome, il serait difficile de voir les gouvernements adopter des lois en faveur des véhicule autonomes. Selon Christian Wolmar, l'auteur de Driverless Cars : On a Road to Now here ? Les gens ne sont pas prêts à faire confiance aux programmes conduisant les véhicules autonomes - ce n'est tout simplement pas un concept viable. « Je pense que de plus en plus de personnes sont sceptiques quant à l’idée selon laquelle nous serons bientôt tous dans des robot-cars ».
Et vous ?
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