Deuxièmement, dans son livre Le suicide français, Eric Zemmour affirmait que Pétain avait sauvé les Juifs français. Remarquons tout d’abord que l’UEJF, qui faisait déjà du confusionnisme en étendant la loi contre le négationnisme à toute forme de débat historique, en remet une couche puisqu’il semble qu’elle reproche dans sa plainte au journaliste d’avoir « réaffirmé sa théorie selon laquelle Pétain aurait sauvé les Juifs de France ». Or ce n’est pas ce qu’affirme Eric Zemmour et j’ai noté dans le débat sur CNews que celui-ci a tout de suite précisé «
les Juifs français », et non les Juifs étrangers qui étaient alors en France. On peut être choqué par l’affirmation de cette différence, mais c’était la décision du Vichy de 1940, pas celle des commentateurs et historiens de 2020. Dans son livre, Zemmour résume mon propre ouvrage Vichy et la Shoah sur deux pages et dès la première présentation de son livre, dans l’émission On n’est pas couché le journaliste s’était « défendu » face aux attaques de la journaliste Léa Salamé en se plaçant sous mon « autorité » d’historien qui, par ailleurs, a travaillé avec Yad Vashem depuis 1987, et avec la Marche des Vivants depuis 1990 (et même avec l’UEJF jusqu’à la parution de mon livre). Si affirmer que le gouvernement de Vichy (c’est plus exact que Pétain) a protégé les Juifs citoyens français, en en sauvant ainsi un grand nombre, est une affirmation négationniste, je demande donc à l’UEJF de bien vouloir également me traîner devant les tribunaux, ainsi que d’autres historiens français actuels, comme le professeur Antoine Prost ou le professeur Jean-Jacques Berlière, et que l’UEJF demande également que l’on brûle les ouvrages de Léon Poliakov, qui affirmait la même chose dans le Bréviaire de la haine dès 1951, ou encore ceux de l’historien américain Raul Hillberg, qui écrivait la même chose dès le début des années soixante. Si l’UEJF agit comme l’inquisition, qu’elle le fasse jusqu’au bout. Au nom de la défense du libre débat sur la vérité historique, il faut dénoncer la démarche de l’UEJF.
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