En fait, à mon avis, le seul "avantage" du stalinisme est d'avoir fait passer la Russie du stade Moyen-Age au stade industriel presque équivalent occident en 30 ans... Non négligeable, mais peut-être aurait-on pu s'y prendre d'une autre manière..
Parallèllement, Mao a fait passer son pays d'un pays d'affamés et de guerres incessantes à un pays où chacun avait un bol de riz par jour et plus de guerres.. Mais là aussi avec un prix humain extrêmement élevé...
Dans les 2 cas la "motivation" n'a certainement pas été ni éthique ni morale (au vrai sens)..
Quant à la morale capitaliste, je pense qu'il y en a quand même eu une, jusque vers les années 70... Les grands patrons traités de "paternalistes", de Michelin à Trigano à Lip à tout un tas d'autres, avaient à coeur d'avoir des salariés "heureux", sinon ils n'auraient pas construits les cités, banlieues, villes, piscines, écoles, etc etc qui portent leurs noms... Ils cohabitaient avec d'autres cyniques, mais cependant cette portion n'était pas négligeable... (par exemple Familistère de Guise (Wiki))
J'en vois au moins un autre: il nous a donné un bon exemple de ce qu'il ne faut pas faire (parti unique, centralisation, surveillance généralisée, contrôle de tous par tous, etc.). Mais encore fois, et tu as parfaitement raison, c'est trop cher payé. D'autant plus que la leçon n'a pas été bien comprise.
Je suis d'accord, et c'est ce que j'appelle le "courant fouriériste" dans mon gros pavé.
Ce que j'appelle "l'oblitération de la morale", qui était un des piliers de la philosophie libérale des lumières, a commencé très tôt, avec Ricardo, mais n'est devenu majoritaire que dans le milieu du XXème siècle dans les pays anglo-saxons, et un peu plus tard dans le reste du monde. La traduction actuelle de cette idée est le fameux "les affaires sont les affaires" (business is business: il n'est pas question de mêler la morale à tout ça). La victoire de cette conception économique s'est faite, selon moi, sur deux fronts.
Le premier, le front idéologique, avec Rand d'abord, puis Hayeck en Hongrie et les Friedman (père et fils) aux USA. La première, philosophe, s'est servie de l'URSS stalinienne comme un épouvantail pour faire passer l'idée que, je cite, à propos de l'altruisme et la solidarité: "Dire que je n’aime pas est un euphémisme. Je considère que c’est le diable.". Il faut comprendre que, selon une sérieuse étude de la Bibliothèque du Congrès, "Rand a le plus influencé les Américains, après la Bible". Friedman était un économiste milliardaire, enseignant à la prestigieuse école de Chicago. Lorsque les USA ont viré Allende au Chili et qu'ils ont mit Pinochet à la place, il ont donné les manettes de l'économie du Chili à Friedman, dans le but de faire de ce pays un "laboratoire du libéralisme" (je cite N. Chomsky dans Understanding Power, qui cite des documents déclassifiés de la CIA sous Kissinger).
Le second fut le front politique, avec l'arrivée au pouvoir de Thatcher et de Reagan. C'était à peu près à la même époque où Friedman commençait ses expériences au Chili. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si Thatcher était une grande amie et admiratrice de Pinochet (je vous rappelle au cas où que Pinochet c'est un des dictateurs les plus violents que l'Amérique du Sud a connu, ce qui n'est pas rien parce que la barre est placée très haut).
On voit bien que, dans cette nouvelle version du libéralisme - et qu'on appelle néolibéralisme -, la morale a été évacuée (on parle d'amoralité), et que la notion de liberté prend un sens tout particulier, puisque les libéraux peuvent soutenir des dictatures au nom de la liberté d'entreprendre.
Et ça rejoint une discussion très intéressante que j'ai eu récemment avec un ami qui se revendique du gaullisme, conservateur de droite, où il m'expliquait, en gros que, selon lui:
-> le socialisme c'est "on distribue les richesses d'abord, et on s'occupe de savoir comme on les produit ensuite".
-> le capitalisme c'est "on produit les richesses d'abord, et on s'occupe de les distribuer ensuite".
"C'est du bon sens", lui ais-je dit. Le problème c'est que les néolibéraux ont habilement oublié la deuxième partie de l'algorithme. Et c'est en lien avec le libéralisme sous Pinochet: ce néolibéralisme est une gigantesque arnaque.
Ah, mais je n'ai pas dit que c'était parfait. J'ai même parlé d' "évidents défauts". Simplement, C'est vraiment parti en couille quand plus personne n'a eu envie de se bouger les fesses.
Et actuellement, dans le monde du travail, je trouve que les gens ont de plus en plus de mal à se motiver. Pourtant nôtre système économique n'a rien de stalinien(Dieu merci). Et il y a encore des gens compétents qui se bougent les fesses pour que ça continue à avancer. Il y en a des millions. Mais pour combien de temps? Ils se font systématiquement dégommer. Les promotions leur passent sous le nez. On les traite de losers. Ce sont les premiers à dégager en cas de gros temps. Les derniers à bénéficier d'avantages en cas de beau temps. Il ont, quand même, une conscience professionelle qui permet à l'ensemble de continuer à survivre. Mais pour combien de temps?
Tant que leurs chefs avaient appris à avoir une morale - ou à feindre d'en avoir une - ils avaient toutes les raisons du monde de mettre le paquet quand il le fallait. Maintenant que leurs chefs apprennent à l'école à se comporter comme des trouducs(relire les posts de R0d et de Souviron34 à ce sujet), ils n'en ont plus aucune. Si ce n'est l'inertie.
Je pense qu'il devrait surtout être le fruit du partage.L'argent doit être le fruit du travail, point barre.
L'argent, comme tu l'appelles était un métal qui servait aux échanges au même titre que l'or.
D'un point de vue géologique, il y a environ 15 fois plus d'argent dans le sol que d'or. C'est la raison pour laquelle, sous Napoléon et jusqu'à la fin de la première guerre mondiale je crois, quatre pièces de cinq francs argent valaient autant qu'une pièce de 20Francs or et l'expression valoir son pesant d'or vient de là. A la base, l'économie c'est du troc, rien d'autre.
Dans ce que tu dis, l'argent doit être le fruit du travail, ça sous-entend que c'est le travail qui créé la richesse alors que dans les faits se sont les fruits des échanges qui permettent de jouir des richesses. D'où l'idée de partage.
Et aujourd'hui, on a poussé le système au bout de ses limites, c'est-à-dire qu'on a créé l'argent avant que les biens n'existent en se disant que pour qu'ils se vendent l’idée serait qu'ils prennent de la valeur. Peu importe qu'il y ait un besoin où non. Donc pour ceux qui ont captés le truc ça fait en Espagne environ 4 millions de logements vides et donc 400 milliards qui sont en attente de nous péter à la gueule. Mais les Chinois ne sont pas en reste non plus.
Il n'existe pas un système de Ponzi qui n'ait pas fini par s'écrouler et là je pense que le système ne tiens que parce qu’il y a de l'austérité. Mais souvenez-vous, la compagnie des Indes, au final John Law exposait toujours plus d'esclave aux yeux du public mais quand la confiance n'est plus là, et bien tout s'écroule. Et celui qui se fait avoir, c'est toujours le petit contribuable qui paye une première fois parce qu'il a tout perdu dans ses placements et qui paye une deuxième fois parce qu'il faut payer les pots cassés.
C'est également mon analyse de la crise actuelle.
On se cache derrière des explications sur l'injustice, le libéralisme, la mort de Dieu ou la finance, qu'on fait semblant de croire nouvelles, on replace tout cela dans de grandes perspectives historiques (à ce sujet, les anglais disent "hindsight is 20/20" : on peut toujours reconstruire une explication plausible de n'importe quel phénomène historique, réel ou supposé), pour ne pas avoir à admettre qu'à force de privilégier les fonctions non productives, on a créé à la fois une bureaucratie (publique ou privée) qui coûte de plus en plus cher (parce qu'elle est de plus en plus nombreuse, et de mieux en mieux payée), et une production qui ne cesse de se réduire et de baisser en gamme. Ca se voit pas mal dans la panacée du moment: le mot "innovation", une sorte de conviction qu'ont nos amis improductifs, tranquilles dans leurs bureaux d'études, leurs cabinets de conseils, et leurs labos qu'ils sont la solution, et pas le problème...
Le problème, je crois, c'est que le système tout entier décourage l'activité productive. Ca se voit pas mal dans le secteur artistique, aussi, où il est nettement plus efficace de courir les subventions, quitte à ne pas faire grand chose, que d'essayer de bosser régulièrement. Ca se voit dans nos métiers, où pour progresser il ne faut pas rester développeur, et où la mentalité dominante considère que la valeur vient du service, et pas du code. Ca s'observe aussi de manière assez spectaculaire dans les professions médicales, où la génération qui approche de la retraite lève le pied (trop taxée, pas motivée), et celle qui la suit se reconvertit vers des postes moins exposés, avec des horaires plus stables, moins d'engagement, etc. Le résultat étant les délais d'attente de plus en plus longs, les généralistes de plus en plus durs à trouver, et la fermeture quasi totale de la médecine privée en été...
Et notre brave Montebourg, toujours dans la fulgurance, choisit ce moment pour dénoncer ces "salauds de rentiers". C'est sur que cela va motiver les suivants.
Bref, tant qu'il sera plus rentable, et plus valorisé socialement, de rester assis sur sa chaise à penser que de faire, et que les grandes et belles carrières se feront dans l'administration (publique ou privée) on pourra dénoncer le libéralisme et citer tous les philosophes qu'on voudra, mais on continuera à s'enfoncer.
Et soit dit en passant, le discours ambiant sur le libéralisme me faire de plus en plus rire... On est dans un pays où l'Etat consomme 57% de la richesse nationale, on a des impôts parmi les plus élevés du monde, nos députés produisent de la réglementation à jet continu, et tous nos maux viendraient de l'ultralibéralisme?
Francois
Laisse-moi deviner, ces bureaucrates surpayés et inutiles dont tu nous parles, ils constituent la classe moyenne, j'ai bon ? Cette classe moyenne indécente qui bouffe le pain des pauvres ? Tu as raison, il faudrait l'éradiquer et en revenir à la bonne vieille division féodale des « oratores, bellatores, laboratores » (ceux qui prient, ceux qui se battent et ceux qui travaillent) ; au moins, chacun savait où était sa place...
Tu ne comprends pas ce que j'explique. Déjà, le capitalisme, la finance, tout ça existe bel et bien depuis au moins l'empire romain, j'en suis parfaitement conscient. Mais, chose plus importante, j'explique que le problème c'est justement pas le libéralisme, mais cette chose, que certains appellent le libéralisme mais qui n'en est pas, et qui n'est qu'une nouvelle forme de ploutocratie (le pouvoir aux riches), qui n'a effectivement rien de nouveau. Donc lorsque tu dis:
Je suis en fait d'accord avec toi: les politiques actuelles c'est tout sauf du libéralisme. C'est ce que certains appellent de l'affairisme: la priorité n°1 c'est que les riches puissent faire des affaires entre eux, tout le reste consiste à faire en sorte que la priorité n°1 soit respectée. Donc si l'état français dépense tant d'argent (l'essentiel des dépenses c'est les retraites, la sécu, le chômage et la dette), c'est juste pour garder suffisamment de stabilité pour ne pas entraver les affaires. En gros, pour que les gens restent tranquilles. Parce que si on continue à donner toujours plus aux riches pour qu'ils restent, au bout d'un moment le peuple va pas être content, ça va générer de l'instabilité, ce qui n'est pas bon non plus pour les affaires. Le petit jeu de funambule auquel jouent nos dirigeants consiste à conserver cet équilibre.
Mouais. Mais là je trouve que tu joues avec la nourriture. A part des phrases dans ce style, en quoi la politique de Montebourg est différente de son prédécesseur? C'est comme lorsque Sarkozy parlait de "moraliser la finance". C'est des mots tout ça, et à part les analystes politique professionnels, plus personne n'est dupe.
En un sens je suis assez d'accord avec ça, mais je pense que c'est plus profond que cela. Le capitalisme a répondu à un besoin: à une époque où on ne produisait pas assez pour nourrir, loger et habiller tout le monde, la productivité apportée par l'organisation capitaliste a permis de résoudre tout un tas de problèmes matériels. Je pense que nous sommes maintenant arrivé à une autre étape de l'évolution de l'humanité, et que c'est le schéma global qu'il faut revoir totalement. Il ne suffit pas de "moraliser la finance", ni de "choisir la flexibilité" ou ce genre de connerie, il faut tout revoir depuis le début. Et c'est quand je suis parvenu à cette conclusion que je me suis intéressé à la philosophie, parce que je vois rien d'autre qui puisse aider à ce niveau-là.
Ben non, t'as pas bon, et à lire ta réponse, je ne crois pas que tu aies lu ce que j'ai écrit.
La tertiarisation de la société, ça touche toutes les catégories sociales. Dans les classes populaires, ça veut dire moins de cols bleus et plus de cols blancs, dans les classes supérieures, c'est ce qui envoie un grand nombre de diplômés de grandes écoles d'ingénieur dans l'administration et les services (ou la recherche), plutôt que dans l'industrie. Ce n'est pas juste une affaire de classes moyennes.
Tu le dis toi même, cet affairisme n'a rien de nouveau. J'aurais même tendance à penser qu'il était bien pire avant, quand les différences entre les classes sociales étaient plus marquées, et que les citoyens étaient moins égaux en droit...
Le discours sur les riches qui font des affaires, les pauvres qui sont confinés à la pauvreté, et l'Etat qui est gangréné par l'affairisme, tu le retrouveras à toutes les époques. Comme d'ailleurs les commentaires sur l'immoralité du monde des affaires et des riches, et l'idée qu'un de ces jours tout va péter.
C'est bien ce qui m'ennuie dans ton discours, tu nous présentes comme cause de tous nos malheurs une situation qui n'est pas neuve, et donc on ne voit pas pourquoi elle serait plus importante aujourd'hui qu'il y a 20 ou 200 ans.
Je critique Montebourg parce qu'il est aux affaires, et parce que sa tendance à prendre des poses en fait une cible très tentante, mais j'en avais autant contre son prédécesseur.
Je crois que ceci est caractéristique de la mentalité ambiante, qui préfère la théorie à la pratique, les grandes visions aux menus détails, et l'architecture globale à la mise en œuvre. Le syndrome du "tout remettre à plat", qui nous donne en politique des états généraux de tout et n'importe quoi, qui fait qu'on passe son temps à "revisiter", à "réinventer", et au final à brasser beaucoup d'air.
En ceci, tu es de ton époque. Je ne dis pas que c'est inutile, mais il me semble que si on avait juste un peu moins de gens qui réfléchissent, déconstruisent, et réinventent, et un peu plus de gens qui agissent, on vivrait beaucoup mieux.
Francois
Sinon, il y a la réforme du congé parental qui vient d'être votée, et qui devrait être mise en place en automne.
A tout hasard, est-ce que quelqu'un ici a un lien bien détaillé sur ce que ça change ?
Ah, désolé, comme tu la conspues par ailleurs à longueur de post, j'ai sans doute opéré un léger raccourci pour celui-ci...
Je trouve ton choix de bouc émissaire assez gonflé ; on est quand même sur Developpez.com, et s'il y a un domaine qui - entre autres - a largement profité de l'essor du secteur tertiaire, c'est bien l'informatique. Et économiquement parlant, le développement d'un tertiaire fort stimule en proportion l'industrie. Le problème, c'est que ce n'est pas toujours la nôtre, quand elle existe encore, qui en bénéficie. Mais ça c'est une autre question.
Tu devrais te réjouir alors, car les partis populistes ont le vent en poupe en ce moment, et eux ont plein d'idées et d'actions immédiates à mener... Non, parce que, tu as raison, foin de la complexité ; les réflexions profondes sur la crise systémique, la faillite des élites, l'épuisement des paradigmes, tout ça c'est du bullshit pour think tank. Rien ne vaut la bonne vieille recette consistant à exploiter la peur et la frustration par la désignation à la vindicte générale d'une catégorie de population (les parlementaires européens, les immigrés, que sais-je encore). Ca, tout le monde comprend, et la ligne de conduite à tenir est évidente.
Tu l'auras compris, mon avis est radicalement opposé au tien: si on en est là, c'est avant tout la conséquence d'une énorme faillite intellectuelle.
Ou les méchants patrons, le CAC40 et la finance, qu'arrêtent pas d'aggraver nos déficits, m'dame... Sans parler des affreux cathos qui complotent en loucedé contre le progrès sociétal, et des salauds qu'ont des diesels, qui nous polluent l'atmosphère et que si ça continue, on ne pourra plus aller en vacances aux Maldives.
Ah oui mais non, eux c'est pas des boucs émissaires, c'est les vrais responsables, ch'con moi.
Francois
J'ajouterai à l'autodafé que les cathos ne complotent pas en loucedé, ils défilent publiquement de Denfert Rochereau jusqu'aux Invalides.
Me souviens d'être passé aux abords d'une manif en mars, yavait une vieille crouille qui disait à son petit "Ne ramasse pas c'est sale, Dieu te regarde, il voit tout et il te punira".
J'ai pensé pauvre gosse, encore un qui va pas oser faire des choses de gosses / ados parce que Dieu le regarde jusqu'à ce qu'il comprenne que Dieu n'est qu'une hypothèse. Enfin s'il le comprend un jour.
L'endoctrinement des enfants dans une religion devrait être illégal, considéré comme un crime contre l'humanité, et puni en conséquence.
Tu es sur que "crouille" est le mot que tu cherches? Parce que par chez moi, cela ne veut pas exactement dire catho.
http://www.larousse.fr/dictionnaires...crouille/20702
Et juste pour t'éviter une mauvaise surprise lors d'un déjeuner entre amis dans le treizième, niakoué, ça ne veut pas dire protestant...
Allons, avec un peu de chance, et de bons enseignants avec de belles barbes Camif, il comprendra un jour.
Et il saura désormais que s'il ne fait pas des choses de gosse ou d'ado, ce n'est pas à cause de Dieu, cette hypothèse ridicule, mais parce que c'est mauvais pour la planète, que ça pourrait être mal pris par telle ou telle minorité, ou que ce ne serait pas 'citoyen'.
Francois
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