Envoyé par
MacFly58
Si deux experts chevronnés tels que Fsmrel et CinePhil n'utilisent pas la même terminologie (entité-type pour l'un, et entité pour l'autre), comment nos étudiants néophytes pourraient bien s'y retrouver ?
Voyons comment des auteurs reconnus qualifient le même concept (c’est un peu Babel...)
L’ouvrage de référence [1] utilise les termes individu-type (ou type d’individu) et précise qu’un type est une classe. Au paragraphe 4.4.4. (Grammaire et sémantique), il est écrit :
« Il arrive souvent que par abus de langage, on ne fasse pas la différence entre le “type” et le “nom du type”. Dans certains cas, on utilise le mot type d’individu, ou même individu pour ce qui est en fait le nom d’un type d’entité (un objet linguistique) qui désigne une classe (individu-type) de tous les individus considérés comme des personnes. »
L’excellent Yves Tabourier [2] utilise aussi le terme individu-type.
La publication officielle de juin 1979 [3] utilise le terme objet, lequel a pu paraître manquer de précision par la suite, mais certains auteurs ont continué à l’utiliser [4].
Michel Diviné [5] utilise le terme individu.
Voici la définition donnée par D. Nanci [5] :
« L’entité type permet de modéliser un ensemble d’objets de même nature, concrets ou abstraits, perçus d’intérêt dans le discours. L’entité type exprime un type, une classe, un ensemble dont les éléments sont appelés occurrences d’entité type. »
J.-P. Matheron [6] va dans le même sens :
« Un type est un ensemble d’éléments ayant les mêmes caractéristiques. [...]
Un type d’entité ou entité-type est une classe d’entités particulières ayant des propriétés analogues. [...]
Une entité ou individu est la représentation dans le SI d’un objet matériel ou immatériel de l’univers extérieur. »
Les termes entité-type (ou type d’entité) ou individu-type (ou type d’individu) me conviennent, et si j’en suis resté à la seule entité-type, c'est pour être en phase avec les tenants de l’approche anglo-saxonne (que les uns nomment E/R (Entité/Relation) et d’autres nomment E/A (Entité/Association)...) Par ailleurs, je me range à l’avis de [1] [5] et [6] : une entité-type est une classe d’entités (d’individus), aussi j’estime qu’utiliser le terme « entité » à la place de celui d’« entité-type » ne convient pas d'un point de vue sémantique.
Les anglo-saxons ne sont pas logés à meilleure enseigne. Je cite Wikipedia :
Although the term entity is the one most commonly used, following Chen we should really distinguish between an entity and an entity-type. An entity-type is a category. An entity, strictly speaking, is an instance of a given entity-type. There are usually many instances of an entity-type. Because the term entity-type is somewhat cumbersome, most people tend to use the term entity as a synonym for this term.
Bien sûr, on pourrait ergoter à l’infini, puisqu’une entité peut être définie comme étant une abstraction considérée comme une réalité et du reste la discussion ne date pas d’aujourd’hui. Je cite le Larousse du XXe siècle (éd. 1928) :
Entité - n. f. (lat. entitas ; de ens, entis, être). [...] Les scolastiques appelaient l’entité un être de raison ; ils voulaient dire que l’entité a une réalité, est un être, mais que cette réalité n’est que pour la raison (et quelques-uns disaient n’est que par la raison). La querelle des nominalistes, des réalistes et des conceptualistes porte sur la manière dont il faut concevoir le rapport des sujets et des entités, c'est-à-dire des choses individuelles et des essences.
Quel rapport y a-t-il entre la chose individuelle Cinephil et l'essence CinePhil? (cherchez la réponse chez Wittgenstein...) Autant vous dire que je ne rentrerai pas dans ce genre de querelle, source de migraines et pleine de chausse-trapes...
Mais dans l’esprit de la logique de Frege, je considère que l’entité est à l’entité-type ce que la proposition est au prédicat.
Notons que pour sa part, UML présente une meilleure approche du concept, puisque l’on y appelle un chat un chat, à savoir une classe une classe ; il n’y a qu’un terme, quitte à le qualifier plus finement : classe-association, super-classe, sous-classe, classe abstraite, etc.
Références
[1] H. Tardieu, A. Rochfeld, R. Colletti. La Méthode MERISE, Tome 1 Principes et outils. (Les Éditions d’organisation. 1989).
[2] Y. Tabourier. De l'autre côté de MERISE. (Les Éditions d'organisation. 1986).
[3] Ministère de l'Industrie, Mission à l'Informatique, Centre Technique Informatique, Méthode de Définition d'un Système d'Informations, Fascicule 4. Juin 1979).
[4] A. Collongues, J. Hugues, B. Laroche. merise méthode de conception. (Dunod Informatique, 1987).
[5] D. Nanci, B. Espinasse. Ingénierie des systèmes d'information : Merise deuxième génération. (Sybex 1996)
[6] Jean-Patrick Matheron. Comprendre Merise, outils conceptuels et organisationnels. (Eyrolles, 12e tirage, 2007).
Partager