Les gagnants du Challenge Mappy veulent rendre leur API open-source, interview exclusive des développeurs primés
En février dernier, un concours gratuit et ouvert à tous avait été lancé par Mappy, en partenariat avec Developpez.Com. Il consistait à donner carte blanche aux participants qui devaient créer l'application de leur choix en utilisant les APIs Mappy AJAX et AS3.
Vendredi 9 avril avait lieu à Paris la remise des prix clôturant ce challenge. Les douze membres du Jury (dont Didier Mouronval, de Developpez) ont été très satisfaits de projets présentés et il ne leur fut pas facile de sélectionner les vainqueurs.
Cinq réalisations furent primées. Présente lors de cette soirée d'annonce officielle du palmarès, j'ai pu interviewer le trio de tête.
Commençons par la médaille de bronze, la troisième place du podium. Ce prix est revenu à Sébastien DUGUé, ancien chef de produit chez un éditeur logiciel actuellement à la recherche d'un emploi, qui a entendu parler du challenge par un blog.
Ce professionnel qui se dit "développeur en herbe", a conçu son application fin 2009 avant de la lancer en janvier 2010. Quand il a eu vent du challenge, il a décidé de mettre à jour son travail en y ajoutant plusieurs fonctionnalités (comme l'accès aux ordinateurs via un site, les statistiques, différentes vues cartographiques, etc.). De plus, il a abandonné GoogleMap pour le remplacer par Mappy, dont il décrit l'API comme "très agréable pour développer, au même niveau que Google pour les fonctionnalités mais avec un plus : on peut clusteriser les marqueurs sur une carte et les regrouper en un seul.Et puis la simplicité pour créer des formes géométriques sur la carte...C'est bien plus aisé qu'avec Google", argumente-t-il.
Sébastien a mené son projet seul comme un chef. Il faut dire que lorsqu'il travaillait en tant que CRM, il coordonnais le développement des logiciels et en rédigeait le cahier des charges. Des compétences qui lui ont servit pour mener à bien ce challenge.
iBordeaux fonctionne sur tous les smartphones, et a été programmée avec PHP, MySQL et Javascript.
La même application existe pour la ville de Rennes, sous le nom d'iRennes. Sébastien aimerait maintenant proposer son idée à d'autres municipalités pour une déclinaison de son concept. Des applications clés en mains, pour des villes ou des organismes de transport. L'idée : faciliter les transports citadins, avec des plans, les horaires de passages du prochain tramway ou métro, des plans affichants les vélos en libre service, etc.
Vous pouvez essayer ses applications sur leurs sites officiels : www.ibordeaux.fr (celle primée par le challenge), et www.irennes.fr
Sébastien et son prix
Continuons avec la médaille d'argent, la deuxième place du podium. Vincent DE OLIVEIRA et Cedric ESNAULT sont deux professeurs d'informatique qui enseignent à l'école nationale des sciences géographiques (intégrée à l'IGN). Collègues, ils sont habitués à collaborer. Aussi, quand l'un d'eux découvre l'existence du concours sur le site Internet de l'IGN, c'est tout naturellement que les deux hommes s'associent pour y participer.
Ce sera la première fois qu'ils développeront une API ensemble. Vincent nous indique que l'idée précise de WIMT lui est venue alors qu'il se rendait vers une gare de RER en voiture : "Ca serait super d'avoir les informations en temps réel et de manière visuelle, plutôt que via une liste d'horaires".
Pendant un mois et sept jours, les deux enseignants ont travaillé sur leur projet le soir après les cours. Chacun de leur côté, mettant les données en commun par des mises à jour à distance. "Le développement s'est fait avec ASVN", explique Cedric. "On a crée une application pour parser automatiquement les horaires de la RATP en Java, depuis les PDF d'origine. Notre base de données était ensuite directement remplie avec des informations", poursuit-il.
WIMT est capable de gèrer les horaires à la seconde près, malheureusement les informations récupèrées sur le site Internet de la RATP ne mentionnent que les temps à la minute. "Du coup, il arrivait qu'un train se retrouve dans deux gares proches en même temps", raconte Vincent.
Il a fallu aux deux développeurs faire preuve d'astuce pour interpoler les temps de passage aux gares. Leur application Java remplissait les vides (par exemple, certains trains ne s'arrêtent pas à toutes les stations, le PDF ne mentionne donc pas l'heure à laquelle ils y passent), mais ce soucis de temps arrondi à la minute leur a demandé beaucoup de travail de correction.
Les deux jeunes gens espèrent aujourd'hui obtenir des informations supplémentaires de la part de la RATP : les horaires à la seconde près, mais aussi les retards, les accidents, etc... "C'est techniquement faisable avec l'API de Mappy, il ne manque plus que leur collaboration, et celle de la SNCF aussi pour d'autres lignes. WIMT peut s'étendre à d'autres modes de transport : métro, trains, bus, etc...".
Pour l'instant, l'application ne supporte pas la charge d'un grand nombre de visiteurs, mais cela pourrait changer.
Elle est également disponible en version allégée pour les smartphones (sous Android, iphone, etc...L'OS est automatiquement détecté).
Pour en savoir plus, visitez le site officiel de l'application : www.wimt.fr
Cédric et Vincent tenant leur prix
Terminons avec les champions de la soirée, en première position : Séverine et Raphaël CANDELIER. Issus de la même fratrie, tous deux se passionnent pour les nouvelles technologies. Lui, 28 ans, est professeur de Physique et webmaster du site de la Societé Française de Physique. Elle, 32 ans, monte actuellement une société et un site de covoiturage (le service sera opérationnel dans deux ou trois semaines). Dans le cadre de son projet, il lui fallait une API géographique. Elle a porté son choix sur celle de Mappy qui "contrairement à celle de Google, calcule les péages". Elle a donc intégré l'API de Mappy sur son site et c'est ainsi qu'elle a eu vent du concours.
Le frère et la soeur ont alors réfléchi : "On voulait mettre en valeur les bases géographiques. Comme Raphaël est un grand amateur de jeux, l'idée est venu d'ajouter un aspect dynamique au développement".
Le développement à demandé deux mois de travail acharné. "Mappy fonctionne par couches, il y a une couche pour chaque chose. On a crée une couche supplémentaire qui communique avec les autres et que l'on contrôle. Cette couche comprend des marqueurs mobiles qui se déplacent sur les cartes en suivant les itinéraires calculés par Mappy. On utilise les outils de Mappy pour les faire bouger : une requête est envoyée à Mappy pour calculer l'itinéraire, on le récupère sous forme de segments qui représentent les routes et le marqueur se déplace en les suivants.", approfondis Séverine.
Transformer Mappy en jeu, c'est original. Et c'est l'un des aspect de ce projet qui a séduit le jury. Avant vendredi, l'application était tenue secrète. Elle va désormais être référencée et diffusée, ce qui permettra de tester la résistance à la charge.
Raphaël et Séverine annoncent vouloir la rendre open source, pour que d'autres "prennent le relais ou utilisent le code".
Vous pouvez découvrir ce jeu, dont le but est d'éviter les monstres qui circulent dans les rues, sur son site officiel : www.street-invaders.net
Raphaël et Séverine ont remporté le Grand Prix
Lire aussi : Le classement complet des lauréats
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