Microsoft reconnaît Linux comme une "menace" pour Windows

La nouvelle va faire du bruit. Pour la première fois dans l'histoire, Microsoft reconnaît officiellement Linux comme une "menace" et l'ajoute ainsi à sa liste noire de concurrents qui dérangent.

L'information vient d'être dévoilée alors qu'une copie du formulaire 10-K (utilisé aux Etats-Unis pour déclarer une année fiscale à la fin de l'exercice), daté du 30 juin 2009, a été rendue publique ce matin.

La liste des entreprises que Microsoft juge dangereuses pour ses produits était déjà largement fournie : Apple, Google, Opera (alors que seul Mozilla était cité comme dérangeant en 2008 dans la section consacrée aux navigateurs), etc.

Cette année, les distributeurs de Fedora et Ubuntu - Red Hat et Canonical - viennent grossir les rangs (présentés auparavant par la firme de Bill Gates comme de minuscules grains de sable dans les rouages de ses activités "server and tools", ils sont aujourd'hui pris aux sérieux comme "menaces globales" et plus particulièrement "menaces de l'OS de bureau").

Microsoft dénonce la manière dont les compagnies d'open-source utiliseraient une "stratégie économique différente" pour les dynamiter. D'ailleurs, si l'on entreprend la lecture du 10-K de Microsoft, il prend vite l'allure d'un pamphlet anti-open-source.

Plus précisément, l'OS Windows doit faire face à de multiples problèmes avec Linux. D'abord, le fait que cet OS soit disponible gratuitement sous une licence publique (et on sait la haine profonde que voue Steve Ballmer, PDG de Microsoft, aux produits gratuits qu'il méprise ouvertement assez fréquemment dans ses différentes interventions en public) lui confère un avantage dans les marchés émergents où la pression compétitive du "tout moins cher" force les constructeurs à réduire leurs coûts. De nouveaux ordinateurs à prix cassés voient le jour, notamment les netbooks qui poussent comme des champignons en alternative à des machines plus coûteuses. Même des partenaires Microsoftiens comme Hewlett-Packard et Intel ont travaillé activement avec des OS alternatifs utilisant le système Linux ces derniers temps.
"Les netbooks ont ouvert Microsoft à la possiblité que quelques OS pourraient prendre brièvement l'avantage, nous nous sommes mis en alerte et explorons ce risque" a déclaré Rob Helm, directeur de la Recherche, avant d'ajouter que "Microsoft aimerait la disparition des netbooks et leur remplacement par des ordinateurs portables à poid réduit, mais comportant des batteries à longue durée de vie assez coûteux pour justifier l'utilisation de Windows".

En effet, pour les netbooks légers à tout point de vue, l'OS Windows est devenu le composant le plus onéreux !

L'OS actuel, Windows Vista, est trop volumineux et surtout trop cher, ce qui a déroulé le tapis rouge pour Linux. Cependant, Windows XP se maintient bien sur les netbooks, et une version Starter de Windows 7 est prévue en fin d'année pour répondre aux besoins de ce marché.

Helm tente néanmoins de décourager la production d'ordinateurs discount, car ils "pourraient faire baisser le prix de Windows".

Aujourd'hui, presque tous les constructeurs d'ordinateurs offrent des serveurs capables de supporter l'OS Linux, et par là-même contribuent a son développement. De même, Linux a bénéficié de l'accroissement constant du nombre d'applications compatibles avec son système (produits par des sociétés comme Adobe, Apple, Corel, Google, IBM, Novell, Oracle, Red Hat, Zoho, mais aussi par de simple développeurs locaux en Asie et en Europe).

Source : Rapport annuel de Microsoft concernant son année fiscale 2009 (en anglais)

A votre avis, quelles seront les conséquences à moyen et long terme de ce changement de paysage dans le marché des OS ?

Pensez-vous que Microsoft exagère l'impact de la compétition sur ses produits afin de préparer des plaintes d'antitrust ?

Aimeriez-vous que Microsoft considère l'open-source comme une opportunité plutôt que comme une menace à son modèle basé sur des licences payantes ?