Les trolls sur Internet n'aiment pas seulement faire du mal, mais ils éprouvent également du plaisir à le faire
selon une étude
Une étude qui a cherché à comprendre pourquoi les gens trollent sur Internet a conclu que les trolls n'aiment pas seulement faire du mal, mais qu'ils éprouvent aussi du plaisir à le faire. L'étude, qui a également cherché à savoir si le trollage était lié à une faible estime de soi, rapporte que le phénomène a pris de l'ampleur au cours de la dernière décennie et qu'au moins un internaute sur trois a été victime de harcèlement en ligne. Les chercheurs affirment que le trollage peut causer un préjudice et une profonde détresse à la victime, notamment un sommeil perturbé, la dépression, l'automutilation, des idées suicidaires et, dans certains cas, le suicide.
Le trollage est le dernier phénomène en date à toucher les sites de réseaux sociaux. Il est de loin le plus vicieux et le plus dommageable pour les jeunes comme pour les adultes. Le trollage sur Internet est défini comme un comportement malveillant en ligne, caractérisé par une provocation agressive et délibérée d'autrui. Le trollage peut se référer à une variété de comportements en ligne. Un troll est le terme désignant une personne, généralement anonyme, qui pratique le trollage sur le net. Ce dernier lance délibérément une dispute ou publie des commentaires incendiaires ou agressifs dans le but de faire réagir un individu ou un groupe de personnes.
L'expression a été inventée d'après un terme utilisé dans le domaine de la pêche (ou de la chasse) signifiant qu'en gros, le troll pose son appât (son commentaire) et attend que les autres mordent. Il existe de nombreuses raisons pour lesquelles les gens peuvent troller sur Internet et cela diffère d'un troll à l'autre. En 2020, des chercheurs australiens ont étudié le trollage en considérant que le trollage est un comportement malveillant, dans lequel le troll veut faire du mal à sa victime en ligne. Les chercheurs ont découvert que les trolls cherchent en effet à provoquer, contrarier et blesser les autres par le biais de messages et de posts incendiaires.
L'étude a examiné le sexe, la psychopathie, le sadisme et l'estime de soi comme facteurs prédictifs de l'engagement dans le trollage malveillant. La psychopathie se caractérise par l'insensibilité, la tromperie et le manque de responsabilité personnelle. Le sadisme exprime le plaisir de blesser physiquement ou psychologiquement d'autres personnes. L'étude a recruté 400 participants par le biais d'annonces sur les médias sociaux. Près de 68 % des participants étaient de sexes féminins, 43 % étaient australiens et l'âge moyen était de 25 ans. Ils ont rempli un questionnaire en ligne anonyme et confidentiel, qui évaluait la personnalité et l'estime de soi.
L'étude a également permis de déterminer dans quelle mesure les participants ont adopté des comportements semblables à ceux des trolls. Par exemple, en pensant comme suit : « j'aime déranger les gens que je ne connais pas personnellement sur Internet » ou encore « bien que certaines personnes pensent que mes messages sont offensants, je les trouve drôles ». Les résultats montrent que le sexe, la psychopathie et le sadisme sont tous des facteurs prédictifs indépendants significatifs du trollage malveillant. Autrement dit, si vous êtes un homme, si vous avez un niveau élevé de psychopathie ou de sadisme, vous êtes plus susceptible de troller.
Selon l'étude, le facteur le plus puissant du trollage est le sadisme. Plus une personne aime faire du mal aux autres, plus elle est susceptible de troller. En outre, les chercheurs ont constaté que l'estime de soi interagit avec le sadisme. Ce qui signifie que, si une personne avait des niveaux élevés de sadisme et une bonne estime d'elle-même, elle était plus susceptible de troller. Selon les chercheurs, ce résultat était inattendu, car une faible estime de soi a permis de prédire d'autres comportements antisociaux en ligne, comme la cyberintimidation. Ces résultats ont des conséquences importantes sur la façon dont les plateformes gèrent le trollage et y répondent.
« Nous comprenons le troll comme quelqu'un d'insensible, qui n'a pas le sens de la responsabilité personnelle et qui aime faire du mal aux autres. L'importance de la psychopathie dans les résultats indique également que les trolls ont un déficit d'empathie, notamment en ce qui concerne leur capacité à ressentir et à intérioriser les émotions des autres. De plus, l'interaction entre un sadisme élevé et une haute estime de soi suggère que les trolls ne trollent pas parce qu'ils ont une faible estime d'eux-mêmes », a déclaré Evita March, maître de conférences en psychologie à l'université de Ballarat (Federation University), en Australie.
« En fait, c'est plutôt le contraire. Plus une personne aime faire du mal aux autres et mieux elle se sent dans sa peau, plus elle est susceptible de troller », a ajouté la chercheuse. Selon elle, le profil psychologique d'un troll sur Internet fait que vous n'irez pas loin en faisant appel à son sens de l'humanité. Son caractère est bien plus complexe, ce qui rend la gestion de son comportement plus difficile. Des recherches antérieures ont montré que le fait de montrer au troll qu'il vous a contrarié ne fait que renforcer son comportement, ce qui rappelle le refrain : « ne nourrissez pas les trolls et ne leur donnez pas la réponse blessante ou colérique qu'ils recherchent ».
Si le rapport d'étude indique que les personnes qui commettent ce type de cyberagression doivent quand même être tenues responsables de leurs actes, il ne propose pas des solutions "concrètes" pour lutter contre ce phénomène grandissant. Les chercheurs demandent simplement de réagir avec "une indifférence extérieure et une stricte absence de tolérance". « Les trolls ne sont pas à craindre ; leur pouvoir réside dans les réactions qu'ils provoquent. Pour commencer, nous pouvons devenir des spectateurs actifs. Les spectateurs sont les personnes qui assistent au trollage. Les spectateurs actifs interviennent et disent "ce n'est pas bien" », a déclaré March.
Selon d'autres études, la plupart des gens trollent les autres pour se venger, pour attirer l'attention, pour ne pas s'ennuyer ou simplement pour s'amuser. Certains trolls s'en prennent à des personnes qui ont réussi, qui sont heureuses et qui profitent de la vie, car leur vie n'est peut-être pas comme celle-là. En outre, d'autres trollent parce qu'ils manquent de confiance en eux et qu'ils s'amusent à être blessants et négatifs envers quelqu'un d'autre. Les sites tels que Facebook, les forums en ligne, les sites de blogues et les commentaires de journaux sont tous devenus une plateforme et une scène pour bombarder les gens d'insultes, de provocations et de menaces.
Par ailleurs, le trollage peut causer un préjudice et une détresse considérables. Il est associé à de graves effets physiques et psychologiques, notamment un sommeil perturbé, une baisse de l'estime de soi, la dépression, l'automutilation, des idées suicidaires et, dans certains cas, le suicide. En 2019, l'Australia Institute a estimé que le trollage et les abus en ligne avaient coûté à l'économie australienne jusqu'à 3,7 milliards de dollars en frais de santé et en perte de revenus. Combiné aux coûts psychologiques et économiques du trollage, les chercheurs estiment que cela démontre l'urgence de comprendre pourquoi les gens trollent.
Source : rapport de l'étude
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