J'ai rempli le questionnaire en fonction de ma dernière expérience en ssii (2006/2007)
La première ssii pour laquelle j'ai travaillé l'a été en 1994
A l'époque le management dans ce type d'entreprise (même les grosses ssii)
était bien différent des façons de faire d'aujourd'hui :
- primes d'intéressement
- écoute des attentes des salariés
- les dirigeants ne parlaient pas "langue de bois" et si la société
avait un problème (financier, recrutement ...), ils le disaient clairement
et expliquait pourquoi
- les salariés productifs (pas les commerciaux) savaient qu'ils
participaient eux mêmes à l'amélioration des résultats (d'où les primes),
il ne faut pas se leurrer, ce qui fait une ssii ce sont les salariés
productifs. Car un commercial aura beau trouver des clients, s'il n'a
personne pour produire les applications il n'aura personne à placer, le
client trouvera donc un autre prestataire et résultat pas de chiffre
d'affaire pour la ssii
- maintenant c'est l'inverse, ce sont les commerciaux qui ont des
primes et non les salariés productifs
Je dirais qu'il y a eu un changement vers les années 2001-2002
Si une ssii avait un problème avec un salarié, l'encadrement lui en
parlait directement et ça faisait avancer les choses très vite (en mieux
ou en mal mais au moins il y avait un dialogue franc).
Maintenant on n'en parle plus au salarié mais on lui propose plutôt des
missions à 1200km de chez lui ou ne correspondant pas à son métier :
- j'ai connu un salarié très doué dans son domaine, java/j2ee/finance
de marché qui a un moment donné est parti en mission manutentionnaire.
En fait la direction avait changé et son nouveau responsable d'agence
était un ancien chef de projet de la même ssii qui ne l'appréciait pas
et voulait le voir partir.
Et je ne plaisante pas, sa mission consistait à transporter des cartons
et à les déballer (la ssii perdait donc de l'argent car le coût salarial
était supérieur à ce que rapportait la mission). Il a quand même tenu
le coup 1an dans sa mission manutentionnaire et s'est finalement vu
proposer une négociation car la ssii se savait déjà perdante aux
prud'hommes.
Il faut savoir que le métier d'informaticien dans une ssii est et a
toujours été très fatiguant :
- les technologies, méthodes et façons de travailler évoluent sans
cesse, il faut donc se mettre à jour soi même tout au long de l'année.
Donc pas mal de travail à faire en dehors du temps de travail.
- on change souvent de client, de type de client, de poste (rôle dans
un projet), de secteur d'activité, de lieu de travail ...
- presque tout le monde étant cadre ou assimilé cadre, les heures
supplémentaires ne sont donc pas rémunérées, pourtant le fait de faire
des heures supplémentaires est très courant. Sur certains projets il
est même courant de travailler le week-end en jours supplémentaires (non
rémunérés, c'est le professionalisme ou l'amour du travail bien fait) ou
bien en astreinte (rémunérée)
- chez les gros clients où l'on trouve de nombreux prestataires de
ssii différentes il arrive quelquefois de se retrouver dans une
situation où les ssii se font la guerre entre elles par prestataires
interposés (coups bas, sabotage du travail de l'équipe adverse,
rumeurs, diffamations ...) -> voir les publications de résultats
annuels de jeunes ssii qui veulent monter (la plupart indiquent
qu'elles ne peuvent pas rentrer chez certains clients ou voient
certaines missions s'arrêter brutalement du fait de leurs plus gros
concurrents)
Pour ma part j'ai totalement arrêté les ssii depuis 2007, je travaille
maintenant pour un client final et c'est le mieux à faire :
- car au moins vous ne changez pas de client/lieu de travail tout
les 6mois
- la société dans laquelle vous travaillez sait qui vous êtes, vous
n'êtes pas considéré comme un prestataire qui coute cher et qui va
partir dans 6mois/1an
- les meilleures entreprises sont celles qui sont anglo-saxonnes ou
à mentalité anglo-saxonne (l'expérience vaut plus que le diplôme et
les grilles salariales sont indexées généralement au 3/4 sur l'expérience ->
quelqu'un qui a 23 ans et 5ans d'expérience va gagner autant ou plus
qu'un jeune diplômé de 23 ans sans expérience)
Ensuite pour votre futur métier (responsable rh je suppose), il ne faut
pas l'idéaliser, depuis une dizaine d'année, les rh ne sont plus des
personnes qui aident et suivent les salariés. Je tiens ça de plusieurs
lectures d'actualité, de mon expérience personnelle et surtout d'une
ancienne drh qui a changé de métier, elle est maintenant avocate du travail
spécialisée en défense des salariés ssii qui attaquent aux prud'hommes.
Elle m'a clairement défini les nouvelles priorités des rh (surtout
dans les ssii et particulièrement les plus grosses) :
- le but premier n'est plus de faire attention au salarié et de
prévoir les risques, mais de faire en sorte que l'entreprise
s'améliore financièrement
- le métier rh n'est principalement plus la gestion administrative,
la prévention et l'anticipation mais l'action au jour le jour
- éviter à tout pris le licenciement économique, pour cela il faut
tendre des pièges et/ou pousser à la faute
- lors de la signature du contrat, faire exprès de se planter sur
le salaire (si le postulant s'en aperçoit c'est "désolé il s'agit
d'une erreur ...", s'il s'en aperçoit plus tard c'est "désolé, signé
c'est signé ...')
- essayer de faire croire qu'assimilé cadre est la même chose que cadre
- lorsqu'une mission s'est mal passée (ça peut dépendre aussi bien du
salarié que de la mauvaise foi du client), il ne faut pas essayer de
comprendre pourquoi mais faire en sorte d'amener à faire dire au
salarié que c'est de sa faute
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