B. [En parlant d'une pers.] Qui est naturellement indifférent aux idées de bien et de mal :
6. La réalisation de la justice anéantirait l'idée même de justice. On n'arrive à concevoir le monde plus heureux qu'en dehors de toute notion de mérite : et qui aurait le courage de cette suppression? S'il n'est immoral, il faut qu'il soit amoral.
J. LEMAÎTRE, Les Contemporains, 1885, p. 67.
7. La Renaissance est au contraire le triomphe de l'individu sur la collectivité. C'est le temps des monstres : César Borgia, Henry VIII (...). César Borgia est amoral, c'est-à-dire anti-social; c'est le carnassier.
A. MAUROIS, Mes songes que voici, 1933, p. 175.
8. Un grand nom de France, Thucydide pour la résistance. Un mercenaire au demeurant et qui nous coûte cher... sympathique quand même (à mes yeux), car cynique... foncièrement amoral ou plutôt très naturellement persuadé que ce qu'il fait est bien parce que c'est lui qui le fait...
R. VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 237.
9.
Il [Raoul] se croyait amoral, comme tout esthète. Mais l'amoralisme ne s'apprend pas dans les livres...
R. ABELLIO, Heureux les pacifiques, 1946, p. 362.
10. Beau garçon, le type qui plaît aux femmes, le genre d'homme avec lequel on n'aura pas de surprise, parce qu'on sait exactement ce qu'il va faire, tout en espérant qu'il ne le fera pas, cette fois-ci. Un être dur, pas immoral, mais amoral.
A. CAMUS, Requiem pour une nonne, adapté de W. Faulkner, 1956, p. 882.
11.
Un être amoral n'est pas simplement celui qui enfreint les règles morales, mais celui qui n'attache aucune importance à cette infraction, celui qui conteste ou ignore la valeur de l'impératif éthique.
LEROUX (LAL. 1968).
Emploi subst., rare :
12. L'immoral va contre la morale avec une conscience plus ou moins claire de ce qu'il fait; l'amoral n'a pas conscience de l'existence des jugements moraux.
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