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fcharton2
Ca n'a rien d'étonnant. La plupart des gouvernements récents contiennent ce savant mélange de gentils et de méchants, qu'on fait monter en ligne en fonction des besoins. A la grande époque où Pasqua et Pandraud prétendaient "terroriser les terroristes" (avé l'assent), plusieurs humoristes avaient surnommé Simone Veil (ministre de la Santé) "l'alibi". Hollande, connu pour son goût de la synthèse, excelle dans ce genre d'exercice, qui a fait "cohabiter" une écolo grande gueule comme Duflot avec une ministre de l'écologie apparatchik comme Batho, et Valls et Taubira, et Hamon et Sapin, et Montebourg et Moscovici...
Depuis 2012, Hollande navigue à vue, et la meilleure équipe, pour cela, c'est une sorte de couteau suisse gouvernemental, où toutes les tendances sont représentées, le but étant d'être toujours dans le sens des sondages, et du consensus. Le bon peuple veut de la fermeté ? Vous avez vu notre catalan volontaire? Il veut de l'humanisme? Ecoutez Taubira citer René Char! Il veut de la jeunesse diversifiée qui sort de son ghetto? Ah mais on a Najat. Ou plutôt une image de sérieux et d'expérience? Fabius! Cazeneuve!
Le but est simple, et la méthode transparente: si on veut naviguer au plus près du vent de l'opinion, il faut rester dans l'ambiguïté idéologique le plus longtemps possible. Et ceci nous donne un gouvernement de seconds couteaux (si Taubira était sérieuse, elle n'aurait pas accepté de rester dans le gouvernement Valls, si Valls était sérieux, il aurait demandé la sortie de Taubira) Mais c'est dans l'esprit du temps, où l'on parle de "polémique" pour des choses sur lesquelles tout le monde est d'accord (la fresque des médecins de Clermont), et où l'on évoque comme de grandes réformes des catalogues de mesurettes qu'on vote à la va-vite (la loi Macron), et où la parole présidentielle, après les attentats, consiste à faire sa tournée de bons vœux, en ânonnant des paroles immortelles du genre : "rien ne sera plus comme avant mais la vie continue" (authentique!)
Et comme les sondages semblent indiquer que ça marche, on a sans doute les dirigeants qu'on mérite...
Maintenant, je crois que l'attentat contre Charlie Hebdo, par sa brutalité, et la réaction populaire, dans son unanimité, montrent les limites de cette politique au petit pied. Une fois l'émotion retombée, on se retrouve avec les mêmes politiciens de seconde zone, qui essaient désespérément de surfer le moment, en se raccrochant à des choses qu'ils connaissent (ce n'est pas un hasard si les premiers endroit où ils se précipitent, après les évènement, ce sont leurs anciennes circonscriptions : Valls à Evry, Hollande à Tulle, excusez du peu!).
Et donc... comme il y a manifestement un "problème sociétal" (ces terroristes venus de nos banlieues), on en déduit mécaniquement que c'est parce que ces gens sont des victimes, et qu'il faut donc les aider. Comme on sent bien que la majorité craint pour sa sécurité, on s'empresse de boucher des vides juridiques, en votant des lois supplémentaires, qui criminalisent des idées (c'est la tendance depuis plusieurs décennies...). Et comme tout ceci risque "nous diviser", on tartine par dessus, en couches épaisses, la pensée unique habituelle, avec ses gentilles minorités, forcément victimes, son consensus mou, forcément progressiste, et ses méphistos idéologiques, qui sentent bon le soufre.
Et ça donne ce que tu vois et que tu dénonces. Au nom de la liberté d'expression, on condamne toutes sortes de discours. Au nom du vivre ensemble, on tolère toutes sortes de dérapages. Et on garde les yeux bien fixés sur les détails et le superficiel, de peur que quelqu'un soulève une ou deux questions fondamentales.
L'affaire Charlie est un révélateur. Elle nous montre nos politiques, nos médias, et nous mêmes (car nous élisons les politiques et finançons les médias), tels que nous sommes: médiocres, velléitaires et pusillanimes.
Francois
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