Abandonner quoi? essayer quoi? Je regarde de loin une aventure politique qui me concerne très peu (et il me semble que c'est aussi ton cas...).
Ce que j'observe pour l'instant, et qui m'intéresse, c'est la mécanique qui a emmené Syriza au pouvoir. Au fond, comme tu le dis, il y a trois parties :
- des promesses de relance: on va vous augmenter vos revenus, et l'état va créer des emplois
- un bouc émissaire européen : on va renégocier les dettes
- des engagements vertueux : on va moraliser la vie politique et réduire la corruption.
et une quatrième que tu ne cites pas : on ne quitte pas l'Europe, on garde l'Euro...
Je ne peux pas m'empêcher de constater que cela ressemble furieusement au discours qui a porté notre bon président Hollande au pouvoir :
- on allait créer des emplois, 60 000 dans l'éducation nationale même, et donner un coup de pouce au SMIC
- on allait renégocier le traité, avec la méchante madame Merkel, et causer avec Bruxelles sur les objectifs
- on allait lutter contre la finance, qui était notre ennemi, moraliser la vie politique, plus de ministres condamnés, plus d'affaires, plus de cumul, tout ça
- le tout dans un contexte très pro-européen
Et cette similitude ne m'apparait pas qu'à moi : il suffit de voir le PS qui frétille ce matin. Syriza applique enfin la méthode Hollande, on a eu raison avant tout le monde... Et même ta réaction va dans le même sens : quand en 2012 on faisait remarquer, avec Souviron, qu'il y avait comme un malentendu, on s'entendait répondre qu'il fallait essayer avant de critiquer.
Devant tant de ressemblances, on est en droit, je crois, de s'interroger sur le fait que les mêmes causes risquent de produire les mêmes effets...
C'est gentil à vous de penser aux non mondialisés qui sont restés... Mais bon, vous ne prenez pas un gros risque en disant cela (et je parie que si cela arrivait, à la suite d'une sale crise comme celle que traverse la Grèce, la moitié des gens qui tiennent ce discours se découvriraient une excellente raison de rester là où ils sont...)
Tu rigoles? Si ça ne marche pas, ce sera la faute de :
- l'Allemagne, qui aura tout fait pour faire capoter cette belle affaire
- la finance, qui n'aura pas "joué le jeu"
- le parti XXX ou la coalition YYY qui aura déserté en rase campagne
- (le plus probable) le bon peuple grec qui n'aura "pas compris" ce qu'on voulait lui faire faire
On n'a encore jamais vu un politicien ou un parti assumer ses échecs sur le thème "tout est de notre faute". Je comprends que tu sois émoustillé par la victoire de Syriza, mais il faut garder un peu de raison.
Et note que je ne suis pas spécialement cynique ou désabusé. Tu frétilles, tu voudrais en être, parce que ta sensibilité politique va dans le sens des mesures proposées par Syriza. Je ne partage pas ces opinions, et donc que je ne pense pas que la méthode Syriza réussisse (si je pensais le contraire, je voterais NPA, ou FG, et je chanterai Bella Ciao en dansant le sirtaki...). Ceci dit, je suis assez curieux, et je vais regarder tout cela avec intérêt (sachant que je suis quand même bien content que cela se passe loin de chez moi...)
Francois
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