Discussion :

[Guesset]

Bonjour,

Faire de l'embarqué ne se limite pas à connecter un microcontrôleur à un PC pour lui apprendre à faire clignoter une Led voire plus de Led si affinités. Ce côté immédiat très sympathique est également très limité. Pour dépasser cette étape, il va falloir ajouter matériel et compétences. C'est ce qui en fait le charme

Ainsi, dans le cadre d'utilisation d'Arduino, ESP et autres, j'ai bien sûr eu besoin d'instruments : mesure (multimètre, oscillo, analyseurs...), alimentations, générateurs BF...

Je n'ai pas trouvé ici de message sur ces sujets. Peut être serait il plus pertinent d'aller sur un site plus spécialisé ?

A titre d'illustration. J'ai acquis une alimentation 0-30 V, 0-5 A (Hanmatek HM305P environ 60 €) avec 6 mémoire et des disjonctions programmables (courant, tension, puissance, température) et surtout pilotable en USB via PC (sans continuité galvanique).

• La doc est chinoise : c'est une provenance mais hélas aussi un qualificatif. J'ai cherché un peu partout des informations (rares) pour finalement rassembler le tout en une doc un peu plus complète et lisible (et vraisemblablement quelques erreurs). Si ça intéresse quelqu'un...
  
  
• Le logiciel qui pilote l'alimentation est quasiment inutilisable (il ne semble pas terminé). J'en ai donc écrit un (sujet qui revient dans les domaines d'intérêt naturel de ce site). L'idée est de permettre des campagnes de test automatisées avec historique, séquence répétables, points d'arrêt, alertes etc. Il y a encore du travail mais j'ai une version de base qui fonctionne (sensiblement au delà du logiciel fourni). Quelqu'un est intéressé ?

Ce message pose la question du domaine couvert. Un amateur qui utilise un microcontrôleur va devoir s'intéresser aux modules et composants électroniques, à la création de circuits, à un minimum d'appareils, à la mise en boite (voire la création d'icelle en 3D) et des éléments mécaniques (moteurs, servos...).

Peut-être suis-je hors sujet ?

Salutations

[Vincent PETIT]

Bonjour,
La question n'est absolument pas hors sujet, elle est même intéressante.

Autour d'Arduino & Cie on peut mettre encore plus de chose ; l'électronique qui est l'interface entre le microcontrôleur et le monde physique, tous les instruments qui permettent la mise au point, le circuit imprimé qui représente la finalisation de l'électronique et comme tu as dit, il y a aussi l'aspect mécanique, parfois optique du projet etc... Dans mon ancien labo ou on concevait des systèmes embarqués, il y avait des techniciens, ingénieurs en électronique, optique, chimie, mécanique, mesure physique et 2 docteurs en physique. C'est en effet pluridisciplinaire.

Un amateur qui utilise un microcontrôleur va devoir s'intéresser aux modules et composants électroniques, à la création de circuits, à un minimum d'appareils

Justement, ce qui a fait le succès d'Arduino c'est qu'il a réussi, ou presque, a se passer de tout ça. Les shields a empiler ont remplacer l'apprentissage de l'électronique, la mise au point avec des instruments a été faite et le circuit imprimé est lui aussi réalisé. Il n'y a plus qu'a assembler les briques matériels à la conditions que tu réalises ce qui a été pré-pensé pour toi et ce mode de fonctionnement convient au plus grand nombre, d'où le peu de questions sur ce qui tourne autour de Arduino.


Une fois qu'on sort de ce qui a été pré-pensé (des sentiers battus si je puis dire) alors ça se corse sévèrement, on ne trouve pas de shield donc pas de bibliothèque logiciel toute faite, il faut apprendre énormément de choses plus ou moins complexes car le principe de l'assemblage de briques matérielles, les shields, ne fonctionne pas. Quand tu en es là, Arduino n'est pas une bonne plateforme car tu n'as pas de débuggeur qui te permet de faire des points d'arrêts et d'avancer ton programme en mode pas à pas, et c'est important car quand tu réalises ta propre électronique et que rien ne fonctionne (souvent le cas au premier essai ) tu as besoin de savoir si c'est le soft ou le matériel qui ne fonctionne pas, ou pire ; fonctionne mal.



Un exemple concret ici : https://www.developpez.net/forums/d2.../#post11583073 si la plateforme eut été une LaunchPad (micro MSP430 de chez Texas) le débuggeur intégré aurait permis de lancer GDB, exactement comme sur un PC d'ailleurs l'environnement de développement c'est Eclipse, pour voir en direct la mémoire RAM, de trouver plus facilement un débordement de pile, de tableau, de mettre sous surveillance le contenue d'une variable, de mettre des points d'arrêt dans le soft pour constater qu'un événement (matériel ou logiciel) est bien arrivé, de faire avancer le programme pas à pas etc... L'absence de debuggeur est ici compenser par la forte expérience des intervenants mais avec une débuggeur la mise au point aurait été sacrément plus facile.

Là où je voulais en venir c'est que ceux qui vont au delà de la couverture de Arduino, ne l'utilise pas forcément.

[Guesset]

Bonsoir Vincent,

Je te remercie de ta réponse qui explique pourquoi ce qui sort des briques Lego est peu ou pas abordé. J'attendrai donc pour savoir si quelqu'un est intéressé concrètement.

Je te rejoins sur le fait qu'Arduino montre assez rapidement ses limites en lui sachant gré de son apport pédagogique qui a permis à nombre de personnes de découvrir les microcontrôleurs.

Salutations.

[Vincent PETIT]

Tout a fait, son apport pédagogique est idéal pour découvrir la grande contribution du logiciel, aux sciences. Je ne sais pas si tu le savais mais Arduino est dans les programmes officiels de l'éducation nationale, au lycée (pour les mathématiques, la physique ou les sciences plus généralement), c'est aussi le cas du langage Python.

Je trouve que c'est une excellente chose car ça va donner encore plus vie aux sciences. Bref ! Par contre il faut que les enseignants veillent à ce que l'étudiant ne connaisse pas que ça.


Concernant ton projet, je t'invite à ne pas forcément attendre que quelqu'un s'y intéresse, tu peux le présenter dans un nouveau sujet. Ça pourrait être une source d'inspiration et nul doute que les intervenants du forums feront des remarques, peut-être même moi le premier

[Artherfon]

Arduino étant un produit commercial, je doute qu'il puisse être cité autrement que comme exemple de support parmi d'autres dans les programmes officiels de l'Éducation Nationale. Je demande à voir.

Pour moi, Arduino est à l'informatique embarquée ce que les préparations industrielles sont à la gastronomie. C'est bien pour découvrir et obtenir un résultat rapidement mais il faut garder à l'esprit que c'est un produit commercial et que l'enseignement n'est pas sensé traiter des spécificités du produit.

J'ai lu des centaines d'articles de revues d'électronique dans ma jeunesse : Le Haut-parleur, Radio Plans, Électronique pratique, Elektor, LED... J'ai réalisé des montages mais ce n'est pas là que j'ai trouvé l'essentiel des connaissances nécessaires pour concevoir moi-même les circuits que j'avais envie de réaliser. Normal, ces médias ont pour vocation de vendre du papier, comme Arduino des cartes électroniques, en distrayant leurs clients. Pas grand chose à voir avec l'enseignement qui doit traiter des notions fondamentales, pérennes, universelles, indépendantes des produits commerciaux, qui constituent sa valeur intrinsèque et dont le processus d'acquisition justifie l'intervention d'un enseignant.

Les activités ludiques que permettent ces supports commerciaux facilitent l'accroche des élèves mais tendent également à les bercer d'illusions en camouflant ce qu'il leur sera nécessaire de maîtriser pour s'émanciper dans ce domaine. Aussi, les élèves intéressés peuvent très bien pratiquer ces activités en dehors de l'ÉN ; le web regorge de ressources.

Attention donc à ce que les activités autour de ces objets mobilisent des connaissances et en construisent de nouvelles, indépendantes des spécificités des produits utilisés sans quoi elles relèveront du bricolage ou de la formation à un produit plutôt que de l'enseignement.

[Vincent PETIT]

Salut
Je suis en tout point d'accord avec toi, et j'espère ne pas m'être contre dit plus haut ?

Arduino étant un produit commercial, je doute qu'il puisse être cité autrement que comme exemple de support parmi d'autres dans les programmes officiels de l'Éducation Nationale. Je demande à voir.

J'ai lu quelques circulaires et en effet c'est bien cité comme exemple ; "par exemple Arduino" ou "un langage informatique comme Python". Dans les faits, du moins pour Python c'est lui qui a été choisi. Chez Hatier, collection prépabac le langage traité est Python. On le retrouve aussi dans la collection Fluorescience chez Dunod. Même s'ils ne sont pas des manuels scolaires on sent que c'est Python s'est encré dans le paysage.

Les activités ludiques que permettent ces supports commerciaux facilitent l'accroche des élèves mais tendent également à les bercer d'illusions en camouflant ce qu'il leur sera nécessaire de maîtriser pour s'émanciper dans ce domaine. Aussi, les élèves intéressés peuvent très bien pratiquer ces activités en dehors de l'ÉN ; le web regorge de ressources.

Tout à fait ! Même si je trouve qu'Arduino peut apporter un plus dans la pédagogie et non dans la connaissance (je donne un exemple plus bas) il faut se méfier comme de la peste de son côté "facile", il est comme un couteau qui coupe aussi par le manche. S'il permet de réaliser très facilement des applications complexes, à en faire pâlir un bureau d'études, c'est bien parce qu'il occulte presque toute la complexité. Arduino peut te persuader que l'ingénierie est un empilage de brique ; "je récupère du soft à droite, je récupère du hard à gauche, quelques modifications ici est là et hop... c'est partie" parce que c'est ainsi qu'il a été pensé.

Si en tant qu'étudiant tu tombes là dedans, en tant qu'amateur au contraire c'est bien, tu peux sortir de l'école avec un diplôme d'architecte et être persuadé que réaliser un ouvrage, comme un pont de Normandie, ne consiste qu'a acheter des piliers ici, acheter un tablier et sa bande de roulement là, quelques câbles de maintient et hop... c'est partie J'exagère évidemment mais il y a bien un piège, celui de la simplicité (laisse une calculette à enfant durant trop longtemps et il ne saura pas poser une opération à la main)

Attention donc à ce que les activités autour de ces objets mobilisent des connaissances et en construisent de nouvelles, indépendantes des spécificités des produits utilisés sans quoi elles relèveront du bricolage ou de la formation à un produit plutôt que de l'enseignement.

Pour ici j'ai un exemple. Nous avions eu une discussion avec un de tes collègues enseignants (DUT je crois) et il nous a dit que ses élèves avaient des boutons dès lors qu'ils voyaient une intégrale ou une dérivée alors de là à en faire dans un Arduino... Hors il y a plus de vingt ans je l'ai fait en cours d'électronique, c'était sur une microcontrôleur différent, et certains de mes camarades ont eu une révélation ! Le lien entre l'intégrale mathématique et sa version discrète (une somme d'aire approchée) est devenue limpide. Les cours de traitement du signal sont devenus plus clair. Comme ils avaient manipuler des tableaux d'échantillons discrets dans le microcontrôleurs, les notions de filtrage numérique des cours de Physique ont pris plus de sens également. Idem pour les dérivés sur microcontrôleurs.

En mathématique, pour voir la notion d'approximation par régression linéaire, par exemple, je pense que faire pratiquer les étudiants au travers de Python + affichage d'un nuage de point puis développer le cours théorique + mettre en pratique la méthode des moindre carré, ou autres, peut apporter plus de contraste dans la pédagogie.


A+
Vincent

[Guesset]

Bonjour,

Comme proposé initialement, un manuel d'utilisation, programmation de l'alimentation HM305P (version lite < 2 Mo).

Salutations