Bonsoir,
Envoyé par
JPhi33
Certains auteurs préconisent d'indiquer CIF pour une cardinalité 1,1 lorsque les occurrences du lien entre entités source et cible sont permanentes, c'est-à-dire non sujettes à mise à jour, et DF dans le cas contraire.
C’est effectivement ce qu’on écrit H. Tardieu, A. Rochfeld, R. Colletti dans La Méthode MERISE, Tome 1 Principes et outils. (Les Éditions d’organisation) réimpression de 1989 : La dépendance fonctionnelle est un concept qui s’applique sur un ensemble d’occurrences de relation-type. [...]
La dépendance fonctionnelle ou D.F. inter-individus est un cas particulier de relation binaire. Elle traduit le fait que connaissant une occurrence de l’un des deux individus composant la collection de la relation, on connaît directement une et une seule occurrence de l’autre individu.
Le premier individu est appelé source de la D.F., le second cible ou but. Les cardinalités sont 1,1 ou 0,1 pour les individus-source et sont quelconques (1,1, ou 0,1 ou 0,2 ou 1,n) pour les individus-cible.
La D.F. est dite forte lorsque la cardinalité minimale de l’individu source est de 1. [...] Elle est faible lorsque cette cardinalité est de 0. [...]
La Contrainte d’intégrité Fonctionnelle inter-individus (C.I.F.) est un cas particulier de la D.F. forte inter-individus. [...] De plus, la dépendance doit être stable, c'est-à-dire qu’une fois le lien établi entre deux occurrences, il ne peut être modifié dans le temps.
Commentaires
1) Que la dépendance fonctionnelle soit un cas particulier de relation binaire, pourquoi pas, mais « le fait que connaissant une occurrence de l’un des deux individus composant la collection de la relation, on connaît directement une et une seule occurrence de l’autre individu », cela vaut pour la relation binaire dès lors que la cardinalité maximale est 1 pour les « individus-source ». Dans ces conditions, quelle peut être la vraie raison pour laquelle la dépendance fonctionnelle serait un cas particulier de relation binaire ?
2) Par ailleurs, dans le document de référence :
Le formalisme de données MERISE, Extension du pouvoir d'expression. Journée d'étude organisée par le Groupe de travail 135 « Conception des systèmes d'information » (Collège AFCET-GID), Jeudi 15 novembre 1990. Paris,
l’animateur du Groupe de travail, Y. Tabourier, a écrit à la page 49 :
Rappelons que dans la littérature Merise récente ([Rochfeld/Moréjon 88 & 89] et réimpression 89 de [Tardieu/Rochfeld/Colletti 83]), il a été proposé de dédoubler la notion de CIF en "CIF" et "DF", ces dernières désignant les CIF instables : le Groupe de travail 135 a rejeté ce mélange d’aspects statiques et dynamiques, la question de la stabilité étant traitée à part [...]
En complément, je cite encore Tabourier au sujet de la dépendance fonctionnelle dans le contexte Merise (De l’autre côté de MERISE, Les Éditions d’organisation, 1986) :
Cette appellation présente quelque danger, le terme de « dépendance fonctionnelle » étant utilisé dans le formalisme relationnel dans un sens beaucoup plus large.
Ce que pour ma part je reformulerais volontiers ainsi :
Cette appellation présente quelque danger, le terme de « dépendance fonctionnelle » étant déjà utilisé dans la théorie relationnelle dans un sens très différent, car ne mettant en jeu que les seuls attributs de l’en-tête d’une variable relationnelle (en abrégé relvar, et dont un avatar est la table SQL), et ce dans le cadre très strict d’un système de règles d’inférence portant le nom d’Axiomes d’Armstrong, au cœur de la théorie des dépendances.
3) Pour mémoire, je rappelle que, dans le cadre de la théorie relationnelle, le concept de dépendance fonctionnelle a été défini bien longtemps avant que les auteurs cités plus haut ne le récupèrent et l'accommodent à leur façon. C’était en 1970-1971 : E. F. Codd: Further Normalization of the Data Base Relational Model. IBM Research Report RJ 909, San Jose, California (1971).
Que tirer de tout cela ?
Si l’on suit le Groupe 135, la DF n’exprime qu’une contrainte statique et il en va donc de même pour la CIF considérée comme cas particulier de la DF. Ainsi, le principe de stabilité ne vaut plus pour la CIF, qui est donc ravalée au rang de DF. Ensuite, Tardieu, Rochfeld, et Colletti n’ont pas donné de raison valable faisant que la DF apporte une quelconque valeur ajoutée par rapport à la simple relation binaire, laquelle est automatiquement porteuse d’une contrainte d’unicité (« connaissant une occurrence de l’un des deux individus composant la collection de la relation, on connaît directement une et une seule occurrence de l’autre individu »). Le concept de DF considéré comme cas particulier de relation binaire n’est donc pas essentiel et peut être passé au rasoir d’Ockham. La CIF retrouve son sens originel, à savoir qu’elle permet d’exprimer une contrainte d’unicité entre entités-types, et sa mise en oeuvre ne se justifie que pour les relations-types ternaires et au-delà, comme dans l’exemple ci-dessous, proposé par JPhi33.
Là-dessus, j’enfile mon gilet pare-balles...
Envoyé par
JPhi33
Sans remettre en cause le tutoriel de Dominique Nanci, une simplification de la représentation a été proposée par des auteurs reconnus (Rochfeld, Morejon) :
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
| [ CANDIDAT ]
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1,n
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( compose )--1,1---(CIF)---1,n->[ SALLE ]
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|
1,n
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[ MATIERE ] |
Cette simplification de la notation répond à toutes les contraintes sans perte sémantique.
Tout à fait d’accord. On est en présence d’une ternaire et l’on ne peut pas passer au rasoir d’Ockham la CIF mise en oeuvre, et comme dirait Ted Codd, il n’y a rien qui ne soit pas essentiel dans cette représentation. Qui plus est, dans le cadre de son article de la journée d'étude organisée par le groupe de travail 135, toujours à la page 49, Y. Tabourier présente un exemple tout à fait similaire.
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