Mais moi qui suis un ancien prof, je dirais aussi que depuis les années 1980-90, devant la demande des entreprises, qui voudraient de la main-d’œuvre toute programmée pour faire toujours plus d’économies de formation, on a trop tendance à confondre l’éducation avec l’apprentissage.
C’est un rêve d’ailleurs vain, car, comme on ne sait pas encore ce qu’il faudra savoir sur le marché du travail, si on était totalement pragmatique, il ne faudrait rien enseigner.
Je sais le latin. C’était encore une matière importante, de mon temps. Ça ne m’a jamais servi pour faire du commerce avec les Romains antiques. Mais la pratique d’une langue si différente de la nôtre m’a appris le décalage qui existe entre les idées et les mots pour les exprimer. Ça m’a été très utile pour apprendre d’autres langues, et même pour comprendre ce que je sais de programmation informatique parce que la démarche, qui nécessite pareillement un détour entre la perception intuitive de ce qu’on veut faire et la manière concrète d’y parvenir est singulièrement similaire. Ce que le latin m’a appris, c’est peut-être un peu de ce qu’on appelle l’intelligence.
Mieux vaut avoir un corpus de matières peu sujettes aux variations de la technique et de la mode et que les enseignants ont le temps de bien maîtriser, que de s’affoler à courir après les nouveautés en restant toujours en retard, avec tous les désordres que l’instabilité entraîne. L’enseignement, de l’école au lycée, est un galop d’essai, un entraînement des esprits.
Les enseignants sont conservateurs ? C’est quand même un peu normal de vouloir maîtriser préalablement ce qu’on va devoir inculquer à tout un petit peuple indocile d’enfants. Vous avez essayé d’enseigner quelque chose que vous ne comprenez qu’à moitié et dont vous n’avez pas bien mémorisé toutes les parties ? S'il y a des profs qui savent coder, qu'ils enseignent ce qu'ils savent ; il en restera quelque chose.
Voir aux commandes de pareils inconscients, visiblement dépassés par une réalité qu’ils ne comprennent pas mais prétendent prendre de vitesse, me fait craindre le pire pour le peu qui reste debout dans l’enseignement.
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