Le fait est que le travail du chercheur est très différent de celui de l'ingénieur. L'un crée de la connaissance, le second exploite techniquement celle-ci à condition qu'elle soit directement exploitable.
J'irais plus loin : en dépit de cet "agenda" du chercheur décrit par Bruno Latour (La Vie de Laboratoire, 1979), la recherche ne vise pas spécifiquement des applications -sans quoi l'on ne verrait pas d'intérêt à financer des laboratoires d'astrophysique, par exemple. Pire : dans bien des cas, la recherche s'égare lorsqu'il lui est signifié des objectifs immédiatement rentables. Les retombées techniques d'une découverte sont rarement immédiates : que l'on considère par exemple les retombées de la découverte d'ADN (publication : 1953) et de la synthèse des protéines (rôle de l'ARN à la fin des années 60), rapportées aux "vaccins" à ARNm très actuels.
Bref : la hâte d'exploitation industrielle dont témoignent Neuralink et son propriétaire me rappelle celle de certains laboratoires pharmaceutiques aujourd'hui sur la sellette. Sans être fanatique du "principe de précaution", il me semble que lorsque l'on touche à la vie, il faut être extrêmement prudent et rigoureux. Quant à "augmenter" l'humain, cela ressemble beaucoup de de l'hybris. Mais cette considération n'engage que moi.
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