Des entreprises chinoises collectent les données émotionnelles de leurs employés pour réduire les erreurs humaines,
selon des responsables
Alors que le monde a les yeux rivés sur les scandales d’abus de données en Europe et aux États-Unis, la Chine explore à grande échelle une technologie permettant d’extraire des données émotionnelles des travailleurs. La technologie en question, scanne le cerveau de la personne pour détecter des changements émotionnels tels que le stress, la fatigue, la colère ou la dépression. La collecte de données émotionnelle est déjà application sous différentes formes à travers le monde. Elle peut se faire par l’intermédiaire d’un logiciel d’analyse sentimentale qui se base sur des modèles linguistiques pour analyser des publications sur les réseaux sociaux, des emails, entre autres. La collecte peut aussi se faire par l’intermédiaire de capteurs qui récupèrent des données biométriques comme le rythme cardiaque, la température, etc. C’est ce dernier cas de figure qui est en application en Chine. Pékin est la première nation à l’appliquer à très grande échelle, dans le domaine militaire, dans les compagnies publiques et dans le transport.
Cet outil de surveillance, sous la forme d’un capteur embarqué dans le chapeau du travailleur, surveille les ondes cérébrales pour extraire les données. Elles seront par la suite analysées pour déclencher une alerte. Cette alerte peut permettre aux manageurs d’optimiser le rythme de production et réajuster les charges de travail. « Lorsque le système émet un avertissement, le gestionnaire demande au travailleur de prendre un jour de congé ou de passer à un poste moins critique. Certains emplois nécessitent une forte concentration. Il n'y a pas de place pour une erreur », affirme Jin Jia, professeur agrégé en neurologie et psychologie cognitive à l'école de commerce de l'Université de Ningbo. La ligne de trains à grande vitesse de Beijing-Shanghai, ayant l’un des plus intenses trafics au monde, utilise une implémentation de l’entreprise Deayea. Selon la compagnie, avec une précision de 90 %, le capteur intégré dans le chapeau du conducteur mesure différents types d’activités cérébrales parmi lesquels la fatigue et la perte d’attention. Ainsi, une alarme est déclenchée pour l’alerter, si le conducteur est victime d’un moment d’inattention ou s’endort.
D’après le professeur Zheng Xingwu, qui officie à l’université de l’aviation civile de Chine, la majorité des accidents aériens sont causés par une défaillance humaine suite à une perturbation émotionnelle. La chine serait l’un des premiers pays à faire usage d’un outil de surveillance émotionnelle à l’intérieur des Cockpits. Au sein de l’industrie, la technique est utilisée par exemple pour la formation des employés. « Cela a considérablement réduit le nombre d'erreurs commises par nos travailleurs », a déclaré Zhao, un dirigeant de la société Ningbo Shenyang Logistics. La technologie a permis à la société d’Électricité de l’État du Zhejiang d’augmenter ses gains de près de 2 milliards de Yuans, soit 315 millions de dollars depuis 2014, d’après le responsable interne de programme de surveillance émotionnelle.
L’adoption par les travailleurs n’a pas été systématique. Croyant que l’outil lisait dans leur pensée, ils ont montré des réticences au début avant de s’y habituer. « Après un certain temps, ils se sont habitués à l'appareil. Il ressemblait à un casque de sécurité. Ils l'ont porté toute la journée au travail », selon un responsable. Même si l’outil ne lit pas dans les pensées, un problème d’intrusion dans la vie privée de l’employé se pose. L’analyse émotionnelle est une étape de plus vers le contrôle de la vie privée des personnes par l’intelligence artificielle et augmente le risque d’utilisation négative de la technologie par un état autoritaire. Rappelons que la Chine a lancé depuis 2014, le projet « Social Credit System » pour « récompenser » les citoyens pour leur bon comportement et les « sanctionner » le cas échéant.
Source : SCMP
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