La police chinoise teste des lunettes connectées capables d'identifier les suspects
En scannant les visages et les plaques d'immatriculation
Lorsqu’il s’agit de surveillance de masse, la Chine ne lésine pas sur les moyens. Le pays s’est doté d'un système informatique qui permet d'analyser de vastes quantités de données individuelles. Ces données ont été en partie obtenues en puisant dans les images tournées par les caméras de vidéosurveillance, dont certaines sont équipées de logiciels de reconnaissance faciale. Ainsi, ces données massives recueillies par les autorités sont analysées pour mener des arrestations préventives, notamment dans la région du Xinjiang.
Mais la Chine ne compte pas s’arrêter là puisque le pays a investi en 2017 plus que tout autre pays dans la création de startups d’IA. La taille importante de la population chinoise permettrait aux startups spécialisées dans l’IA de ce pays de bénéficier d’un réservoir de données d’une richesse inégalable et faciliterait dans le même temps leur croissance accélérée.
Ce progrès est bien évidemment mis au service de la sécurité. Selon Reuters, la police chinoise a commencé à tester cette semaine des lunettes connectées capables de scanner le visage d’un conducteur et les plaques d’immatriculation, ces données sont ensuite transmises à une base de données pour identifier les personnes concernées.
Ce scénario digne d’un film de Hollywood est en train de devenir une réalité grâce aux prouesses d’une entreprise chinoise au nom de LLVision, en plus des efforts des autorités pour allier haute technologie et sécurité. En même temps, il ne faut pas oublier que ces outils sont devenus indispensables aux autorités chinoises pour asseoir plus de contrôle social et politique, comme le note David Bandurski.
Si la Chine s’active à développer à grande échelle l’intelligence artificielle, la reconnaissance faciale et les métadonnées, c’est que le pays perçoit dans ces technologies le moyen idéal pour empêcher toute déviation à la ligne imposée par le Parti communiste chinois. Sur Internet, l'appareil de contrôle en Chine est considéré comme plus étendu et plus avancé que dans n'importe quel autre pays du monde. Les autorités gouvernementales ne bloquent pas uniquement le contenu de certains sites, mais elles sont capables de surveiller l'accès à Internet de chaque personne.
L’inauguration de ces nouvelles lunettes connectées a coïncidé ce weekend avec la tenue de la réunion annuelle de l’Assemblée nationale populaire (ANP). Au terme de cette réunion, le parlement chinois a supprimé la limitation à deux du nombre de mandats présidentiels consécutifs, ce qui permet au président actuel Xi Jinping de se maintenir indéfiniment à la tête du pays.
Avant cette réunion, tout a été programmé pour assurer des conditions de sécurité maximale. Ainsi dans l’entrée de la salle de réunion, des caméras scannent, analysent et comparent les visages selon un système baptisé “Skynet”. Grâce à ce système, le gouvernement dispose d’une base de données nationale listant des individus suspects selon les autorités.
En plus de lunettes connectées, les autorités chinoises ne cachent pas le recours massif à la technologie pour assurer la sécurité et certains responsables chinois en sont fiers même. La “black tech” comme elle est appelée, concerne l’utilisation de robots policiers pour le contrôle des foules, des drones pour la surveillance et des systèmes d’IA pour tout traquer sur Internet. « Le scénario du film de science-fiction ‘Minority Report’ est désormais devenu une partie de la vie quotidienne », a écrit le journal Science and Technology Daily, contrôlé par l’État.
À la réunion de l’ANP, les délégués ont applaudi les nouveaux moyens déployés pour la sécurité et se sont réjouis de voir la technologie chinoise si en avance. « C’est une bonne chose, cela signifie que notre technologie est vraiment en avance dans le monde », déclare Lu Yaping, un délégué de la province de Jiangsu.
Mais lorsqu’il s’agit des risques, personne ne s’inquiète puisque cette technologie est utilisée pour de “nobles causes”, comme a dit le PDG de LLVision. Elle sert à arrêter les fugitifs ou les suspects. « Nous faisons confiance au gouvernement. »
Source : Reuters
Et vous ?
Pensez-vous que les autres pays vont suivre le modèle chinois ?
Ces nouvelles technologies ne vont-elles pas mettre à mal les libertés individuelles ?
Voir aussi :
La Chine est le pays qui a investi le plus de fonds dans la création de startups d'IA en 2017 d'après un rapport de CB Insight
La police chinoise utilise le big data pour des arrestations préventives dans la région du Xinjiang d'après l'association Human Rights Watch
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