Il y a des renoncements qui se donnent des airs d'avancées. A la sortie du sommet de l'Eurogroupe, qui réunissait les ministres des Finances des Etats de l'Union européenne (UE) ce lundi 3 décembre, plusieurs dirigeants se sont félicités d'un progrès encourageant en ce qui concerne la taxe sur les transactions financières (TTF).
Maintes fois reporté, cet impôt largement soutenu par l'opinion publique, qui consiste à prélever une petite partie des transactions boursières spéculatives (achat d'actions, d'obligations, de produits dérivés) pour donner aux États des ressources supplémentaires, est devenu un serpent de mer des négociations européennes. A en croire le ministre des Finances allemand Olaf Scholz, une "solution franco-allemande" est maintenant sur la table et pourrait être formulée concrètement en janvier 2019. Son homologue belge a confirmé, évoquant une "évolution positive" sur le sujet.
Sauf qu'en réalité, les dirigeants européens marchent à reculons sur ce sujet depuis cinq ans. Retour en arrière pour mieux comprendre : en 2013, alors en pointe sur le sujet de la taxe Tobin (du nom de l'économiste James Tobin, premier à avoir mis l'idée sur la table en 1972), la France prend acte du fait que généraliser cet impôt à toute l'Union européenne est impossible. En effet,
en matière fiscale l'UE fonctionne à l'unanimité ; il suffit qu'un Etat s'oppose à un projet de mise en place d'une taxe pour que celle-ci soit bloquée. Or plusieurs pays membres de l'UE comme les Pays-Bas, le Luxembourg ou l'Irlande jouent à fond la carte de la concurrence, et font de la clémence de leur régime fiscal un atout économique majeur. Ils s'opposent donc vigoureusement à toute velléité de mise en place d'une TTF. Pour sortir de cette impasse, la France lance en février 2013 une "procédure de coopération renforcée", qui permet à un nombre réduit de pays (minimum 9) d'avancer entre eux sur un sujet.
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