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Au Pied Levé - À Main Levée

III-6. BIBLIOGRAPHIE : CHANGER D’ALTITUDE

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par , 01/04/2020 à 08h00 (556 Affichages)
APL-AML est une monographie fragmentée en plusieurs billets pour des raisons de volume.
Un billet SYNOPSIS et un billet SOMMAIRE agrègent tous les billets du blog via des liens hypertextes.

■ ■ ■ SOMMAIRE DU BILLET ■ ■ ■

Préface de Matthieu RICARD
Avant-propos
  • Prisonniers des vents de la vie ?
  • Contrôler… mais quoi ?
  • Mieux fonctionner sans contrôle ?
  • Stress ou fatalisme ?
  • Comment lâcher du lest ?
  • Quelle réalité ?
  • L’hypnose, technique ou philosophie
  • À quoi servent les crises ?
  • Y-a-t-il une pédagogie de l’épreuve ?
  • Religion ou spiritualité
  • Y-a-t-il un autre monde ?
  • Vers une écomanité
CHANGER D’ALTITUDE
Quelques solutions pour mieux vivre sa vie
(Bertrand PICCARD - 2014)

Préface de Matthieu RICARD
Docteur en génétique cellulaire, moine bouddhiste tibétain, auteur et photographe


Bertrand a su transmuer ses rêves en réalité à force d’imagination, de créativité, de persévérance et de courage. Velideltiste et aéronaute, Bertrand nous confie ses réflexions sur son expérience et métaphorise les leçons de vie fécondes qui l’ont enrichi et qui lui ont inspiré nombre de citations philosophiques très fortes, sans jamais perdre de vue l’aspect pragmatique de leur mise en œuvre.

Expérience : Bertrand s’insurge contre la quête de la maitrise et du contrôle, de la réponse à toutes les questions, de la construction de certitudes rassurantes ou d’explications toutes faites :

  • « Nous devons nous libérer du joug des idées préconçues. »
  • « La liberté, la vraie, ne consiste pas à pouvoir tout faire, mais à pouvoir tout penser. À penser dans toutes les directions et à tous les niveaux à la fois, sans aucune restriction. »

Leçons de vie : La peur de l’inconnu s’estompe si nous disposons des ressources intérieures nous permettant de faire face aux aléas de la vie. Chaque instant qui passe est étroitement lié à notre façon d’interpréter le monde.

La liberté intérieure permet de savourer la simplicité limpide du moment présent, libre du passé et affranchie du futur. Une telle liberté permet d’accepter les choses avec sérénité, c’est aussi une manière d’utiliser toutes les circonstances de la vie, favorables ou adverses, comme facteurs de transformation personnelle.

En situation de crise, plutôt que d’en combattre les risques et les dangers, comme nous l’avons appris, préférons entreprendre des actions, saisir et exploiter les opportunités.

Avant-propos

En état d’invulnérabilité, protégé par nos convictions et par nos certitudes, on peut préférer se rassurer et regagner sa zone de confort plutôt qu’accepter la faille qui permet à la remise en question de s’insinuer en nous.

Les convictions sont souvent des prisons alors que les interrogations sont porteuses d’ouverture, encore faut-il pour y répondre avoir le courage de poser les questions.

Comment s’orienter dans les aléas des vents de la vie, comment se découvrir et s’améliorer ? Je puise les réponses dans mon expérience de l’hypnose, la communication, la gestion de crise, la religion, la spiritualité.

Quand vous aurez refermé ce livre, je vous propose de me faire part de vos impressions. Certains passages sont-ils obscurs, des idées trop péremptoires, des exemples peu convaincants ? N’hésitez-pas à me dire comment être plus clair, plus utile aux lecteurs. De cette façon-là, c’est avec vous que j’écrirai le prochain ouvrage…

Bertrand PICCARD

Prisonniers des vents de la vie ?

Les vents de la vie… La vie nous offre tous les dégradés entre la beauté et la laideur. Il nous appartient donc de développer des stratégies. En lutte contre la réalité de l’existence qui désagrège nos rêves de bonheur, nos espoirs de succès jusqu’à finalement n’avoir jamais existés, nous construisons petit à petit notre zone de confort.

La peur de l’inconnu… Notre peur de perdre le contrôle nous pousse à construire des certitudes, à résister aux changements, à nous battre pour obtenir ce que nous voulons. Mais plutôt que d’être conditionnés dans nos certitudes, il faudrait saisir qu’il existe des milliers de manières de penser, des milliers de réalités différentes.

Zone de confort… Il n’y a plus de place dans notre société pour l’incertitude, l’être humain veut à tout prix remplir tous ses doute par des explications. Comment pouvons-nous ambitionner d’être créatifs et innovants tandis que nous demeurons dans la zone de confort qui nous confine à nos habitudes, nos convictions, nos certitudes.

À l’intérieur de notre place forte, nous continuons à empiler nos certitudes, nos habitudes, nos convictions. Nous renforçons les remparts qui doivent nous défendre de ce que nous ne pouvons pas contrôler. Nous élaborons une vision fragmentaire de l’existence qui correspond à nos références internes.

Sous le joug des croyances… La plupart du temps, nous devenons prisonniers de notre propre façon de penser et de comprendre l’existence. À vouloir tout contrôler, à éviter, voire à détester l’inconnu, nous n’aurons pas acquis les outils qui nous permettrons de rebondir. Nous ne saurons même pas où aller les chercher. Les béquilles sont utiles dès qu’elles compensent un handicap. Si marcher nous suffit, elles nous aideront. C’est seulement si nous voulons courir qu’il faudra soigner le handicap et lâcher ses béquilles…

Contrôler… mais quoi ?

Se contrôler soi-même… Le seul moment où l’on peut changer quelque chose, c’est l’instant présent, celui que l’on est en train de vivre. Il n’y a plus de passé, ni avenir, plus d’association d’idées pour parasiter notre cerveau, ni d’automatismes pour diriger notre vie. C’est en apprenant à contrôler notre état de conscience dans l’instant que nous devenons pleinement performants. La prise de risque casse les automatismes et les carcans de pensée, l’ouverture à l’inconnu est une des voies de l’éveil de soi qui stimule notre créativité.

Notre peur viscérale de l’inconnu et notre besoin effréné de sécurité anesthésient nos performances. Notre éducation ne nous apprend plus l’importance de la responsabilité individuelle, de la prise de décision, de la gestion du risque, de la confrontation au danger, du dépassement de soi. Notre quête est celle de la maîtrise et du contrôle, de la réponse à toutes les questions, de la construction de certitudes ou d’explications toutes faites. Ce prêt à penser érode notre faculté d’adaptation, notre liberté intérieure ou conscience.

Philosophie de la prise de risque… le plus grand risque dans l’existence est d’accepter la vie telle qu’elle est, en fonctionnant comme nous l’avons toujours appris et en continuant à dormir dans les habitudes et les certitudes que nous appelons à tort la réalité.

Lors d’un moment de rupture, plongé dans le monde de l’imprévu, de l’improvisation, du doute, de l’intuition, de la sensation, soit nous écoutons la voix de la sécurité, de la raison, de l’immobilisme, soit nous écoutons la voix de la confiance en nous, dans la vie, dans le mouvement, le changement, l’évolution, la prise de responsabilité et de risque. Dans ce dernier cas, nous ressentons d’abord l’effet physique d’une décharge d’adrénaline qui fournit l’énergie au corps pour réagir puis la réaction psychologique qui dope la performance par l’augmentation de la conscience de soi et permet d’accomplir ce que nous ne pensions jamais être possible. Cette capacité à rendre plus intense le temps qui passe nous permet de créer le recul nécessaire pour puiser en nous les ressources dont nous avons besoin et faire face à la situation.

L’éveil à soi-même… La conscience de soi, augmente notre faculté de concentration et notre rapidité de réaction. On se sent agir avec précision et concentration, on ne ressent pas seulement intellectuellement mais aussi et surtout physiquement, notre corps devient un outil de perception à part entière.

Nous apprenons à compter davantage sur nous-même que sur l’extérieur, à gérer les situations stressantes du quotidien, à maitriser les imprévus et les risques. C’est en apprenant à contrôler notre état de conscience dans l’instant présent que nous devenons pleinement performants, que nous développons une certaine intuition de l’essentiel.

Quand on se retrouve dans le monde de l’imprévu, de l’improvisation, du doute, de l’intuition, de la sensation, il devient alors impossible de fonctionner comme dans la vie habituelle avec ses certitudes, ses inhibitions, ses automatismes, ses carcans de pensées. On apprend à se sentir à l’aise dans les imprévus et les risques inhérents à la vie, on acquière une faculté de concentration et une rapidité de réaction.

Mieux fonctionner sans contrôle ?

Apprivoiser l’inconnu… Nous avons peur de l’inconnu parce que nous ne savons qu’en faire. Le silence, la page blanche sont des ruptures dans le flot ininterrompu des informations que notre cerveau reçoit. Tout cela est même vécu comme une menace pour l’équilibre souvent fragile que nous avons réussi à construire.

Nous avons appris à maîtriser ce qui se trouve à l’intérieur de notre zone de confort, pas à apprivoiser l’inconnu, à accompagner, pour les utiliser, les événements qu’on ne peut pas changer. Il y a donc deux attitudes face à l’inconnu, l’évitement en continuant à empiler nos certitudes, nos habitudes, nos convictions, ou l’aventure, c’est-à-dire la recherche de nouvelles ressources pour démystifier la perte de contrôle et s’enrichir d’une expérience différente afin de gagner en performance.

Sortir de ses repères commence souvent par un moment de peur puis curieusement, l’incertitude nous permet une ouverture sur l’instant présent ; il faut tout voir et tout sentir à la fois, tout faire à l’instant juste. Mais comment est-il possible de produire soudain des comportements et des solutions que nous n’avons jamais appris ? Comment peut-on se mettre à mieux fonctionner lorsqu’on perd sa capacité de contrôle, que l’on se retrouve en gestion de crise permanente ? Le pilote automobile Mario Andretti disait : « si vous garder le contrôle de votre voiture, c’est que vous n’allez pas assez vite. » Cet état d’ouverture totale nous maintient lucides, vigilants, concentrés et plus efficaces que dans la vie ordinaire. Nous acquérons une sorte de confiance, d’acceptation de tout ce qui arrive, les doutes et les points d’interrogation que nous utilisons même pour stimuler notre capacité créatrice.

L’aventure est un état d’esprit… L’aventure est une crise que l’on accepte afin de nous libérer de nos certitudes, un état d’esprit face à l’inconnu. C’est cette saveur qu’on vit, qu’on ressent, qu’on éprouve, qui donne envie de chercher la suite du chemin. Nous ne nous contentons plus de reproduire automatiquement ce que nous avons appris. Hors de notre zone de confort, lorsque nous perdons le contrôle, la conscience de nous-mêmes dans l’instant, l’intuition, les ressources dont nous avons besoin et que l’on trouve en nous, nous rend alors capables pour évoluer de produire de nouvelles solutions, des attitudes, des stratégies, des comportements inédits.

Notre volonté de contrôle par manque de confiance et d’intuition nous fait souvent manquer les cadeaux de l’existence. On croit être performant en apprenant à tout contrôler dans l’instant alors que la perte de contrôle peut déboucher sur une performance beaucoup plus élevée, une conscience de nous-même dans la vie, encore plus durable.

Stress ou fatalisme ?

Nous battre contre le vent ?... Le stress n’est pas le contraire de la sérénité mais le contraire du fatalisme. S’évertuer à changer ce qui ne peut pas l’être gaspille notre énergie en la transformant en stress. Faut-il alors se battre ou préférer accompagner, voire amplifier la situation ?

Notre besoin de contrôle nous fait dépenser 100% de notre énergie pour finalement ne parvenir à planifier que 20% de ce qui nous arrive. 80% d’imprédictibilité consomme notre énergie en stress et en souffrance au lieu d’être utilisé comme une occasion d’évoluer, de nous améliorer, de gagner en flexibilité, en créativité, en performance. Plutôt que de subir tout ce qui se trouve hors de notre contrôle, il faut apprendre à utiliser l’imprévu à notre avantage.

Aller avec la situation… La vie est remplie de ces situations que nous ne pouvons pas changer mais que nous pouvons utiliser à notre avantage. Ainsi, pour créer un conflit, il faut être deux. Il faut une résistance chez l’un qui stimule la combativité de l’autre. Sans résistance, pas de combat. En allant dans le même sens que l’adversaire, voire en amplifiant le différend, ce dernier n’a plus besoin d’attaquer ni de se défendre.

Convaincre un interlocuteur revient à utiliser beaucoup d’énergie pour lutter contre la partie de lui qui a tendance à refuser. Vouloir changer l’autre est illusoire, seule est possible une alliance dans une compréhension mutuelle, une entente avec la partie de l’autre qui est prête à accepter. Comprendre l’autre, ses différences et le respecter est une force, pas seulement une valeur morale mais aussi un outil relationnel. Le psychiatre américain Bettelheim appelait ceci : « Arriver à se mettre dans les chaussures de l’autre. »

Comment lâcher du lest ?

Changer ce qui peut l’être… Gagner en liberté ne consiste pas à acquérir quelque chose de nouveau mais à se débarrasser de quelque chose d’ancien. Nous devons lâcher du lest, nous débarrasser des croyances et autres certitudes qui nous alourdissent. Autrement dit, nous devons devenir les pionniers de nos vies, pour remettre en question notre façon de penser et de réagir, pour nous affranchir de notre peur de l’inconnu.

Nous devons changer socialement psychologiquement, philosophiquement et bien sûr spirituellement, afin de capter des idées neuves, nous ouvrir à d’autres influences, d’autres solutions, réponses et stratégies, d’autres visions du monde, qui modifieront notre trajectoire et nous aideront à modifier le cours de notre existence.

Lâcher du lest… Notre société nous leste de sécurité, d’habitudes, de certitudes, de repères, de convictions, croyances, paradigmes et autres dogmes. On constate souvent que la créativité et l’innovation ne viennent pas de l’intérieur du système, car ce dernier se trouve trop sclérosé par les aprioris pour pouvoir inventer quelque chose de nouveau. Les spécialistes sont certains qu’il est impossible de fabriquer autre chose que ce qu’ils savent faire, les non-spécialistes l’ignorent et peuvent donc essayer… et réussir.

Le contraire de nos habitudes… La vie n’est pas binaire : contrôler ou non, accepter ou refuser. Une troisième voie nous offre la possibilité de capter des idées neuves, nous ouvre à d’autres influences, d’autres solutions, réponses et stratégies, d’autres visions du monde. Pourquoi gaspiller notre énergie à convaincre les autres qu’ils ont tort plutôt que d’essayer d’utiliser leurs idées pour enrichir notre propre existence, accroître la compréhension de nous-même, des autres, de la vie.

Ne pas réfléchir systématiquement dans la même direction mais envisager la possibilité de tout penser et de tout faire, y compris l’inverse de ce que l’on a toujours appris, crée une ouverture d’esprit et nous permet soudain d’augmenter notre liberté de penser.

La réussite arrive si l’on essaye une fois de plus que le nombre d’échecs ; à condition bien sûr de sortir de sa zone de confort, d’essayer chaque fois autrement et par d’autres moyens. Sinon, cela s’appelle de l’acharnement et non de la persévérance. Le pire n’est pas de rater, mais de ne rien essayer.

À quoi peut-il bien servir de se cantonner à écouter des gens qui pensent comme nous, sinon à se rassurer en nous lestant encore davantage de ces convictions et de ces idéaux qui ne nous appartiennent souvent même pas, mais qui viennent subrepticement de notre éducation, de l’influence de notre famille de nos amis ou enseignants, avant de se figer dans notre inconscient.

Quel crédit pouvons-nous accorder à quelqu’un qui n’a qu’une seule façon de réagir, des habitudes et des avis bien établis ? Ce qui est passionnant, c’est d’écouter des arguments opposés aux nôtres et d’affaiblir ainsi peu à peu nos propres convictions.

Il n’y a pas de performance, d’efficacité, de véritable capacité de décision et d’action sans la liberté d’abandonner ses convictions, de raisonner en dehors de tout ce que nous avons appris, de tout ce qui nous a conditionnés à être ce que nous sommes.

La liberté de tout penser… Il est plus important d’apprendre comment penser que quoi penser. Les différentes visions du monde devraient être mises en évidence tout comme les opinions divergentes. Nous ne pouvons pas être libres tant que nous n’avons pas devant nous, à notre entière disposition, la totalité des possibilités de penser et de fonctionner. Si une idée émise par quelqu’un d’autre, ou parfois par nous-mêmes, arrive encore à nous froisser, c’est que nous ne sommes pas libres.

Être libre, avoir l’esprit pionnier, c’est :

  • Faire systématiquement un peu plus ou un peu différemment que ce que nous avons l’habitude de faire ; faire l’inverse de ce que l’on a spontanément envie de faire ; admettre en tout temps que l’on a peut-être tort et que l’autre a peut-être raison. Cela ne change pas le monde mais nous, si.
  • Stimuler l’imagination mais surtout la capacité à ne pas rejeter d’emblée ce que l’on ne comprend pas, afin de développer les facultés indispensables pour trouver sa place dans un monde globalisé qui requiert de plus en plus de flexibilité et de moins en moins de certitudes.
  • Apprendre à ne rien faire sans comprendre pourquoi on doit le faire.
  • Sortir des sentiers battus, des certitudes et des habitudes, pour prendre les chemins de traverse, entrer dans l’inconnu, les doutes et l’incertitude, saisir toutes les occasions de faire ce que les autres n’osent pas ou n’arrivent pas à faire.
  • Utiliser les points d’interrogation afin de stimuler notre créativité et inventer de nouvelles solutions, transformer l’impossible en possible.
  • Ne rien garder par habitude ou par automatisme, ne rien conserver sans avoir au préalable envisagé de nous en débarrasser. Même nos valeurs les plus chères n’acquièrent de sens que si nous avons envisagé de les trahir. Ainsi nous saurons véritablement pourquoi nous avons décidé de les conserver.
  • N’éprouver aucune émotion négative à l’écoute d’une idée contraire à la sienne.
  • Faire preuve d’une ouverture qui rend possible le fait de percevoir une autre réalité sans se sentir agressé, sans la rejeter d’emblée comme quelque chose d’exclu.
  • Capter des idées neuves, nous ouvrir à d’autres influences, d’autres solutions, réponses et stratégies, d’autres visions du monde.

Un peu de provocation ?... Les dogmes éducatifs, moraux et autres sont des boulets à traîner, des handicaps émotionnels et relationnels pour la vie entière. La provocation est une nécessité pour évoluer dans notre façon de réfléchir, pour atteindre davantage de liberté intérieure, mais elle doit être faite avec bienveillance et ne s’adresser qu’à ceux qui ont les capacités pour comprendre.

Pour être responsable de sa vie, il faut choisir, il faut décider, avec la liberté d’imaginer tout et son contraire, de remettre en question ses valeurs les plus profondes, quitte à les conserver si c’est avec elles que nous voulons faire notre vie.

Mais arrive-t-on à envisager le contraire de nos certitudes s’il s’agit d’un sujet qui occupe toute notre vie ? La réponse à cette question, révèle la difficulté d’arriver à une complète liberté intellectuelle et émotionnelle. Certaines personnes préfèrent souffrir toute leur vie en conservant leurs principes et leurs dogmes plutôt que de changer leurs certitudes.

Quelle réalité ?

Dans notre rapport à l’autre, nous devons abandonner l’idée d’une réalité unique et comprendre la communication comme un partage d’expérience et non comme un échange d’informations.

Chacun fabrique l’autre par projection. Il s’en suit un décalage qui peut devenir abyssal. Ce que nous croyons être un dialogue entre deux individus n’est en réalité que deux monologues. Le premier a lieu entre lui-même et son imaginaire et le second entre son interlocuteur et son propre imaginaire.

La projection peut être positive ou négative se faire par idéalisation ou par rejet. Dans les deux cas, ne pas en être conscient engendre une bonne partie de nos problèmes relationnels.

En réalité, il importe moins de savoir ce que pense, ce que dit quelqu’un que pourquoi il le pense, il le dit. Les désaccords peuvent faire peur et il est très confortable d’être d’accord, les similitudes rassurent mais ça ne sert à rien. Chacun a de bonnes raisons de dire ce qu’il dit en fonction de son vécu. On s’enrichit mutuellement au contact du vécu de l’autre. Rejeter les divergences, chacun prouvant qu’il a raison et l’autre tort, rend les relations difficiles, voire même inutiles. Il ne s’agit nullement de se renier soi-même pour subir l’influence de l’autre, mais bien d’ajouter, aux compétences que nous avons déjà, une nouvelle compétence ou une façon différente de percevoir un problème.

Il y a trois règles pour construire une relation :

  1. Parler de son ressenti… Lorsque l’on dialogue, nous n’avons pas à juger le comportement de l’autre, la règle d’or consiste à exprimer ce que l’autre provoque en nous, ce que nous ressentons vis-à-vis de son attitude.

  2. Partager des expériences… On communique véritablement quand on partage des expériences personnelles, pas quand on transmet des informations.

    Si nous n’apprenons rien de nouveau sur l’autre ou sur nous-même dans une discussion, ou que pire encore notre seul but est de persuader l’autre qu’il a tort, nous ne communiquons pas, nous transmettons des informations qui ne peuvent que susciter le rejet de quelqu’un de différend et l’approbation de quelqu’un de similaire.

    Une expérience est unique ; elle appartient à celui qui en fait part et à personne d’autre, jusqu’à ce que l’interlocuteur en saisisse le caractère spécifique. Il est donc important pour faire passer notre message d’expliquer simultanément d’où provient notre avis et sur quelle expérience nous nous fondons car soit notre discours devra être décodé puis interprété, soit il sera associé à des images, des émotions ou représentations personnelles qui peuvent se révéler différentes des nôtres.

    Les mots, les phrases sont certes perçus mais leur sens n’est pas identique pour l’émetteur et le récepteur. La transmission de notre pensée subit plusieurs déformations :
    • Une idée ou un ressenti qui passe dans notre conscience est d’abord traduit en mots,
    • Communiqués à notre interlocuteur, ce dernier comprend, filtre les mots comme il peut et les retraduit en idées ou ressentis,
    • Il s’en crée pour finir une représentation mentale qu’il intègre en fonction de son propre vécu.

    À défaut d’expériences communes, nous essayons de construire la situation dans notre imagination.

  3. Réaliser qu’il y a autant de réalités différentes que d’individus… Cela signifie que la plupart des conflits sont aussi vains qu’inutiles. Comme nous négligeons de nous enquérir de ce que l’autre comprend, nous vivons régulièrement dans des mondes parallèles. Il nous appartient de choisir si nous préférons résister face à des manières différentes de fonctionner ou développer la liberté de découvrir d’autres façons de penser.

Les outils qui nous aident à mieux communiquer :

  • la métaphore… Au-delà des mots, l’usage de la métaphore, ou de la parabole, permet de s’adresser simultanément à différentes personnes aux vécus disparates. Elles n’en tireront pas une compréhension intellectuelle, rationnelle, mais plutôt la sensation que le sujet touche en elles quelque chose d’authentique.

  • le recadrage… Pour se faire comprendre sans être englobé dans la vision du monde de son interlocuteur, le recadrage modifie subtilement le contexte d’une situation pour lui permettre de prendre un sens différend. Dire par exemple que la mort est le contraire de la naissance plutôt que le contraire de la vie, offre un autre point de vue. Le recadrage amène celui qui est prisonnier de sa vision du monde à changer son angle de vue, sa façon de voir les choses, en découvrant qu’il existe d’autres vérités que la sienne, d’autres solutions.

  • la métacommunication… C’est comme un double recadrage qui permet d’expliciter ce que disent les interlocuteurs en resituant leur discours dans différents contextes. Face à un dilemme, une dispute insoluble, s’accorder sur le fait de ne pas parvenir à s’entendre est un premier pas que chacun fait l’un vers l’autre, à partir duquel il devient parfois possible de faire jaillir quelques concessions.

  • les perversions de langage… L’un des grands pièges de la communication est l’intrication de niveaux logiques différents. Dire par exemple à un enfant qu’il n’est pas gentil sous prétexte qu’il veut aller jouer dehors plutôt que de faire ses devoirs. Une question de discipline n’a rien à voir avec la gentillesse. Ce sont des perversions de langage manipulatrices qui prennent habituellement la forme de chantage affectif, de double bind, de « double lien ». On enferme l’autre dans un dilemme impossible à résoudre.

  • la recherche de situations gagnant-gagnant… Si l’on ressort gagnant sur notre interlocuteur, c’est qu’on l’a manipulé ou abaissé. À l’inverse, si c’est l’interlocuteur qui ressort gagnant, on en souffre d’en être la victime. Le but d’une relation devrait toujours être de construire une situation win-win (« gagnant-gagnant »).

L’hypnose, technique ou philosophie

L’autohypnose, cette faculté de concentration extrême est un premier pas vers l’hypnose, laquelle est un moyen de calmer notre peur de l’inconnu, de stimuler notre confiance en la vie, d’approfondir notre relation à nous-mêmes et de développer nos ressources intérieures.

La mise en transe… La base de l’hypnose est un phénomène de dissociation induit par un moment de rupture, la transe hypnotique. Il s’agit en utilisant les ressources de notre psychisme, de créer une faille dans notre système de défense intellectuel pour faire décrocher le côté rationnel, pour court-circuiter notre fonctionnement automatique, notre besoin inné de tout contrôler.

L’observation de soi-même est la première étape de la connaissance de soi et de la découverte de nos ressources intérieures, de notre faculté de nous dissocier pour interagir avec nous-mêmes et modifier certaines de nos sensations, de nos émotions, de nos comportements.

Lorsque nous entrons en hypnose, c’est notre monde intérieur qui devient le sujet de notre concentration. Ce que nous observons change par conséquent du tout au tout. C’est ce qui permet d’induire une transe.
L’hypnothérapie est axée sur le résultat, pas sur l’explication. Le patient va rapidement mieux mais sans en comprendre la raison alors qu’en psychanalyse, il peut continuer à aller mal, mais en comprenant pourquoi.

Safe place… Il ne s’agit pas pour notre intellect de trouver une idée ou un souvenir sympathique, mais bel et bien pour notre être tout entier d’éprouver, sous forme de sensation réelle, l’expérience positive associée à cette idée ou à ce souvenir. Il faut ensuite répéter l’exercice jusqu’à arriver à s’imprégner de ce confort et de cette sécurité pour les relier à un geste ou un mouvement qu’on nomme ancrage. Cet ancrage permet de retrouver notre safe place (sécurité intérieure) chaque fois que nous en aurons besoin ou envie.

À partir de là, nous pouvons nous mettre à utiliser l’état hypnotique non plus seulement pour vivre un moment rassurant, mais pour travailler sur un but à atteindre, pour amplifier une safe place au point de pouvoir y diluer la douleur ou le stress liés à un problème. On peut dissocier une partie du corps d’une autre pour induire une analgésie.

L’hypnose est interactive… L’hypnotiste doit faire confiance à la fois à sa propre créativité et aux ressources de son patient, à son inconscient. Il participe à l’expérience hypnotique en entrant lui-même en transe légère afin de ressentir les effets de ce qu’il suggère ; pour être plus créatif également dans la qualité de ses interventions et s’adapter plus étroitement à la sensibilité et au besoin du patient.

Avant de sortir de transe, le thérapeute va suggérer au patient de laisser sa sensation de confiance et de force revenir à chaque fois qu’il en aura envie ou besoin. C’est le principe de la suggestion post-hypnotique pour inscrire l’efficacité de la séance sur la durée et pas seulement dans l’instant.

Avant l’avènement de l’hypnose ericksonienne, l’inconscient était considéré comme la poubelle où se refoulaient les fantasmes et émotions inavouables. D’autoritaire et directive autrefois, l’hypnose est devenu permissive et introspective avec des thèmes récurrents : la safe place, la dissociation, la suggestion hypnotique et post-hypnotique, l’accompagnement, la transe négative, l’hypnose informelle ou conversationnelle.

Le plus utilisé en thérapie est la dissociation dans le passé (« régression »), pour résoudre les séquelles de problèmes anciens, ou dans le futur (« progression en âge »), pour anticiper des solutions.
Régression dans le temps… Certaines angoisses ou dépressions de l’adulte peuvent être vues comme des appels à l’aide de l’enfant d’autrefois qui n’a pas pu trouver, sur le moment, de réconfort ou d’explication à sa souffrance.

Comment vivre sa vie d’adulte si on a souffert jadis du comportement pervers ou violent de son entourage ? Comment trouver sa place ? Comment se libérer d’une ancienne souffrance quand elle est réactivée par toutes les situations du présent ?

La guérison psychique fait appel à une acceptation consciente. Cela passe par une verbalisation et une démystification des faits pour les dissocier du vécu. À l’inverse, de nombreuses séquelles naissent de l’impossibilité de s’exprimer, d’où le refoulement de l’émotion qui ressort en symptômes anxio-dépressifs.
Progression dans le temps… La dissociation dans le futur ou progression en âge permet de corriger la tendance habituelle consistant à projeter des problèmes dans l’avenir sans projeter les solutions qui permettront de les résoudre. Il s’agit alors d’utiliser sa safe place pour éviter la panique et régler les problèmes plus calmement… et efficacement.

Le travail en hypnose ou autohypnose consiste à imaginer tous les détails du processus, du chemin, pour atteindre le but et y associer de l’énergie positive, du plaisir, de la compétence, de la motivation, de la persévérance.

Hypnose négative… Pratiquer l’hypnose négative consiste à supputer des lendemains catastrophiques en totale inadéquation avec la réalité. L’autosuggestion post-hypnotique installe dans l’inconscient ce que l’on appelle une prophétie autoréalisante. La thérapie s’appliquera à modifier la dissociation pathologique.

D’une certaine façon, les addictions et les fantasmes sont des transes qui induisent une hypnose négative. De tels comportements s’expliquent par une perte du fonctionnement rationnel pour tomber sous l’emprise d’une partie dissociée de soi-même qui est emportée par ses propres pulsions.

En état de fragilité émotionnelle, tout ce que l’on capte, tout ce que l’on voit, tout ce que l’on entend, tout ce que l’on ressent, s’apparente à une graine qu’on plante et qui va germer.
Un mode relationnel… L’hypnose n’est pas une technique mais un mode relationnel différent avec soi-même, avec les autres et avec son environnement. Le thérapeute doit rompre avec ses automatismes, oublier l’anamnèse traditionnelle et acérer sa créativité pour esquisser dès les premières minutes de la première séance la preuve d’un changement possible. Une simple phrase peut suffire pour abandonner de vieilles convictions. On appelle cela l’« hypnose conversationnelle ».

Accompagner le problème… Les fantasmes ne créent pas la réalité. Refouler ses pensées, mêmes les pires, ne crée que des problèmes supplémentaires. En les combattant, elles resteront en embuscade, en étant honnête et transparent avec soi-même, on en est que plus libre pour s’en affranchir.

L’importance du paradoxe… On utilise le paradoxe, qui fonctionne en dehors de la loi, de la norme, pour obtenir autre chose que la réponse conventionnelle à laquelle on peut s’attendre.

Soigner une globalité… Il assez vain de combattre un symptôme compris comme quelque chose d’extérieur. Intégré dans la globalité du patient, le symptôme n’est plus un ennemi mais simplement une partie du patient. Il sera plus aisé de voir le patient changer son symptôme (ou plutôt son problème), pour le laisser disparaitre.

À quoi servent les crises ?

Le stress est-il bénéfique ou néfaste ?… La construction de notre équilibre personnel ou collectif, à travers la recherche de repères, l’acquisition de convictions, la mise en place d’habitudes ne nous donne aucune raisons de suspecter qu’il existe d’autres manières de vivre et de penser. Mais que se passe-t-il si un événement imprévu attaque le système ? Réagissons-nous comme notre système immunitaire, par la fabrication d’anticorps ?

Un peu de stress nous rend plus efficaces mais trop nous fait basculer dans la crise qui déborde nos défenses et qui durera aussi longtemps que nous nous accrocherons aux repères que nous avons perdus. La routine endort, la crise réveille et stimule, nous force à changer, à vieillir, à modifier notre existence.

Se battre ou s’enliser ?... La peur de souffrir est pire que la souffrance, la seule façon de la faire diminuer est de l’accompagner. Nous avons trop tendance à nous battre pour retrouver le passé plutôt que pour construire un avenir meilleur. La rumination nous enferme dans le passé alors que l’acceptation nous ouvre les portes de l’avenir. Quel est l’intérêt de se retrouver au même niveau qu’avant sans avoir progressé ?

La vie tout entière doit être perçue comme une grande aventure, dont les crises et les malheurs, autant que les espoirs et les réussites, nous forcent de façon irréversible à accepter une autre relation avec l’inconnu, à débloquer des situations figées, à développer de nouvelles ressources qui nous ouvrent de multiples options, de multiples façons de réagir et de voir l’avenir.

Débloquer des situations figées… Les habitudes deviennent impossibles à changer une fois qu’elles se sont rigidifiées dans nos vies sociales, relationnelle, professionnelle, conjugale. Notre société croit tellement aux bienfaits de la possession matérielle qu’elle se sent désarmée face aux émotions dont elle ne sait que faire. Les situations que nous ne pouvons pas changer ont le pouvoir de nous faire changer. Les ruptures et les crises induisent un déséquilibre qui nous permet d’avancer, d’entreprendre, de saisir des opportunités. Elles forcent le dialogue, la recherche d’explications ; elles nécessitent de lâcher le lest de notre amour-propre, orgueil, méfiance, peur du changement, etc.

Y-a-t-il une pédagogie de l’épreuve ?

La souffrance, un tabou ?... Certaines personnes évoluent grâce à leur souffrance tandis que d’autres sont cassées. Il y a deux attitudes face aux épreuves :

  • La conviction de souffrir « à cause de » quelque chose, avec le combat qui s’ensuit pour refuser le changement envers et contre tout,
  • La conviction de souffrir « pour » quelque chose, dans le sens d’une ouverture au changement, à l’inconnu, à une possibilité d’évolution. Le sens de l’épreuve se révèle le plus souvent après coup.

Sens et souffrance… La souffrance ou les épreuves de la vie peuvent s’envisager comme des étapes maturatives et constructives de la personnalité. Elles forcent l’être humain à reprendre sa vie en main et à accroître sa responsabilité personnelle face aux événements.

La pédagogie de l’épreuve est une nécessité sur le chemin de l’ouverture à la dimension spirituelle. Religions et philosophies servent de refuge. « Le christianisme n’a pas pour but de supprimer la souffrance mais de lui donner un sens - Simone Weil ». Mais dans notre monde occidental c’est comme si un anathème frappait les préoccupations spirituelles et religieuses.

Qu’apprend-on de la souffrance ?... Chercher un sens à l’épreuve permet :

  • De supporter plus facilement les traumatismes,
  • De trouver des conséquences positives,
  • De développer une plus grande force intérieure, une plus grande conscience personnelle (self-awareness),
  • De changer son système de valeurs,
  • D’augmenter son empathie,
  • De prendre confiance en sa capacité à résoudre les problèmes du futur,
  • De développer des préoccupations d’ordre éthique, philosophique ou spirituel,
  • De découvrir des notions comme l’amour, la tolérance, l’harmonie, la foi, la spiritualité, la richesse profonde, la confiance, la religion, la sérénité, la compréhension, l’acceptation, etc.

Sur un plan plus général :

  • « les crises sont indispensables à l’évolution des sociétés humaines et des connaissances scientifiques - Thomas Samuel Kuhn, philosophe ».
  • « Il y a des crises qui élucident, des crises qui stimulent, des crises qui nous renouvelles - Karl Abraham, psychiatre ».

Plus la crise est grave, plus nous voyons la petitesse de ce que nous trouvons important. La mort serait-elle alors la libération suprême ? C’est lorsque notre bonheur terrestre ne nous comble plus que nous sommes obligés d’aller chercher de l’aide sur le plan spirituel. On peut comprendre les mécanismes de défenses psychologiques comme une façon de chercher à éviter la souffrance, et la prise de conscience spirituelle comme une façon de l’accepter.

Religion ou spiritualité

Trop de dogmes… La religion représente les règles humaines mises en place par des institutions pour encadrer la pratique de la spiritualité, qui elle, émane d’un niveau qui dépasse les humains.

Quelles que soient nos vertus humaines, nous passerons tous par la maladie, le deuil, le vieillissement et la mort. En proposant des réponses terrestres, au niveau humain, pour comprendre le bien et le mal, la vie et la mort, la religion se limite à faire perdurer une pratique millénaire. Chaque église propose des réponses différentes pour des questions identiques mais leurs réponses auront peut-être le don de nous soulager de nos angoisses existentielles ou de notre peur de la mort.

Au-delà des religions… Comment percer le mystère de l’existence ? Quel est notre origine ? Quelle est notre destiné ? Qu’y-a-t-il après la mort ? Sans forcément apporter de réponses, la spiritualité cherche des réponses célestes, des explications fondamentales sur le sens de la vie.
Pour celui qui a toujours voulu comprendre avant de croire quoi que ce soit, il est impossible d’accepter un dogme ou une doctrine ; impossible de prendre comme une vérité immuable une affirmation officielle décrétée par une instance religieuse ou philosophique sous prétexte qu’elle est la garante de la juste façon de croire.

Se référer à la certitude d’une doctrine nous fait perdre la qualité du message d’origine. Mais toucher à des convictions individuelles risque d’engendrer des réactions de rejet qui peuvent être vives si la manière d’en parler heurte des croyances profondes.

Admirons tous les mouvements hérétiques et ceux qui se donnent le droit de choisir ce qu’ils veulent croire, ceux qui ont une autre manière de mettre en pratique.

Le monde est dualité… La religion divise, la spiritualité réunit. Quel que soit le nom qu’on lui donne, Dieu est décrit comme un être d’unicité mais dans la création, rien n’existe sans son contraire, la dualité (le yin et le yang), fait partie de notre existence terrestre. Vouloir donner à Dieu une forme humaine ou le décrire avec des mots ne fera que l’abaisser au niveau de cette dualité plutôt que de permettre à l’homme de s’élever vers l’unicité.

Un long travail spirituel est nécessaire pour se libérer de cette dualité et atteindre la foi.

La grâce… Si on ne peut pas expliquer par des mots ce qu’est ce monde supérieur, il arrive que cette expérience de communion, un moment béni, fasse une apparition fugitive. Pourquoi fugitive ? Parce que nous n’apprenons pas à cultiver cette dimension. Nous employons notre énergie à posséder plutôt qu’à être, à profiter plutôt qu’à partager, à chercher le pouvoir sur les autres plutôt que la présence à soi-même. Il faut un long travail sur soi, sur ses habitudes, ses pulsions et ses peurs pour prolonger les états d’illumination qui nous sont offerts, pour nous libérer un jour du monde des choses terrestres et nous rapprocher spirituellement de Dieu.

Doute et spiritualité… La spiritualité, ce n’est pas une idée abstraite, c’est la sensation pleine et complète de se sentir exister. Si l’artiste, sans savoir ce qu’il va peindre, accepte d’observer sans apriori ce qui va apparaître, il peut réaliser un chef d’œuvre. Il nous appartient de faire exactement la même chose avec notre vie : accueillir la morsure de l’inconnu ; ignorer totalement ce qui va se passer, ce que nous allons rencontrer sur la suite de notre chemin, et en profiter pour créer notre chef d’œuvre personnel. Accepter ce risque nous offre des moments de rupture par rapport à la routine, des moments qui nous rendent plus vivants. En apprenant à penser plutôt qu’à percevoir, nous en sommes arrivés à éviter de nous sentir présents, à éviter d’être conscient de nous-mêmes.

Le sens des rituels… Le rituel peut se comparer à l’ancrage d’une suggestion post-hypnotique. L’expérience directe d’un moment de grâce est difficile d’accès. Le rituel est un outil, un moyen pour déclencher cette expérience directe d’un instant d’illumination.

Les cérémonies religieuses nous obligent à répéter des pratiques arides et incompréhensibles sans nous expliquer qu’elles visent à ouvrir les portes de la spiritualité.

Y-a-t-il un autre monde ?

Un monde qui nous dépasse… En passant de la vie ordinaire à un véritable état d’éveil nous pouvons percevoir d’autres mondes, d’autres niveaux d’existence, liés à des états de conscience supérieurs. Le monde dans lequel nous vivons n’est pas le seul.

Entre matière et énergie… L’être humain se situe entre deux pôles extrêmes, un pôle de matière, le plus dense, palpable : son corps physique, et un pôle d’énergie, le plus pure, impalpable, spirituel : son psychisme, son âme.

Le choix du paradis… Ces deux pôles figurent en quelque sorte l’enfer et le paradis :

  • L’enfer serait la tendance à développer uniquement le pôle matériel.
  • Le paradis représenterait le mouvement inverse, l’aspiration à développer activement son pôle spirituel, à chercher à se libérer de la descente dans le matérialisme et la dualité de l’incarnation, pour retrouver un état énergétique plus élevé.

    Concrètement, cela consiste à éviter activement la violence, la haine, la colère, la jalousie, la cruauté, toutes ces pulsions qui nous tirent vers le bas, dans les recoins les plus abjectes de notre être.

    Il s’agit de recentrer notre priorité sur ce qui peut accroître notre niveau de conscience et d’éveil, sur ce qui élève notre âme, nous libère intérieurement de l’emprisonnement dans la matière : l’amour, la compassion, l’empathie, la tolérance, la générosité, le sourire, la sérénité, la sagesse, la bonté.

    Le bien, notre paradis et le mal, notre enfer découleront dans la vie de notre choix de privilégier l’esprit ou la matière.

    Une grande partie du mal que nous faisons provient de notre inaptitude à nous mettre « dans les chaussures de l’autre ». Arriver à se mettre dans la peau de quelqu’un d’autre permet de percevoir sa vision du monde, de la ressentir en soi et curieusement de créer une expérience de grâce.

Les recherches en neurosciences démontrent que notre cerveau se modifie en fonction de notre comportement, de notre façon de l’utiliser. Chez les méditants on constate un développement de l’insula, de l’amygdale cérébrale, du cortex angulaire, et une augmentation de l’épaisseur de la substance grise dans l’hippocampe gauche et dans leur système immunitaire une diminution des réactions inflammatoires. Nous sommes responsables des connexions nerveuses que nous créons et de l’architecture cérébrale que nous construisons. Nous devenons ce que nous pensons !

À défaut de pouvoir l’expliquer de le décrire avec des mots humains, pouvons-nous ressentir l’existence de ce monde supérieur, spirituel ?

Signes et synchronicités… Ces signes fondamentaux à ne pas négliger sont la preuve d’un autre niveau de réalité.

« Au moment où l’on s’engage totalement, la Providence éclaire notre chemin. Une quantité d’éléments sur lesquels l’on ne pourrait jamais compter par ailleurs contribue à aider l’individu. La décision engendre un torrent d’événements et l’individu peut alors bénéficier d’un nombre de faits imprévisibles, de rencontres et du soutien matériel que nul n’oserait jamais espérer - Goethe ».

Jung décrit d’autres expériences comme les Synchronicités ou coïncidences signifiantes comme des « coïncidences temporelles de deux ou plusieurs événements sans lien causal et chargés d’un sens identique ou analogue ».

L’ouverture aux signes de la vie devient une attitude. Aucun instrument ne les mesure. Le hasard est la langue des dieux !

« Quand le vent souffle dans le même sens que ton chemin, il t’apporte un grand bonheur - Proverbe chinois ».

Pour beaucoup, il n’existe rien d’autre que ce que nous pouvons voir, toucher et mesurer ; pour d’autres, il n’y a pas besoin d’être en état de méditation profonde pour vivre des synchronicités, il faut juste apprendre à y être attentifs, à être ouverts à l’imprévisible afin de les reconnaître. Ces phénomènes sont des instants privilégiés, des bribes d’un monde supérieur organisé avec ses règles, ses lois, son système de fonctionnement.

Vers une écomanité

Nous avons besoin aujourd’hui de rassembler sous un même toit l’écologie, l’économie et l’humanité. La société doit devenir « écomaniste ».

Le pouvoir du court terme… Nous avons construit un monde dans lequel l’équilibre psychologique et spirituel compte moins que l’attrait du confort matériel, et où la valeur de l’avoir a éclipsé celle de l’être. La réussite se mesure à la fortune et non à la sagesse, à la possession davantage qu’à l’harmonie.

Dans notre quête effrénée de richesse, de pouvoir, de mobilité et de confort, qui accepterait pour le bien de la nature et des autres, de distribuer toutes les richesses, d’ouvrir les frontières, de diminuer son confort et sa mobilité, de réduire consommation et croissance ? Tout cela signerait la fin de notre prospérité économique.

Il en résulte que l’être humain est capable de détruire intégralement son lieu de vie pour répondre à ses besoins immédiats. Prisonnier du court terme, la solution de son aujourd’hui détruit son lendemain.

C’est l’opposition entre le court et le long terme qui définit les priorités. La solution serait de donner à l’homme des motivations immédiates, de lui trouver un avantage personnel, pour changer ce qui doit l’être.

Trouver un avantage personnel… L’intérêt collectif à long terme n’étant pas inscrit dans la nature humaine, il devient indispensable d’offrir des avantages personnels et immédiats ou de disposer d’un cadre légal pour résoudre les défis actuels, dynamiser notre industrie, créer des emplois, augmenter notre pouvoir d’achat et améliorer notre balance commerciale, tout en protégeant la nature, pour contraindre société, industrie et consommateurs réunis à utiliser les technologies qui permettent de diminuer notre dépendance aux vieilles sources d’énergie. Les solutions existent déjà dans tous les domaines de la mobilité, de la construction, de l’habitat et de la manufacture pour réduire notre gaspillage insensé.

Si toutes les technologies propres étaient utilisées massivement dans le monde et les besoins énergétiques produits avec des sources renouvelables, nous pourrions fonctionner avec le quart des énergies fossiles, polluantes et non renouvelables dont nous sommes dépendants. Mais nous n’en avons pas encore saisi les avantages en termes d’emplois et de profit. Cette maudite peur de l’inconnu, ce besoin de tourner en rond dans les certitudes et les habitudes, le manque d’esprit de pionnier de nos dirigeants, va se payer au prix fort.

On entend dire que les énergies renouvelables sont beaucoup plus chères que les énergies fossiles mais dans le prix des énergies fossiles non renouvelables, nous ne payons pas pour les deux cents millions d’années qu’il a fallu pour constituer le stock, pour les marées noires, pour les guerres qui ont déjà commencé et qui s’aggraveront encore afin de s’approvisionner en pétrole, pour la charge environnementale catastrophique produite.

Vouloir produire davantage d’énergie au lieu d’économiser celle que nous utilisons, revient à ouvrir grand le robinet pour garder la baignoire pleine plutôt que d’étanchéifier la fuite en réduisant notre dépendance aux énergies fossiles, polluantes et non renouvelables.

L’humanité peut disparaître sous les coups de butoir de notre stupidité, de la pollution, des changements climatiques ou d’une catastrophe nucléaire, mais la nature survivra toujours. Des civilisations entières bien avant nous, se sont crues éternelles, et ont disparu par incapacité à se protéger contre elles-mêmes.

Solar Impulse… Projet à la fois politique sans être partisan, spirituel sans être dogmatique, et écologique sans être fanatique, Solar Impulse a le pouvoir de rassembler, d’encourager chacun à être un pionnier de sa propre vie, de promouvoir l’écomanité.

L’étude de faisabilité dirigée par André Borschberg a conclu à la construction d’un appareil de l’envergure d’un Jumbo Jet (72 m) pour le poids d’une voiture (2 300 kg). Du jamais vu, ni jamais fait. De quoi faire fuir tous les avionneurs. Mais pas besoin d’écouter ceux qui disent que c’est impossible. Au contraire, si tout le monde approuve votre projet, c’est que vous n’êtes pas assez ambitieux. C’est seulement si vous hésitez vous-mêmes que vous n’y arriverez pas.

Ayant lancé officiellement notre projet sans budget, ni équipe, ni technologie, nous nous empêchions d’abandonner en cours de route et de ne rien avoir en commençant, nous étions totalement libres de créer quelque chose de révolutionnaire. Était-ce de la folie ? Non, la folie consiste à trouver normal le fonctionnement de notre société, pas à essayer de l’améliorer.

Et vous ?... Que penserez-vous au crépuscule de votre vie de n’avoir pas tenté tout ce que vous auriez pu. D’avoir laissé passer des occasions par négligence ou manque de courage.

Qui que nous soyons, avec notre chemin et nos aspirations, notre potentiel et nos handicaps, nous devrions au moins pouvoir nous dire une chose : « J’ai tout fait pour avoir une vie à la fois intéressante et utile. »



PRINCIPES PSYCHOLOGIQUES : Principes de l’Impulse attitude

III BIBLIOGRAPHIE

▲ III-5. BIBLIOGRAPHIE : ÉLOGE DE LA CHANCE ou l’art de prendre sa vie en main
► III-6. BIBLIOGRAPHIE : CHANGER D’ALTITUDE
▼ IV-1. WEBOGRAPHIE : RAD

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Mis à jour 24/02/2024 à 05h05 par APL-AML

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