WikiLeaks : Bradley Manning, héros ou traître ?
Le procès du soldat qui a divulgué les secrets militaires provoque la polémique

Bradley Manning, un jeune soldat de 25 ans, avait été à l'origine de la fuite de données sensibles en rapport avec les opérations de l'armée américaine en Irak pour le compte de WikiLeaks.

Trois ans après son arrestation, l'ex-analyste du renseignement est jugé, comme il l'a souhaité, devant le colonel Denise Lind, et non par un jury militaire.

Il avait envoyé au site de Julian Assange des télégrammes diplomatiques et des vidéos de combats et fait face à 22 chefs d'accusation parmi lesquels collusion avec l'ennemi (en l'occurrence Al-Qaïda), crime passible de la prison à vie.

Il ne reconnaît sa culpabilité que pour 10 d'entre eux dont la possession et la diffusion d'informations classées secrètes sur l'Irak et l’Afghanistan.

Lors de l'audience préliminaire qui s'est tenue en février dernier, Manning a expliqué vouloir exposer la « soif de sang » des militaires et leur « mépris pour la vie humaine » durant ces deux guerres. Il avait notamment transmis une vidéo montrant l’attaque menée en Irak, en 2007, par un hélicoptère américain en train de tirer sur des civils dont deux photographes de Reuters.

« J'assume l'entière responsabilité de mes actions. J'avais le sentiment d'accomplir quelque chose qui me permettrait d'être en paix avec ma conscience » dit-il fièrement.

L'accusation estime pour sa part que les fuites orchestrées par le jeune homme ont mis en danger la sécurité des États-Unis et menacé la vie de plusieurs personnes.

L'opinion publique est quant à elle très partagée. Les motions de soutien se multiplient en faveur de la libération du jeune homme. Le journal anglais The Guardian estime que c'est un outrage de voir des soldats qui ôtent des vies innocentes demeurer en liberté mais que celui qui les exposent soit accusé « d'aider l'ennemi ».

Donald J. Guter, président du Collège de la Loi du Texas Sud estime pour sa part que « c'est une déception au niveau diplomatique (…) il n'aurait pas dû être capable de faire ce qu'il a fait. C'est perturbant et embarrassant. »

Manning a été mis en isolement pendant des mois dans des conditions de détention jugées « cruelles, inhumaines et dégradantes » par Juan Méndez, un observateur de l'ONU ; durant neuf mois il a été privé de tout contact humain, ses vêtements ont été confisqués, puis il n'a eu droit a aucune intimité.

Le discours d'Obama est fort et sans équivoque : « Nous sommes une nation de lois. Nous ne permettons pas aux individus de décider de comment la loi fonctionne. Il [Bradley Manning] a enfreint la loi ». L'éditorial anglais The Guardian note que « le gouvernement Obama a poursuivi plus de dénonciateurs que toutes les administrations réunies ».

Le jugement sera rendu le 23 août prochain.

Source : The Guardian

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