Oracle en fait-il trop pour ses actionnaires ?
C'est l'histoire du verre à moitié vide ou à moitié plein.
En publiant ses résultats trimestriels, Oracle annonçait une bonne nouvelle pour les uns et une mauvaise pour les autres.
La mauvaise tout d'abord.
Elle concerne la baisse de son chiffre d'affaires total : - 5 % (à 5,1 milliards de dollars).
Ce Q1 (pour "Quarter 1" - présentation trimestrielle obligatoire pour toute entreprise cotée en Bourse) a dès le lendemain suscité des commentaires alarmistes, notamment dans la presse française qui titrait majoritairement sur la situation difficile de l'entreprise et le recul de l'action.
C'était oublier que le verre est également à moitié plein.
En tout cas pour les actionnaires, puisque le profit réalisé sur la période a progressé, lui, de 4% (pour 1,12 milliards de dollars de bénéfices).
Un chiffre d'affaires qui baisse, un profit qui augmente : l'explication coule de source.
Les marges ont été augmentées.
Safra Catz, présidente d'Oracle, le confirme dans son communiqué officiel.
La marge de l'entreprise atteint le niveau record de 46 % (contre 40 % lors du Q1 de l'année passée).
En période de crise, une telle performance suscite de nombreux commentaires. Si elle est le fruit d'une stratégie assez claire, elle n'est cependant pas du goût de tout le monde.
En regardant de plus près le bilan des différents cœurs de métiers d'Oracle, on se rend compte que les résultats globaux cachent en fait des situations très variées en fonction des branches d'activités.
La vente de nouvelles licences de programmes connait par exemple un recul significatif de 17 % (pour un chiffre d'affaires de 1 milliard de dollars).
Les observateurs attendaient beaucoup de ce chiffre parce qu'il donne un signal important sur le niveau d'activité future de l'économie dans son ensemble. Sur ce point, il semblerait donc que la reprise se fasse encore attendre.
Mais aussi, et surtout, car qui dit nouvelles licences dit également nouveaux contrats de maintenance pour Oracle.
Et c'est belle et bien l'activité de support qui nourrit le plus l'entreprise.
Avec le ralentissement économique on pouvait donc s'attendre à ce que les résultats de la branche "maintenance et support" stagnent également.
Il n'en est rien.
Elle connait au contraire un bon de son chiffre d'affaires de 11 % (pour 3,1 milliards de dollars). Mais comment ce chiffre d'affaires a-t-il été réalisé ?
Certains analystes pensent que l'augmentation globale des marges du groupe provient principalement de cette activité.
La progression des revenus liés au support ne serait donc pas le fruit d'un plus grand nombre de clients mais celui d'une augmentation importantes des marges (qui pourraient avoisiner les 90 %).
Optimisation des marges qui découlerait elle-même d'une hausse des prix.
Plusieurs observateurs n'hésitent plus à affirmer que Oracle maintient ses résultats – notamment en cette période de crise - en exploitant à outrance la captivité de certains de ses clients transformés en véritable "vache à lait".
Et ce pour satisfaire prioritairement les actionnaires.
C'est une interprétation.
Ce qui ne l'est pas en revanche, c'est le dividende par action (à 30 cents) qui est lui en parfaite conformité avec les attentes des analystes financiers.
Ce qui ne l'est pas non plus c'est le cours de bourse d'Oracle, qui atteint un niveau sensiblement inférieur à celui de Janvier 2008.
Il s'agissait alors d'un pic historique pour l'action.
De quoi en conclure que Larry Ellison se soucie plus des attentes des actionnaires que de ceux de ses clients ?
Source : Communique de Presse d'Oracle sur son Q1
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Et vous ? :
Que pensez-vous de ces résultats et de la manière de les obtenir ?
Est-ce pour vous une stratégie normale et pertinente ou au contraire une vision à trop court terme dictée par la Bourse ?
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