Le PDG de Sun s'occupait trop de ses blogs et pas assez de ses ventes
Pour le PDG d'Oracle, qui s'exprime sur le rachat de la société
Larry Elisson, le PDG d'Oracle, ne parle pas souvent à la presse. Mais quand il parle, ce n'est pas pour ne rien dire.
Ni pour mâcher ses mots.
Dans un entretien à l'agence de presse Reuters, on apprend que le chef d'entreprise entend refaire de Sun une entreprise profitable (elle a pourtant perdu environ 2 milliards de dollars lors de sa dernière année fiscale) en prenant exemple le succès d'IBM dans les années 60.
Autrement dit : en vendant des systèmes informatiques composés de packages standards qui mélangent du matériel et des logiciels. Une stratégie à l'opposée de celle que lui prêtent bon nombre d'analystes qui prédisent un démantèlement puis un abandon du hardware de Sun.
Mais Ellison n'en a cure et ne commente pas ces commentaires.
Il ne se prive pas en revanche de tirer à boulets rouges (et à bout portant) sur le management de Sun Microsystems : « Ils ont pris de très mauvaises décisions qui ont détruit leur business et nous ont permis de les racheter à bon prix ».
Pour cette raison Ellison ne semble pas regretter les départs des décideurs de Sun. Il s'est en revanche attaché à rencontrer en personne les « technical managers », quatre fois par semaine pour tirer avec eux un diagnostic de la situation.
Il en est semble-t-il arrivé à la conclusion que, d'une part, trop d'argent avait été investi à perte dans des projets non viables. Et que d'autre part, la force de vente avaient été sacrifiée. Résultat, des ventes quasiment à perte de produits qui auraient pourtant dû être profitables.
Au premier rang desquels le hardware et le stockage.
A qui la faute de cette débâcle ?
Pour Ellison, le responsable est tout trouvé. Il s'appelle Jonathan Schwartz.
L'ancien dirigeant de Sun aurait ignoré les problèmes, pris des décisions stratégiques calamiteuses et aurait surtout passé trop de temps sur son blog (qui, note le PDG d'Oracle, était traduit en 11 langues au frais de la société).
« Les supers blogs ne remplacent pas les super microprocesseurs. Les supers blogs ne remplacent pas de bons logiciels. Des tas et des tas de blogs ne remplacent pas des tas et des tas de ventes », lache ainsi Ellison dans son style habituel.
Mais l'homme n'est pas qu'un provocateur. Il sait aussi argumenter.
Il explique par exemple pourquoi sa première décision a été d'arrêter le projet auquel tenait justement tant Schwartz – à savoir un nouveau microprocesseur pour les serveurs SPARC. « Ce processeur avait deux vertus incroyables : il était incroyablement lent et consommait une énorme quantité d'énergie. Il était tellement chaud qu'ils ont dû mettre des ventilos de 12 pouces au dessus pour le refroidir ». Le projet de R&D durait depuis 5 ans et enchaînait les contre-temps. « Poursuivre ce projet était de la pure folie ».
Pire, Scwartz aurait été obnubilé par le chiffre d'affaires de sa société. Au lieu de de l'être par les résultats nets.
Il aurait ainsi rémunéré ses vendeurs sans tenir compte de leurs marges et aurait enchaîné ventes sur ventes. Et pertes sur pertes.
Au sujet du rachat d'une société de stockage sur bande en 2005 : « Étonnamment, ils ont licencié tous les commerciaux et tous les postes de services clients. Ils s'en sont purement et simplement débarrassés. Devinez quoi ? Les ventes ont chuté. C'est stupéfiant ! ».
En revanche, il porte un jugement bien différent sur les équipes techniques qui « sont tellement bonnes, mais la direction qu'ils avaient était si incroyablement mauvaise que même elles ne pouvaient pas réussir ».
En ce qui concerne l'avenir, Larry Ellison est franc, directe, radical.
Il augmentera la force de vente et se concentrera sur les « technologies de Sun qui sont commercialisables et ignorera celles qui ne le sont pas ».
Dans son esprit, les produits susceptibles de trouver grâce à ses yeux sont principalement SPARC, Solaris, MySQL et Java.
De son coté, Jonathan Schwartz n'a pour l'instant pas souhaité réagir aux critiques virulentes de Larry Ellison.
Il a en revanche ouvert un nouveau blog.
Source : Interview de Larry Ellison à Reuters
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