Les nomades numériques face au défi de l’intégration culturelle et citoyenne,
une opportunité ou une menace pour le développement local ?
Dans un billet de blog publié le 23 mai et intitulé « Quand les nomades numériques arrivent en ville », le journaliste Stephen Witt qui se concentre sur les histoires de technologie dans les pays émergents, raconte comment les nomades numériques, c’est-à-dire les travailleurs du secteur technologique qui peuvent exercer leur activité à distance depuis n’importe quel endroit du monde, ont transformé certaines villes en leurs terrains de jeu. Mais leur présence provoque une inflation des prix et une gentrification qui affectent les habitants locaux. Stephen Witt décrit comment les nomades numériques profitent de la vie à Medellín, la capitale de la province montagneuse d'Antioquia en Colombie, mais aussi comment ils créent des tensions avec les Colombiens qui se sentent exclus de leur propre ville.
Le nomadisme numérique remonte au milieu des années 2000, mais le nombre de nomades s'est rapidement multiplié pendant la pandémie de Covid-19, lorsque de nombreux lieux de travail ont fermé leurs portes. Libérés de leur bureau, les travailleurs à distance ont commencé à se rendre dans des pays où les restrictions de quarantaine étaient relativement légères. Lorsque la pandémie de Covid-19 s'est apaisée, beaucoup se sont montrés peu enthousiastes à l'idée de rentrer chez eux et ont préféré parcourir le monde, aidés en cela par l'amélioration des logiciels de télécommunication et l'expansion de l'internet à haut débit dans le monde entier.
Google Trends a enregistré une augmentation notable du nombre de recherches sur le terme « nomade numérique » au cours des dernières années.
Witt explore également les efforts de certaines autorités pour attirer les nomades numériques avec des visas spéciaux et des incitations fiscales, ainsi que les critiques de ceux qui pensent que ces politiques favorisent les étrangers au détriment des citoyens.
Stephen Witt se focalise sur le cas de Medellín, en Colombie, qui est devenue l’une des destinations les plus prisées des nomades numériques grâce à son climat agréable, sa culture vibrante et son coût de la vie bas. Le texte décrit comment les nomades numériques s’installent dans des quartiers huppés comme Laureles, où ils fréquentent des espaces de coworking et des cafés branchés qui ressemblent à ceux de Silicon Valley. Il explique que les nomades numériques sont attirés par la possibilité de vivre confortablement avec un salaire américain dans un pays où le revenu médian est de 300 dollars par mois. Il montre aussi comment les nomades numériques profitent des activités culturelles et récréatives de la ville, comme les cours de salsa, le parapente ou la visite des sites historiques.
Mais le texte ne se limite pas à présenter les avantages du mode de vie des nomades numériques. Witt expose également les inconvénients et les conséquences négatives de leur présence sur les villes qu’ils visitent. Le journaliste révèle comment les nomades numériques provoquent une inflation des prix et une gentrification qui affectent les habitants locaux. Il cite des exemples de loyers qui ont explosé, de restaurants qui ne peuvent pas augmenter leurs prix assez vite et de commerces traditionnels qui ont été remplacés par des boutiques pour touristes.
Witt rapporte aussi le témoignage de Colombiens qui se sentent exclus de leur propre ville et qui voient les nomades numériques comme des envahisseurs arrogants et irrespectueux. Il souligne le contraste entre la richesse affichée des nomades numériques et la pauvreté persistante d’une grande partie de la population colombienne.
Enfin, Stephen Witt explore les efforts des autorités locales pour attirer les nomades numériques, qui sont pour la plupart qualifiés de freelancers, avec des visas spéciaux et des incitations fiscales, ainsi que les critiques de ceux qui pensent que ces politiques favorisent les étrangers au détriment des citoyens. Le texte mentionne l’exemple du visa TP-7, qui permet aux travailleurs étrangers qualifiés de rester en Colombie pendant trois ans sans payer d’impôts. Il cite également l’initiative Medellín Digital Nomad City, qui vise à promouvoir la ville comme un hub technologique et à offrir des services aux nomades numériques.
Stephen Witt analyse les avantages et les inconvénients de ces stratégies, qui visent à stimuler l’économie locale et à changer l’image négative de la ville liée à son passé violent. Le texte conclut en posant la question de savoir si les nomades numériques sont une opportunité ou une menace pour les villes qu’ils visitent, et si ces villes peuvent trouver un équilibre entre accueillir les visiteurs et protéger leurs habitants.
Medellín en est encore aux premiers stades de la nomadisation - l'année dernière a vu un boom des arrivées, selon les données recueillies par Nomad List. Dans certains points chauds, les nomades commencent à se heurter à une plus grande résistance. En Amérique latine, Mexico est l'épicentre du boom des nomades. L'assouplissement de la politique du Covid-19 en 2021 a entraîné un afflux d'influenceurs vantant les mérites de ce mode de vie, particulièrement attrayant pour les citoyens américains, qui peuvent séjourner au Mexique avec un visa de touriste pour une durée maximale de six mois.
Après cela, ils ont besoin d'un permis de séjour temporaire spécial - entre 2019 et 2020, le pays a connu une augmentation de 85 % des citoyens américains qui en ont fait la demande. En 2022, 2 305 permis de séjour temporaires pour la ville de Mexico ont été accordés à des citoyens américains, selon l'Institut national des migrations, contre 1 417 en 2019.
Certains gouvernements prennent des mesures pour répondre à des préoccupations similaires. En mars, cinq mois seulement après le lancement d'un visa pour les nomades numériques, le Portugal a réduit le nombre de licences pour les Airbnbs afin de tenter de calmer la hausse des coûts du logement. À Bali, l'une des premières destinations des nomades numériques et l'une des plus durables, les politiciens locaux voient les nomades d'un œil de plus en plus sceptique.
Les visites des nomades numériques sont transitoires, mais elles transforment les quartiers de façon permanente. Aujourd'hui, certaines rues de Medellín, comme celles de Mexico ou de Canggu, ressemblent davantage à Bushwick - où l'anglais est plus courant que la langue locale, et où les rues sont parsemées de centres de coworking peints de couleurs vives et de restaurants chics servant une cuisine internationale. Plus les nomades arrivent, plus ces lieux commencent à se ressembler. Les extérieurs des bâtiments conservent leur caractère historique, mais les intérieurs convergent vers une homogénéité stérile de hotdesking, de prises de recharge gratuites, de café à prix abordable et de Wi-Fi payant.
Pour conclure, Stephen Witt estime dans son billet de blog que l’arrivée des travailleurs du secteur technologique qui peuvent exercer leur activité à distance depuis n’importe quel endroit du monde, dans les villes comme Medellín pose des défis et des opportunités pour les habitants locaux. D’un côté, ils apportent une stimulation économique, culturelle et technologique à leur destination. De l’autre côté, ils contribuent à l’augmentation des prix, à la gentrification et à la disparité sociale. Selon Witt, les autorités locales doivent trouver un équilibre entre l’accueil des nomades et la protection des intérêts des résidents. Les travailleurs, quant à eux, doivent être conscients de leur impact et de leur responsabilité envers les communautés qu’ils visitent.
Source : Restofworld
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Quels sont selon vous les avantages et les inconvénients des nomades numériques pour les économies locales ?
Quels peuvent être les enjeux éthiques et politiques liés à la mobilité et à la citoyenneté des nomades numériques ?
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