Freenet 2023 : une initiative de développeurs visant à créer une alternative décentralisée au web,
tout en promettant d'offrir « une expérience qui ressemble à l'utilisation du Web traditionnel »
Le web tel que nous le connaissons aujourd’hui est de plus en plus centralisé et contrôlé par quelques grandes entreprises qui ont le pouvoir de censurer, d’exploiter et d’exclure les utilisateurs des services dont ils dépendent. Un groupe de développeurs estime que cette situation pose une menace fondamentale à la liberté individuelle et à la démocratie. Aussi, pour y remédier, ils ont lancé en 2022 Freenet 2023, un projet qui vise à créer une alternative décentralisée au web. « Conçu pour la simplicité et la flexibilité, Freenet 2023 peut être utilisé de manière transparente via votre navigateur Web, offrant une expérience qui ressemble à l'utilisation du Web traditionnel », explique l'annonce...
Le web est devenu un outil indispensable pour la communication, l’information, le divertissement et le commerce. Mais il est aussi de plus en plus dominé par quelques grandes entreprises qui ont le pouvoir de collecter, d’analyser et de monétiser nos données personnelles, de censurer ou de manipuler les contenus qui nous sont présentés, et d’imposer leurs conditions et leurs standards aux utilisateurs et aux développeurs. Cette situation pose des risques pour notre vie privée, notre liberté d’expression, notre diversité culturelle et notre démocratie.
Face à ces enjeux, des alternatives décentralisées au web émergent depuis quelques années. Il s’agit de projets qui visent à créer un web plus ouvert, plus participatif, plus résilient et plus respectueux des droits des utilisateurs. Ces projets s’appuient sur des protocoles et des technologies qui permettent de distribuer les données et les services sur un réseau de pairs (peer-to-peer), sans passer par des intermédiaires centralisés. Ces protocoles et ces technologies incluent notamment IPFS (InterPlanetary File System), I2P (Invisible Internet Project), ZeroNet, Beaker Browser, Fleek, Ethereum et Internet Computer.
L'objectif du DWeb (Decentralized Web) est de ramener le WWW (World Wide Web) à son idée originale, un outil démocratique, accessible, gratuit, ouvert à tous, en un mot, un droit déclaré par l'ONU dans le Charte des droits de l’homme. Ce mouvement découle du Decentralized Web Summit 2016, et surtout des idées de Tim Barners-Lee, le père du World Wide Web.
Ces alternatives décentralisées au web présentent plusieurs avantages par rapport au web centralisé. Elles apportent l’anonymat et la confidentialité aux utilisateurs, en chiffrant et en masquant leur identité et leur localisation. Elles rendent difficiles la censure et la surveillance, en ne stockant pas les données sur des serveurs vulnérables ou soumis à des régulations. Elles favorisent la résilience et la disponibilité, en répliquant les données sur plusieurs nœuds du réseau selon la demande. Elles encouragent l’innovation et la créativité, en offrant une plateforme ouverte et flexible pour les développeurs.
Ces alternatives décentralisées au web présentent aussi quelques inconvénients par rapport au web centralisé. Elles peuvent être plus lentes et moins fiables, en raison de la latence et de la variabilité du réseau. Elles peuvent être plus difficiles à utiliser et à maintenir, en raison de la complexité technique et de l’absence de standards communs. Elles peuvent être plus vulnérables aux attaques malveillantes, en raison de l’anonymat et de l’absence de régulation. Elles peuvent être plus controversées et moins acceptées, en raison de leur potentiel pour héberger des contenus illégaux ou immoraux.
Quoi qu'il en soit, ces alternatives décentralisées au web sont encore en développement et ont besoin du soutien et de la participation de la communauté pour se faire connaître et s’améliorer.
Freenet 2023 rejoint la partie
L'origine de Freenet remonte au projet étudiant de Ian Clarke à l'Université d'Édimbourg, qu'il a terminé comme condition d'obtention du diplôme à l'été 1999. Le rapport non publié de Ian Clarke « Un système de stockage et de récupération d'informations décentralisé distribué » (1999) a servi de base à l'article fondateur rédigé en collaboration avec d'autres chercheurs, Freenet: A Distributed Anonymous Information Storage and Retrieval System (2001).
Sous l'impulsion du même Ian Clarke, Freenet 2023 s'est appuyé sur le Freenet original de 1999, présenté comme le premier réseau pair-à-pair scalable et décentralisé. Il est expliqué que « Freenet permettait aux utilisateurs de communiquer de manière anonyme et résistante à la censure, en stockant et en partageant des données sur un disque dur virtuel commun ». Toutefois, Freenet 2023 va plus loin en offrant une plateforme pour des systèmes logiciels décentralisés sophistiqués, analogues à un ordinateur partagé global.
Freenet 2023 peut être utilisé via un navigateur web, sans nécessiter d’installation ou de configuration spéciale. Il suffit de se connecter à un nœud du réseau, qui fait office de passerelle ou de proxy. Freenet 2023 permet aux développeurs de créer des applications décentralisées (dApps) pour des services comme la messagerie, les réseaux sociaux, le courriel et le commerce électronique. Ces dApps sont scalables, interopérables et sécurisées avec le chiffrement.
Freenet 2023 est un projet ambitieux et prometteur, qui offre une vision alternative du web. Il s’adresse aux utilisateurs qui cherchent à préserver leur liberté numérique face à la centralisation croissante du web. Il s’adresse aussi aux développeurs qui cherchent à créer des services décentralisés innovants et autonomes. Freenet 2023 est encore en développement et a besoin du soutien et de la participation de la communauté pour se faire connaître et s’améliorer.
Même Tim Berners-Lee, le père du WWW, s'est essayé à un projet décentralisé
Tim Berners-Lee a levé 30 millions de dollars pour sa startup Inrupt pour lancer un service axé sur la confidentialité afin de sécuriser vos données. En développement depuis 2015 avec le MIT (Massachusetts Institute of Technology), sa plateforme « Solid », qu'il a présenté en 2018, a pour objectif de modifier les conditions de propriété des données, sans perturber le fonctionnement des sites.
Actuellement, chaque application possède ses propres données (la plupart du temps enregistrées dans sa propre base de données) ou utilise des services, les siens ou ceux de tiers, qui assurent toujours le stockage des données dans des centres de données centralisés. Chaque application est similaire à un jardin clos, un système fermé auquel il est impossible d'accéder, et qui garde jalousement (ou ne possède pas) les informations contenues, qui au pire sont revendues à des tiers en exploitant un modèle économique contraire à l'éthique.
L'idée de base de Solid est de surmonter la réalité actuelle en sauvegardant les données dans un ou plusieurs PODS (Personal Online Data Stores). Ce sont des magasins personnels qui contiennent vos données et auxquels les applications ne peuvent accéder qu'après autorisation. Par exemple, nous pourrions en avoir un à des fins personnelles, un pour le travail, un partagé avec la famille, etc.
Solid permet donc à un internaute de créer une sorte de coffre-fort numérique, pour stocker toutes ses données personnelles, contacts, rendez-vous ou préférences musicales. Ce coffre-fort a vocation à pouvoir s’ouvrir pour fournir des informations à des services, comme un système de streaming musical ou un réseau social, tout en faisant en sorte que les données personnelles restent stockées dans le coffre.
Les PODS peuvent être hébergés dans de petites unités dans nos maisons et connectés au réseau, ou dans un centre de données qui accorde ses ressources pour héberger les données des autres.
Dans ce système, les données restent donc sous le contrôle de l’utilisateur en permanence. Soit un fonctionnement différent de la quasi-totalité des services actuels, qui, de Google à Facebook en passant par Spotify, collectent et conservent les données de leurs utilisateurs, qui sont ensuite réutilisées par ces entreprises pour améliorer leurs services ou proposer de la publicité ciblée. Le code du logiciel est libre et ouvert, et tout internaute qui le souhaite peut créer sa propre « instance » de Solid pour stocker ses données.
Le père du World Wide Web explique que « Solid modifie le modèle actuel où les utilisateurs doivent transmettre des données personnelles à des géants numériques en échange d'une valeur perçue. Comme nous l’avons tous découvert, cela n’a pas été dans notre intérêt. Solid est la façon dont nous évoluons sur le Web afin de rétablir l’équilibre - en donnant à chacun d’entre nous un contrôle total sur les données, personnelles ou non, de manière révolutionnaire ».
Plus loin, il avance que Solid est une plateforme construite sur le Web existant. Il offre à chaque utilisateur le choix de l'emplacement de stockage des données, des personnes et des groupes spécifiques pouvant accéder à certains éléments et des applications que vous utilisez. Cela vous permet, à vous et à vos collègues, de relier et de partager des données avec quiconque. Il permet aux utilisateurs de regarder les mêmes données avec différentes applications en même temps.
Source : Freenet
Et vous ?
Quelle est votre opinion sur Freenet 2023 et son objectif de décentraliser le web ?
Avez-vous déjà utilisé Freenet 2023 ou une autre application décentralisée? Si oui, quelle a été votre expérience?
Quels sont les principaux défis ou risques que vous voyez pour le développement et l’adoption de Freenet 2023 ?
Quels sont les services ou les fonctionnalités que vous aimeriez voir sur une alternative décentralisée au web ?
Comment pensez-vous que Freenet 2023 peut contribuer à la liberté et à la démocratie sur le web ?
Voir aussi :
Et si les internautes stockaient leurs données au lieu de les confier à des entreprises ? L'ambitieux pari de Tim Berners-Lee est baptisé Solid
La startup de Tim Berners-Lee, le père du Web, lance un service axé sur la confidentialité pour sécuriser vos données. Inrupt voudrait que vous contrôliez qui peut avoir accès à vos données
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