Samsung ne va plus fabriquer de smartphone en Chine et ferme sa dernière usine,
évoquant la hausse des coûts de main-d'œuvre et le ralentissement économique
Samsung n’a pas su s’imposer sur le marché chinois, face à une rude concurrence des fabricants locaux spécialistes de l’entrée et du moyen de gamme. D’après Reuters, le premier constructeur de smartphones au monde a annoncé ce mercredi 2 octobre vouloir stopper sa production dans le pays. L’assemblage de smartphones Samsung en Chine avait déjà été réduit du fait de l’augmentation du coût du travail. Après avoir fermé son usine à Huizhou en juin dernier et après avoir suspendu sa production dans une autre usine à la fin de l'année dernière, il ne restait au coréen qu’une seule usine en fonctionnement à Huizhou. Selon la presse coréenne, en 2017, il y aurait environ 6000 travailleurs en poste, lesquels ont fabriqué cette année-là plus de 60 millions de smartphones (des chiffres qui peuvent être mis en relief avec les 394 millions de smartphones produits dans le monde cette même année, selon son rapport annuel, soit environ 15 % du volume des ventes de Samsung).
Ces dernières années, l'entreprise a progressivement augmenté sa production dans des pays à faibles coûts, comme le Vietnam et l’Inde.
Samsung souffre particulièrement dans le pays, où sa part de marché a dégringolé de 15 % environ à la mi-2013 à 1 % au premier trimestre de cette année, selon le cabinet d'études de marché Counterpoint, parallèlement à la montée en puissance fulgurante des Chinois Huawei et Xiaomi.
« En Chine, les gens achètent des smartphones à bas prix de marques nationales et des téléphones haut de gamme d'Apple ou de Huawei. Samsung a peu d'espoir de retrouver sa part de marché », a déclaré Park Sung-soon, analyste chez Cape Investment & Securities.
Samsung, premier fabricant mondial de smartphones, a déclaré avoir pris cette décision difficile pour accroître son efficacité. Il a ajouté qu'il continuerait toutefois ses ventes en Chine. « Les équipements de production seront réaffectés à d'autres sites de fabrication mondiaux, en fonction de notre stratégie de production globale basée sur les besoins du marché », a déclaré l'entreprise dans un communiqué.
Samsung a refusé de préciser la capacité de l’usine de Huizhou ou ses effectifs. L'usine a été construite en 1992, selon l'entreprise.
D’autres groupes, à l’image de Sony qui annoncé en mars le transfert de sa production en Thaïlande, ont pris des décisions similaires récemment en raison de l’augmentation du coût du travail en Chine et du ralentissement économique. La Chine demeure en revanche un centre de production important pour l’américain Apple.
Une affaire qui sera suivie de près par des constructeurs américains comme Apple ?
Fin août, dans sa dernière tentative de ramener la fabrication de produits électroniques aux États-Unis, le président Trump a lancé un appel à toutes les entreprises américaines, leur recommandant de cesser d'assembler leurs produits en Chine. Il a déclaré que les entreprises américaines doivent « commencer immédiatement à chercher une alternative à la Chine, notamment en ramenant vos entreprises à domicile et en fabriquant vos produits aux États-Unis ».
Les tweets du président ont fait suite à l'imposition par le gouvernement chinois de droits de rétention sur des importations américaines d'une valeur de 75 milliards de dollars alors que la guerre commerciale entre les deux pays continue de s'intensifier.
« Notre pays a perdu stupidement des milliards de dollars avec la Chine depuis de nombreuses années. Ils ont volé notre propriété intellectuelle à raison de centaines de milliards de dollars par an et ils veulent continuer. Je ne laisserai pas cela arriver! Nous n'avons pas besoin de la Chine ».
Il faut dire qu'Apple a déjà étudié la question d'une délocalisation de sa production pour un pays autre que la Chine. Fin 2016, un rapport du média japonais Nikkei Asian Review avançait qu'Apple aurait demandé à Foxconn et Pegatron, deux entreprises d’assemblage d’iPhone en Chine, d’étudier la possibilité de transférer la fabrication de ses smartphones aux États-Unis.
Le même média a noté qu'Apple ne bénéficiait pas de l'appui de ses partenaires. Pegatron refusait d’envisager le déplacement de ses unités de production aux États-Unis, en raison des coûts que cela pourrait impliquer. Si Foxconn n’avait pas dit non à Apple, son président Terry Gou a été moins enthousiaste en raison d'une hausse inévitable des coûts de production. Le média avait même noté que si Apple doit quand même fabriquer ses iPhone aux États-Unis, la firme ne va transférer qu'une partie des unités de production, uniquement pour satisfaire la demande locale et échapper éventuellement aux 45 % de taxe promis par Donald Trump.
« Pour fabriquer des iPhone, il faudra qu'il y ait un groupe de fournisseurs au même endroit, ce que les États-Unis n'ont pas en ce moment », a déclaré un responsable de l'industrie, familier du processus de production de l'iPhone. « Même si Trump impose un tarif douanier de 45 % sur les importations en provenance de Chine, il est encore possible que les fabricants décident de continuer la production outre-mer tant que les coûts ainsi que les tarifs sont inférieurs au montant qu'ils doivent dépenser pour la construction et l'exploitation de lignes de production aux États-Unis », a-t-il continué.
Alors si l'aventure de Samsung dans des productions mobiles en dehors de la Chine s'avérait payante, il n'est pas exclu qu'Apple envisage de faire de même. Cela constituerait probablement une alternative ponctuelle dans la mesure où Apple ne serait plus pris entre deux feux dans cette guerre commerciale opposant la Chine aux USA.
Source : Reuters
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Les constructeurs américains gagneraient-ils à suivre cette affaire de près et à s'en inspirer si elle venait à être fructueuse ?
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