Pour le libéralisme, la philosophie actuelle est que tout à chacun est libre d'entreprendre et ne doit ainsi pas faire face à une concurrence déloyale d'un État. De plus, chacun doit être libre de faire ce qui lui plaît, donc d'adhérer ou non à des systèmes d'assurances.
Le choix d'adhérer ou non à un système d'assurance est un dilemme intéressant. Est-ce qu'on considère la responsabilité de l'État vis-à-vis de la protection de ses citoyens supérieur à la liberté des citoyens ? Est-ce que le bien du citoyen à un temps t+1 vaut mieux que son bien à un temps t ? Faut-il "infantiliser" le citoyen ou le considérer comme pleinement responsable ?
Je n'ai personnellement pas encore trouvé de principe qui permettrait de casser ce dilemme. Je suis plutôt pour des assurances obligatoires, mais je ne peux pas le justifier plus que la position opposée.
L'État doit être neutre d'après le libéralisme, et ne doit pas favoriser une entreprise plus qu'une autre, ce qui serait injuste. En revanche, l'État et ses Institutions doivent réguler le cadre dans lequel on fait des échanges, sinon c'est tout bonnement la loi du plus fort. Par exemple, tu ne peux pas avoir de marché si l'État ne garanti pas le droit à la propriété. Pour cela, l'État a tout de même besoin de se financer un minimum.
L'État est mauvais gestionnaire, alors qu'une entreprise qui est mauvaise fera faillite, et sera remplacée par une autre (best fitting). Un État ne peut pas se permettre de faire faillite. Sachant que la concurrence est aussi source d'innovation (il faut faire mieux que ses concurrents pour se démarquer et gagner des parts de marchés). En revanche, les entreprises n'ont pas, contrairement à un État, un objectif de bien commun. Le libéralisme assume ainsi que c'est aux consommateurs, par leur pouvoir de décision d'achat, d'influencer les entreprises à poursuivre cet objectif de bien commun, i.e. de boycotter les entreprises qui ne s'y plieraient pas, et ainsi de créer une demande qui facilitera l'apparition de l'offre.
Là, où il y a un vrai problème dans cette philosophie, c'est que des entreprises peuvent acquérir un oligopole, ou devenir "too big to fail", ce qui casse les prémisses du raisonnement précédent. De même, les citoyens ne veulent pas non plus trop se casser la tête lors de leurs achats, et sont parfois obligé d'acheter (e.g. un appartement). C'est donc compliqué.
Le libéralisme, autorise cependant l'État a assurer certains services (régaliens), la nature de ces services dépendent de la personne avec laquelle vous parlerez. Cela peut être l'armée, la police, la Justice, l'éducation, …
Le financement publique de l'État d'Institution privée ou publique pose aussi problème.
Dans le cas de compagnie privée, l'État ayant les "moyens", la demande a une forte capacité ce qui permet à l'offre de gonfler ses prix. L'État peut ainsi assez rapidement se faire prendre pour une vache à lait, au détriment des contribuables.
Dans le cas d'institution publique, l'État contrôle l'offre, ce qui fait qu'on se retrouve obligé a essayer de fonctionner sur des bouts de ficelles en sous-effectifs (hôpitaux, EN, ESR), ce qui introduit un service à deux vitesses : le standard de faible qualité, et le privé qui aura de meilleures capacités pour ceux qui ont les moyens de payer, certaines de meilleures qualité, d'autres relevant plus de l'arnaque.
L'un des problèmes de l'État à jouer le cul entre deux chaises, c'est qu'il a délégué les tâches rentables au privé et a conservé les tâches les moins rentables (que le privé rechigne donc à faire). Or, c'est économiquement stupide. Dans un domaine d'activité, on finance les tâches non-rentables grâces aux tâches rentables, ce qui permet par la même occasion d'assurer sa capacité d'autofinancement. L'État a juste merdé sur ce coup.
Une fois qu'on a défini les services régaliens, il faut s'y tenir et les financer correctement et efficacement.
Pas question de perdre de l'argent sur des bêtises et lourdeurs administratives. En revanche, s'il manque de main d'œuvre pour maintenir un service de qualité, il faudra cette main d'œuvre. Croire que parce qu'un service est publique il peut ne pas être rentable est d'une stupidité sans nom. Que ce soit l'État qui paye à la place du client, ne change rien. Si un service n'est pas rentable, il n'a pas d'argent. S'il n'a pas d'argent, il ne peut pas assurer son service dans de bonnes conditions. Comment tu veux faire dans un hôpital quand tu as 100 lits pour 120 patients et qu'on te finance comme si tu en avais 80 ?
Réduire les dépenses ne sert à rien en économie. Réduire les frais de fonctionnement, sans impacts sur la qualité du service, oui, mais pas réduire les dépenses. Tout simplement parce que les dépenses se doivent (normalement) d'être des investissements (au sens large du terme), qui doivent te rapporter à terme (pas nécessairement de manière directe).
Par exemple, construire une route va coûter, mais son existence va développer le tissus économique et faciliter les échanges de biens, marchandises, et de personnes, ce qui a terme va rapporter via différents impôts. Sachant qu'il peut aussi y avoir des investissements contraints pas nécessairement rentables.
TL;DR C'est compliqué.
Mais quand on prend une décision, il faut aller jusqu'au bout, pas couper constamment la poire en deux. On y va, ou on y va pas, mais pas les deux. À force de rester trop longtemps le cul entre deux chaises, on fini par ne plus être sur aucune des deux et de tomber.
Partager