Le rêve des véhicules sans conducteur est-il en train de mourir ?
Fiabilité de la technologie, lois en vigueur, quels sont les obstacles ?
Cela fait des années déjà qu’une idée nous fait miroiter la perspective d’un monde futuriste dans un futur plus ou moins proche. Il s’agit du concept de voiture sans conducteur ou voiture autonome. Mais les accidents de voitures autonomes qui se sont produits ont tendance à remettre en cause la fiabilité de cette technologie. De plus en plus de personnes sont moins optimistes. Alors le rêve des véhicules autonomes est-il en train de mourir ?
Les voitures sans conducteur doivent tout faire toutes seules et donc, avant de les considérer comme prêtes à être commercialisées, il faut que les experts du domaine se soient assurés qu’elles étaient en mesure de se conduire aussi bien que si elles avaient un conducteur. Et pour qu’une voiture puisse s’autoconduire aussi bien, elle doit disposer d’outils (cameras intégrées, lasers, radars, entre autres) garantissant une analyse optimale du mobilier urbain, des piétons et des obstacles. La marge d’erreur admise doit être inférieure à un sur un milliard, de manière à ce que la sécurité des passagers de la voiture, des piétons et des autres usagers de la route soit garantie.
C’est cependant une technologie à prendre avec des pincettes. Il faut préciser qu’elle n’en est encore qu’aux phases de test. Il n’y a pas encore un seul véhicule autonome capable de se reposer uniquement sur ses systèmes de navigation pour rouler sans risques. Malgré cela, beaucoup de personnes plus ou moins influentes ont livré au monde une vibrante apologie des voitures autonomes. Des promesses ont été faites. Il a même été dit que les joies d’un transport en véhicule électrique sans conducteur et à usage collectif nous feront renoncer à nos voitures individuelles sans la moindre hésitation.
Il y a 6 niveaux d’autonomie et plus le niveau est élevé, moins le conducteur a de contrôle sur le véhicule ; le niveau 5 étant celui auquel plus aucune action humaine n’est possible. Le niveau 4 semble être le plus judicieux, puisqu’il est hautement autonome, mais permet quand même l’intervention du conducteur en cas d’erreur.
Rappelons aussi que les lois en vigueur en Europe stipulent que le conducteur doit être maître de son véhicule à tout moment. Il faudra donc revoir toute l’organisation juridique routière avant que ces véhicules ne puissent être commercialisés. Une autre question qu’il faut se poser est : comment l’assurance va-t-elle marcher pour ces voitures ? C’est un autre problème qu’il faudra résoudre avant que les voitures autonomes ne puissent être mises sur le marché. Surtout, il faut prendre le temps d’évaluer sobrement les potentiels avantages et surtout, les inconvénients d’une telle technologie.
À l’exposition sur les véhicules autonomes de Stuttgart, des exposants se sont exprimés par rapport à la question. L’un d’entre eux déclarait que « le problème des gens du marketing est que dès qu’ils ont eu vent de quelque chose, ils le poussent au maximum sans réelle prise de conscience des limites ». Les constructeurs automobiles présents ont concentré leurs efforts sur le niveau 4 d’autonomie. C’est dans cette optique que Michael Hafner, le responsable de la conduite automatique chez Daimler, a confié au magazine Autonomous Vehicle International qu’en 2020 / 2021, en plus des véhicules hautement automatisés de niveau 3, Daimler pourrait mettre des véhicules totalement automatisés de niveaux 4 et 5 sur le marché. De nombreuses autres entreprises de construction automobile ont fait des déclarations similaires, promettant des modèles fonctionnels pour 2021. D’autres entreprises ont mentionné pouvoir livrer des modèles utilisables par le grand public d’ici 2025.
Mais contrairement à ce à quoi on pourrait s’attendre à cette exposition, il n’y avait pas que des croyants en la cause des voitures autonomes. Tim Mackey de Black Duck Software, une entreprise spécialisée dans les questions de sécurité de véhicules autonomes, croit fermement qu’un événement va forcer les acteurs du domaine à stopper leur ruée vers la conduite autonome. Il rappelle que ce genre de voitures est facile à pirater et espère que la prise de conscience de l’industrie se fera sans perte en vies humaines. En effet, dans un test il y a quelques années, des pirates ont réussi à prendre le contrôle d’un des systèmes de direction et de freinage d’une voiture autonome. Et le spécialiste de Black Duck Software est fermement convaincu que des cybercriminels pourraient aisément rééditer l’exploit.
Source : The Spectator
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