Le directeur d'IBM Research met en garde contre les ordinateurs quantiques,
qui pourront briser instantanément les méthodes de chiffrement actuelles
L’informatique quantique longtemps pourrait être accessible au grand public sous peu. Ce domaine promet d’offrir des ordinateurs ultras performants qui pourraient révolutionner les technologies numériques. Des géants de l’informatique mènent une concurrence ardue en vue d’atteindre des performances inégalées et de démocratiser ces équipements, parmi lesquels on peut citer Alibaba, Google, IBM ou encore Microsoft. Todd Holmdahl, vice-président de Microsoft Quantum annonçait en début de mois lors de la conférence « Microsoft Build » que sa firme serait en mesure de proposer un ordinateur quantique dans environ cinq ans.
Les ordinateurs quantiques peuvent résoudre certains types de problèmes complexes presque instantanément, des problèmes si complexes que leur résolution prendrait des milliards d'années de traitement des ordinateurs conventionnels. Les progrès dans les matériaux nouveaux et dans la physique à basse température ont conduit à de nombreuses percées dans le domaine de l'informatique quantique au cours des dernières années, et de grands systèmes informatiques quantiques commerciaux seront bientôt viables et disponibles dans le commerce. Cette puissance de calcul pourrait cependant affaiblir la sécurité offerte par les méthodes de chiffrement utilisées de nos jours, à en croire certains acteurs du domaine.
Lors d’une conférence du Club Churchill à San Francisco, ce mardi, Arvind Krishna, directeur d’IBM Research affirmait que l’avènement de ces ordinateurs quantiques aura un gros impact sur la sécurité. «Toute personne qui veut s'assurer que ses données sont protégées pendant plus de 10 ans devrait passer à d'autres formes de cryptage », a déclaré Arvind. Dans un peu plus de cinq ans, les ordinateurs quantiques seront en mesure de briser instantanément le cryptage des données sensibles protégées par les meilleures techniques de sécurité connues, prévient le directeur d'IBM Research. En effet, l’Institut national des standards et de la technologie (NIST), organisme chargé des normes aux États-Unis, avaient lancé en 2017 un concours visant à proposer des algorithmes en mesure de résister à des attaques de ces nouvelles machines.
Stephen Jordan, chercheur au NIST, affirmait que « même si les ordinateurs quantiques ne sont pas encore là, il est temps de s’y mettre », sous entendu qu’il faut d’ores et déjà travailler sur des méthodes de chiffrement capable de leurs résister. Les utilisateurs pourraient se sentir en sécurité parce qu’ils ont mis en place les mesures nécessaires pour sécuriser leurs données, mais les machines quantiques vont les rendre inefficaces, soutient Kam Moler, professeur de physique à l'université de Stanford, lors de la conférence au Club Churchill. Cependant, le directeur d’IBM Research soutient que le type de chiffrement « Lattice Field » pourrait résister aux attaques quantiques. « La bonne nouvelle est qu'elle est aussi efficace que notre cryptage actuel, il ne coûtera donc pas plus cher », a-t-il déclaré.
Ces attaques sur les chiffrements pourraient aussi mettre en danger les cryptomonnaies existantes. Des chercheurs ont mené une étude qui soutient que la sécurité du Blockchain pourrait céder face à des ordinateurs quantiques. « Les principaux protocoles cryptographiques utilisés pour sécuriser Internet et les transactions financières d'aujourd'hui sont tous susceptibles d'être attaqués par le développement d'un ordinateur quantique suffisamment puissant. Un domaine particulier à risque est celui des cryptomonnaies, un marché qui vaut actuellement plus de 150 milliards de dollars ». Au-delà d’être utilisé pour mener des attaques informatiques, la technologie quantique permettra d’économiser de grandes quantités d’énergie. En effet, des applications telles que le Bitcoin voient leur consommation énergétique et leur besoin en puissance de calcul croitre vertigineusement au point de soulever un débat sur son utilité. Chaque calcul effectué avec la technologie quantique ne prend que quelques Watts, alors qu’il serait nécessaire de disposer de plusieurs « fermes de serveurs » s'il était exécuté sur des systèmes conventionnels.
Source : arxiv
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