La plainte contre Google pour discrimination fondée sur l'âge pourrait prendre une tout autre proportion,
si un recours d'action collective est autorisé
Il y a un peu plus d’un an (avril 2015), Robert Heath, un ingénieur dont la candidature pour un poste chez Google n’a pas été retenue, a décidé de porter plainte, prétendant qu’il a été effacé de la compétition à cause de son âge.
Les faits remontent à 2011. Robert Heath avait alors 60 ans et a décidé de postuler pour un poste d’ingénieur logiciel proposé par Google auquel Heath affirme qu’il correspondait en tout point au profil recherché et a d’ailleurs été considéré comme étant « un excellent candidat » par un recruteur Google. Pourtant, Google ne lui a pas donné l’opportunité de rejoindre ses rangs. La plainte a été déposée auprès de la Cour du district de San José (Californie).
Heath est détenteur d’un diplôme d’une licence en sciences informatiques et a travaillé pour des entreprises comme IBM, CompaQ et General Dynamics. Il a également une certification Java qu’il a obtenue avec un score « supérieur à 96 % de tous ceux qui l’ont passé avant », comme l’affirme la plainte.
Il y explique notamment qu’un des responsables de l’équipe d’ingénierie de Google l’a contacté alors qu’il y avait des postes à pourvoir pour des candidats disposant d’une grande expérience en C/C++ ainsi qu’en Java.
En réponse à cette plainte, Google a simplement commenté en disant que « nous pensons que les faits vont montrer que ce cas ne mérite pas d’attention et nous avons l’intention de nous défendre vigoureusement ».
S’il est difficile de démontrer une discrimination basée sur l’âge, la plainte a choisi le chemin des statistiques : elle a rappelé que sur la période allant de 2007 à 2013, les ressources humaines sont passées de 9500 à 28 000 personnes, « pourtant en 2013, l’âge médian de ses employés était de 29 ans ». Un âge médian bien loin des 43 ans d’âge médian de professionnels travaillant dans le secteur de l’informatique aux États-Unis.
Dans son rapport annuel sur la diversité de ses équipes, Google y communique entre autres le pourcentage de femmes qu’il emploie (30 %) ou même le nombre de Noirs (2 %), mais l’entreprise ne laisse filtrer aucune information sur la pyramide des âges, notamment en ce qui concerne les Greylers, une partie de ses ressources humaines que l’entreprise identifie comme étant des Googlers « d’un certain âge ». Alors comment l’âge médian a-t-il été déduit ?
La plainte affirme s’être basée sur des données issues de PayScale, une société d'avantages sociaux et de recherche de compensation. Les données ont été basées sur 840 profils à temps plein, d’employés réguliers basés aux États-Unis. Dans le cas de Google, la marge d'erreur était d'environ 4 %, selon Katie Bardaro, économiste et directeur de l'analyse chez PayScale.
Une femme du nom de Cheryl Fillekes a décidé de se joindre au combat de Heath parce qu’elle estime qu’elle n’a pas pu travailler avec Google à cause du fait qu’elle était dans la cinquantaine. Dans sa plainte, elle indique avoir obtenu une licence en ingénierie logicielle à l’université de Cornell (1982) et un doctorat en géophysique à l’université de Chicago (1990). Elle a également bénéficié d’une bourse pour des recherches postdoctorales à l’université d’Harvard où elle s’est spécialisée dans la programmation des systèmes Unix et Linux.
Sur une période de sept ans, explique-t-elle, les recruteurs de Google l’ont contactée à quatre différentes reprises et, à chaque fois, elle a obtenu le sésame pour un entretien dans les locaux de Google après avoir réussi l’entretien téléphonique. Pourtant, Fillekes n’a jamais pu obtenir un emploi chez Google.
Dans sa déclaration, elle affirme qu’un recruteur Google l’a contactée en 2007 pour intégrer soit l’équipe d’ingénierie et de test, soit l’équipe de développement logiciel. S'en sont alors suivis une série d’entretiens téléphoniques qui lui ont permis de décrocher un entretien dans le quartier général de Google à Mountain View. En 2010, un autre recruteur l’a contactée et lui a fait savoir que d’après ses résultats précédents, elle était la candidate idéale pour le poste à pourvoir.
Le même scénario s’est reproduit en 2011 et fin 2013 ; à chaque fois, un recruteur de Google la contactait, une série d’entretiens téléphoniques avaient lieu et elle se retrouvait au quartier général de Google pour un entretien. Mais jamais elle n’a obtenu de poste.
« En dépit du fait qu’elle était parfaitement qualifiée pour chacune des offres d’emploi pour lesquelles des recruteurs de Google ont eu un entretien avec elle, Google ne l’a retenue pour aucun de ces postes après qu’elle ait eu un entretien dans son quartier général », indique la plainte. Et de continuer en affirmant que Google favorise les travailleurs âgés de moins de 40 ans et les engage « dans un nombre significativement large ».
La plainte identifie également d'autres individus figurant dans le cas de figure par leurs initiales. Ils sont prêts à se joindre au combat.
Une motion pour la certification du statut d'action collective a été déposée devant le tribunal fédéral de San Jose mercredi dernier et pourrait permettre à toute personne ayant au moins 40 ans qui pense ne pas avoir été embauchée par la société à cause de son âge à se joindre au combat. Elle indique notamment que « tous les individus qui ont été reçus en entretien individuel pour toute position d’ingénieur en logiciels, en fiabilité de sites ou en systèmes chez Google aux États-Unis, durant la période du 13 août 2010 jusqu’à aujourd’hui, qui étaient âgés de 40 ans ou plus au moment de leur entretien, et à qui on a refusé le poste chez Google ».
Daniel Kotchen, partenaire chez Kotchen & Low qui représente Fillekes, a indiqué que « nous pensons qu'il y a une multitude de personnes qui sont qualifiées, mais n’ont pas reçu une position chez Google en raison de leur âge ».
Dan Lyons, l’auteur du best seller Disruped, un mémoire du temps où il était développeur logiciel, a indiqué que la discrimination en raison de l’âge est répandue dans le domaine de l’industrie technologique. Et d’expliquer que les entreprises technologiques préfèrent les travailleurs plus jeunes parce qu’ils coûtent moins cher et n’ont pas de famille ou d'autres obligations en général. Aussi, ils peuvent bâtir leur vie autour du travail. Les travailleurs plus jeunes ont également des coûts en soins de santé plus faibles, ce qui revient au final moins cher à l’entreprise.
Source : Daily Mail, PayScale
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