Cet institut préconise diverses mesures, en se basant sur de nombreuses études, pour promouvoir le numérique à l'école.
C'est une intention louable, le but annoncé étant de réduire les inégalités et de baisser le nombre d'enfants en difficulté, même s'il n'oublie pas de mentionner que "les coûts associés au décrochage d’un jeune en France, cumulés tout au long de sa vie, sont estimés à 230 000 €"...
Est-il besoin de rappeler les avantages du numérique à l'école? On les martèle sans que rien ne change. On sait qu'il permet la différenciation, on sait qu'il change le rapport au savoir, qu'il permet de travailler hors école, qu'il développe des savoir faire et des savoir être... Le numérique, qu'on le veuille ou non, est incontournable, il faut donc qu'il soit pris en compte à l'école.
Et c'est là qu'est le hic: comment?
- Premier point: la pédagogie du numérique.
C'est en analysant les préconisations de ce rapport bienveillant que l'on s'aperçoit que, sous ses airs de modernité, il ne préconise rien d'autre que ce qui est déjà conseillé... et qui ne fonctionne pas!
Commençons par les consultants: parmi eux se trouvent des représentants d'Apple, de Microsoft, du ministère de l'Éducation Nationale... Aucun "expert" utilisant un système libre n'a été cité. Ce monde étant réduit à l'usage de Wikipédia (non cité mais tellement sussuré). On ne peut alors s'empêcher, une deuxième fois, de constater que commerce et refus de l'échec scolaire peuvent faire bon ménage...
Passons sur les expérimentations isolées, les exemples étrangers, les bons mots sur l'approche du numérique tant avec les enfants qu'avec les enseignants. Ce qui interpelle est ce qui n'est pas dit.
Si on suit ce qui est conseillé, on doit utiliser des tablettes et coder dès neuf ans. Et l'ordinateur? Out! Voilà ce qui n'est pas dit. On code, on glisse ses doigts sur un écran, on utilise des applications qui n'ont aucun rapport entre elles, mais on est incapable d'enregistrer un document, d'en ouvrir un sur le réseau, d'insérer une image dans un document, et j'en passe... Et oui! Ça s'apprend, n'en déplaise à ceux qui ne veulent pas l'entendre! Le numérique est une discipline transversale, qui peut elle aussi faire l'objet d'apprentissages, non pas hors contexte, mais une leçon de géographie peut être prétexte à bien des manipulations, si on laisse une part au numérique, car on vous reprochera très vite de ne pas faire de géographie s'il y a trop de manipulations informatiques... Voilà le hic!
Coder! Mais pour quoi faire? Faire avancer un robot? Allumer trois leds? Non! Si codage il y a, il doit répondre à un besoin de la classe; il ne doit pas être artificiel, faute de quoi il se réduira à l'ingestion de quelques formules indigestes! J'ai besoin d'un site? D'une application? D'un codage scratch pour animer une histoire? Construisons-les!
- Deuxième point: la formation des enseignants.
N'y allons pas par quatre chemins. Si la politique ne veut pas du numérique, les enseignants n'en font pas. Et la politique ne veut pas du numérique. Pourquoi? Deux réponses: former sans élèves aux usages du numérique est un non-sens. Les enseignants ressources en informatique doivent bâtir les séances, les scénarios avec les enseignants et les accompagner en classe dans leur mise en œuvre, tout au moins au début du processus, les connaissances suivront. Comment peut-on être efficace avec un enseignant ressources informatique à mi-temps pour 200 à 300 collègues? Ensuite, si le numérique avait tant d'importance, on tiendrait compte de son intégration dans la note pédagogique...
- Troisième point: l'aide à l'équipement des collectivités.
Seul point positif à mon sens de ce rapport, le guide pour les collectivités est concret et bien chiffré, si ce n'est qu'il préconise l'usage de tablettes...
Conclusion: si vous êtes une collectivité, lisez la charte, elle vous sera utile. Si vous êtes un enseignant, malheureusement, à l'ouest, rien de nouveau!
Partager