Non, c'est le raisonnement de tous ceux qui voient l'informatique comme une généralisation du calcul, tel qu'on l'apprend au primaire. Ou de la façon dont on a appris à lire (des lettres qui font des syllabes qui font des mots, qui font des phrases, qui font du sens, de façon assez linéaire, je crois).
C'est pour cela que je dis qu'il est naturel.
L'approche procédurale fait sens pour un très grand nombre d'applications de l'informatique. En fait, partout où l'on raisonne en termes de "traitement" ou de "calcul".
L'approche objet est adaptée à des situations particulières. A mon avis, elle est avant tout utile pour les interfaces utilisateur, les programmes de type "simulation" (où l'on a par nature des objets qui interréagissent de façon indépendante, cette situation est courante dans les jeux), et *éventuellement* des structures de très grande taille, de façon à réduire les interactions entre modules distincts. Mais dans ce dernier cas, elle n'est qu'une solution à la mode parmi d'autres.
Mais, en fin de compte, tout émane du procédural, parce que ce type de raisonnement qui sépare données et traitements, et découpe chaque traitement en fonctions est à la base du raisonnement humain. Regardez la grammaire : on a des noms (données) et des verbes (traitements) qu'on applique en des procédures linéaires (phrases). C'est pareil en maths, en comptabilité aussi...
Alors, on peut reprocher à ce formalisme scientifique de mal représenter le monde réel, de ne pas savoir qu'un cappucino est un café, ou qu'une porte peut d'ouvrir, comme un livre, ou une boite de conserve. Mais c'est un mauvais procès, car en dehors d'applications de simulation où l'on demande au programme de "faire comme dans le monde réel", ce n'est pas l'objet de l'informatique.
On a maintenant du recul sur les générations "formées à l'objet". Mon impression c'est que les grandes promesses de simplification du code, d'amélioration de la maintenance, n'ont pas plus été tenues par l'objet que par les solutions miracles qui l'ont précédé, ce qui fait qu'on a aujourd'hui de la POO une vision plus modeste qu'il y a une vingtaine d'années. Par ailleurs, on peut constater que l'insistance mise sur l'objet, surtout quand on lui ajoute l'UML comme point de passage obligé, et les design pattern comme évangile, renforce chez certains un gout de l'abstrait pour l'abstrait qui produit rarement du bon travail (en informatique comme ailleurs).
Bref, l'objet est passé dans les moeurs, tout le monde en fait, à des niveaux différents. Mais ceux qui lui accordent une trop grande importance font l'objet d'une méfiance assez générale.
Francois
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