Free Mobile : Xavier Niel répond aux attaques des opérateurs historiques
Qui verseraient des dividendes « colossaux » mais qui investiraient peu
De nombreuses voix se sont exprimées contre Free Mobile depuis son lancement. Les syndicats de France Telecom (pour qui « Free Mobile prend les français pour des cons »). Les filiales pros de la concurrence (qui qualifient Free d'« offre low cost inadaptée aux PME »). Des universitaires, pour qui, en résumé, « la concurrence est bonne mais là, non, elle n’est pas bonne ». Ou la presse généraliste avec des Benchmarks peu flatteurs (le dernier en date étant publié par nos confrères de Capital).
Jusqu’ici, Xavier Niel, le PDG d’Iliad, maison mère de Free Mobile, avait gardé le silence.
Mais la coupe est visiblement pleine. Le dirigeant a choisi de prendre sa plume pour mettre les points sur les « i » et dire ses quatre vérités à la concurrence en démontant, un à un, les arguments des opérateurs historiques dans les colonnes du quotidien Les Echos.
Free Mobile détruit l’emploi ? Faux, commence-t-il. La tendance à la baisse durerait depuis des années. Le secteur serait passé de 156.000 postes en 1998 à 124.000 en 2009, « année où il s'est stabilisé » d’après Xavier Niel.
Mieux, non content de ne pas en détruire, le nouvel opérateur en créerait. « Free a recruté plus de 1.500 personnes sur la dernière année pour son activité mobile […] et le développement de notre réseau de boutiques contribuera à la croissance de nos effectifs sur le territoire national ».
Free Mobile pousse à la délocalisation ? Archi-faux, répond le PDG. « Depuis un an, la totalité des emplois créés dans nos centres d'appels l'a été en France ».
Quant à la concurrence, elle délocaliserait parce qu’elle l’a toujours fait et pas à cause de Free Mobile. « L'installation de centres d'appels offshore sous-traités a commencé il y a bien longtemps, du temps de l'oligopole soucieux de sa rente », contre-attaque Xavier Niel qui enfonce le clou en soulignant que son groupe n'avait qu'un centre d'appels en France en 2008. « Il y en a cinq aujourd'hui, avec des effectifs qui ont quintuplé ».
Free Mobile est « un coucou appuyant son développement sur les investissements des autres » ? Encore faux. Pour le PDG de Free Mobile, fin 2011, ce serait Iliad qui aurait fait les plus gros investissements dans la fibre optique.
« Ramené à son chiffre d'affaires, Iliad investit considérablement plus que ses concurrents », écrit-il, avançant un taux d’investissement de 50 % de son chiffre d’affaires contre 12 % à 20 % pour France Télécom, SFR et Bouygues Telecom.
Xavier Niel lors la présentation de son offre Free Mobile
Cet investissement massif aurait une raison économique simple, les minutes achetées en itinérance sont plus coûteuses que celles produites par Free Mobile lui-même.
Free Mobile détruit la concurrence par excès de concurrence ? Toujours faux, rétorque le fondateur de Free, en comparant les efforts de déploiement de la 3G (« l'oligopole a attendu des années, au mépris de leurs obligations ») et le soudain empressement pour mettre en place la 4G (« les trois opérateurs historiques […] se précipitent pour se différencier du nouvel entrant »).
En réduisant les marges des « historiques », Free Mobile menace l’investissement à long terme du secteur ? Sur cette question, Xavier Niel est le plus cinglant.
Pour lui, sa filiale ne diminue en rien la capacité d’investissement de ses concurrents. Elle diminue certes leurs marges, mais ce serait le choix de Vivendi, France Telecom et Bouygues Telecom d’arbitrer l'allocation de leurs bénéfices en faveur des dividendes des actionnaires qui les pousseraient à moins consacrer de ressources aux investissements.
« Le taux de distribution des dividendes est colossal chez nos concurrents et quasi nul chez nous. […] Leurs maisons mères viennent de faire voter par leurs assemblées générales respectives le versement de 5,5 milliards d'euros de dividendes et ces derniers resteront considérables l'année prochaine », attaque frontalement Xavier Niel. « Cela veut dire que l'oligopole distribue des dividendes beaucoup plus qu'il n'investit ».
Accusé de favoriser un climat de délocalisation et d’appauvrir le pays, le dirigeant va même jusqu’à inverser l’argument contre ses compétiteurs. Les dividendes versés partiraient en effet « majoritairement chez des investisseurs institutionnels rarement domiciliés en France... ».
Au final Free Mobile ne serait, pour les opérateurs historiques, qu’un nouveau prétexte – qui succède à « la réglementation et aux taxes » - pour imposer la rigueur en interne. « L'objectif est toujours le même : maximiser le dividende en se cachant derrière un bouc émissaire », conclut Xavier Niel.
Un Xavier Niel qui évite cependant soigneusement de répondre, dans sa tribune au vitriol, aux critiques sur la qualité actuelle du réseau et sur une hotline à la (très) mauvaise réputation.
Source : Les Echos
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