Il me suffirait d'une gorgée de ton lait jiculi pour qu'en toi je
découvre toujours à même distance de mirage - mille fois plus
natale et dorée d'un soleil que n'entame nul prisme - la terre où
tout est libre et fraternel, ma terre.
Partir. Mon coeur bruissait de générosités emphatiques. Partir...
j'arriverais lisse et jeune dans ce pays mien et je dirais à ce
pays dont le limon entre dans la composition de ma chair : « J'ai
longtemps erré et je reviens vers la hideur désertée de vos
plaies ».
Je viendrais à ce pays mien et je lui dirais : Embrassez-moi
sans crainte... Et si je ne sais que parler, c'est pour vous que je
parlerai».
Et je lui dirais encore :
« Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n'ont point de
bouche, ma voix, la liberté de celles qui s'affaissent au cachot
du désespoir. »
Et venant je me dirais à moi-même :
« Et surtout mon corps aussi bien que mon âme, gardez-vous de vous
croiser les bras en l'attitude stérile du spectateur, car la
vie n'est pas un spectacle,car une mer de douleurs n'est pas un
proscenium, car un homme qui
crie n'est pas un ours qui danse... »
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