Anthropic mise sur les extensions prêtes à l'emploi qu'elle a baptisé « skills » pour rendre Claude plus utile au travail,
une annonce qui fait suite à la sortie d'un nouvel outil similaire AgentKit par OpenAI

Anthropic introduit une nouvelle ère pour son assistant Claude : celle des « skills » (compétences, en français), des modules spécialisés capables d’exécuter des tâches professionnelles de manière autonome et intégrée. Une initiative qui aligne la firme sur la stratégie d’OpenAI, tout en cherchant à séduire le monde de l’entreprise avec une approche plus modulaire et transparente.

Avec ses nouveaux « skills », Anthropic ne cherche pas seulement à rendre Claude plus puissant : elle veut le rendre compétent. Ces « skills » sont des extensions prêtes à l’emploi qui permettent à Claude de maîtriser des domaines précis — gestion de projets, analyse de données, rédaction de rapports, synthèse juridique, ou encore automatisation de processus internes.

L’idée est simple mais stratégique : plutôt que d’obliger les entreprises à développer leurs propres intégrations, Anthropic fournit des briques intelligentes que Claude peut activer à la demande. L’utilisateur, sans aucune compétence en programmation, peut ainsi dire : « Active la compétence de gestion des tickets clients » ou « résume les courriels de la semaine selon le modèle de reporting interne ».

Chaque « skill » fonctionne comme un module d’expertise encapsulé : il contient son propre prompt, son format de sortie et ses instructions comportementales, garantissant cohérence et reproductibilité dans les tâches. Pour les entreprises, cela promet une IA moins « improvisatrice » et plus conforme aux standards métiers.

Citation Envoyé par Anthropic
Claude invoque automatiquement les compétences pertinentes en fonction de votre tâche, sans sélection manuelle nécessaire. Vous verrez même les compétences utilisées dans le raisonnement de Claude pendant qu'il travaille.

La création de compétences est simple. La compétence « skill-creator » fournit des conseils interactifs : Claude vous pose des questions sur votre flux de travail, génère la structure des dossiers, formate le fichier SKILL.md et regroupe les ressources dont vous avez besoin. Aucune modification manuelle des fichiers n'est nécessaire.

Les limites des « skills » : bien comprendre ce qu'elles peuvent et ne peuvent pas faire pour mieux apprivoiser l'outil

Que sont les « skills » Claude ? En termes simples

Il s'agit d'ensembles de capacités axées sur des tâches spécifiques. Vous (ou votre équipe) définissez comment une tâche doit être effectuée (ton, structure, modèles, formats de fichiers, listes de choses à faire/à ne pas faire) et Claude utilise ces indications pour produire des résultats cohérents. La magie pour les non-développeurs réside dans le fait que Claude peut sélectionner automatiquement une compétence pertinente lorsqu'il reconnaît la tâche que vous lui demandez d'effectuer.
  • En d'autres termes, les « skills » sont comme des dossiers étiquetés contenant des instructions et des ressources que Claude peut consulter en cas de besoin.
  • Depuis leur introduction en octobre 2025, les compétences sont disponibles en avant-première pour les utilisateurs Pro, Max, Team et Enterprise, et peuvent être activées dans les paramètres de l'application (Centre d'aide Claude : Utilisation des compétences dans Claude).

Ce que les « skills » Claude ne sont pas

Clarifier les limites vous aide à utiliser les compétences en toute confiance :
  • Pas de réentraînement du modèle : les « skills » ne modifient pas le modèle sous-jacent de l'IA ; elles fournissent des instructions et des ressources réutilisables.
  • Pas une mémoire universelle : les « skills » ne mémorisent pas vos préférences d'une conversation à l'autre ; la fonctionnalité Claude Memory gère le contexte à long terme.
  • Pas d'intégrations illimitées : si vous avez besoin que Claude se connecte à des systèmes externes ou à des outils de développement, cela implique généralement des plugins ou des serveurs MCP, des concepts différents des « skills ».

Citation Envoyé par Anthropic
Comment fonctionnent les compétences

Lorsqu'il travaille sur des tâches, Claude analyse les compétences disponibles pour trouver celles qui correspondent. Lorsqu'il en trouve une, il ne charge que les informations et les fichiers minimaux nécessaires, ce qui permet à Claude de rester rapide tout en accédant à une expertise spécialisée.

Les compétences sont :
  • Composables : les compétences s'additionnent. Claude identifie automatiquement les compétences nécessaires et coordonne leur utilisation.
  • Portables : les compétences utilisent le même format partout. Créez-les une seule fois, utilisez-les dans toutes les applications Claude, Claude Code et API.
  • Efficaces : elles ne chargent que ce qui est nécessaire, quand cela est nécessaire.
  • Puissantes : les compétences peuvent inclure du code exécutable pour les tâches où la programmation traditionnelle est plus fiable que la génération de jetons.

Considérez les compétences comme des supports d'intégration personnalisés qui vous permettent de regrouper votre expertise, faisant de Claude un spécialiste de ce qui compte le plus pour vous.

Les « skills » fonctionnent avec tous les produits Claude

Applications Claude

Les compétences sont disponibles pour les utilisateurs Pro, Max, Team et Enterprise. Anthropic fournit des « skills » pour des tâches courantes telles que la création de documents, des exemples que vous pouvez personnaliser et la possibilité de créer vos propres compétences personnalisées.

Activez les compétences dans les paramètres. Pour les utilisateurs Team et Enterprise, les administrateurs doivent d'abord activer les compétences à l'échelle de l'organisation.

Plateforme de développement Claude (API)

Les compétences d'agent, qu'Anthropic appelle souvent simplement « skills », peuvent désormais être ajoutées aux requêtes API Messages, et le nouveau point de terminaison /v1/skills permet aux développeurs de contrôler de manière programmatique la gestion et la version des compétences personnalisées. Les compétences nécessitent l'outil d'exécution de code bêta, qui fournit l'environnement sécurisé dont elles ont besoin pour fonctionner.

Utilisez les compétences créées par Anthropic pour permettre à Claude de lire et de générer des feuilles de calcul Excel professionnelles avec des formules, des présentations PowerPoint, des documents Word et des PDF remplissables. Les développeurs peuvent créer des compétences personnalisées afin d'étendre les capacités de Claude à leurs cas d'utilisation spécifiques.

Les développeurs peuvent également créer, afficher et mettre à niveau facilement les versions des compétences via la console Claude.

Claude Code

Les compétences étendent Claude Code grâce à l'expertise et aux flux de travail de votre équipe. Installez des compétences via des plugins disponibles sur la marketplace anthropics/skills. Claude les charge automatiquement lorsqu'elles sont pertinentes. Partagez les compétences avec votre équipe grâce au contrôle de version. Vous pouvez également installer manuellement des compétences en les ajoutant à ~/.claude/skills. Le SDK Claude Agent fournit la même prise en charge des compétences d'agent pour la création d'agents personnalisés.

Nom : anthropic.png
Affichages : 10151
Taille : 185,3 Ko

Une réponse directe à OpenAI et ses « AgentKit »

Difficile de ne pas voir dans ce lancement un écho à la démarche d’OpenAI, qui a popularisé les « Custom GPTs » (les instructions personnalisées, qui viennent donc jouer différents rôles selon vos besoin) et les « GPTs Store ». Comme eux, les « skills » d’Anthropic permettent d’adapter l’assistant à des contextes précis sans écrire une ligne de code. Mais Anthropic joue sur un autre terrain : celui de la fiabilité contextuelle.

Brad Abrams, chef de produit chez Anthropic, a déclaré que « ce qui m'intéresse dans Skills, ce sont essentiellement les agents ». Il a expliqué que la fonctionnalité Skills offre essentiellement aux organisations qui développent des agents un moyen d'apprendre à Claude à bien faire son travail « dans leur contexte spécifique ». Il a souligné qu'il ne s'agit pas d'atteindre des critères arbitraires, mais d'être capable d'accomplir les tâches nécessaires au sein de votre propre entreprise.

L'annonce d'Anthropic fait suite à celle d'OpenAI dans le même domaine, faite plus tôt ce mois-ci lors de l'événement annuel DevDay de l'entreprise.

Lors de cet événement, OpenAI a dévoilé AgentKit, un ensemble d'outils qui, selon les dirigeants, ont été « conçus pour vous aider à faire passer les agents du stade de prototype à celui de production » et qui s'adressent à la fois aux grandes entreprises et aux développeurs individuels.

L'exemple d'utilisation présenté par OpenAI était celui d'Albertsons, qui gère plus de 2 000 épiceries aux États-Unis, et qui utilise un agent personnalisé avec des données personnalisées pour créer un plan visant à améliorer les ventes de crème glacée si celles-ci baissaient de plus de 30 %. Box, Canva, Evernote et Ramp ont également été cités comme ayant essayé cet outil. OpenAI a également annoncé un outil destiné aux consommateurs qui permet aux utilisateurs de travailler avec des applications intégrées à ChatGPT, telles que Zillow et Uber Eats.

OpenAI a choisi une approche ouverte, presque anarchique. Ses « agents » et « GPTs » personnalisés misent sur la créativité, sur la liberté des utilisateurs à expérimenter, bricoler, détourner les usages. L’entreprise encourage l’émergence d’un écosystème bouillonnant où l’on crée des assistants capables de tout faire, du résumé de réunions à la génération de jeux vidéo. Ce foisonnement comporte des risques, certes, mais il s’appuie sur une idée fondatrice : la valeur de l’intelligence vient de son adaptabilité, pas de sa conformité.

Anthropic, à l’inverse, veut faire de la rigueur une vertu. Ses « skills » ne sont pas des créations spontanées, mais des modules encadrés, construits pour respecter les normes d’entreprise et la prévisibilité des workflows. Là où OpenAI offre un terrain d’expérimentation, Anthropic érige un atelier normé. Claude n’est pas un compagnon d’exploration : c’est un collègue certifié ISO, pensé pour rassurer les directions plutôt que stimuler les idées.

Cette différence traduit deux philosophies industrielles. OpenAI se comporte comme un éditeur de plateforme grand public : elle veut conquérir la masse en rendant l’IA ludique, souple, extensible. Anthropic, elle, adopte la posture d’un fournisseur d’infrastructure : elle cible la confiance des entreprises avant la fascination des utilisateurs.


Là où OpenAI mise sur la créativité et la variété des expériences, Anthropic met en avant la sécurité, la transparence et le contrôle. Chaque « skill » doit être validé selon le cadre « IA constitutionnelle » propre à la marque, un ensemble de règles éthiques et comportementales intégrées à Claude depuis sa conception.

Ce modèle vise à rassurer les entreprises, souvent frileuses face à des IA « boîtes noires ». Les administrateurs peuvent inspecter, modifier et auditer les prompts internes des « skills ». Anthropic entend ainsi bâtir un écosystème d’outils d’entreprise certifiés, compatibles avec les exigences de conformité, de gouvernance et de confidentialité.

Le résultat est une IA plus prévisible, moins fantasque, mieux adaptée au monde professionnel, où l’improvisation est souvent synonyme de risque.

Citation Envoyé par Anthropic
Qu'est-ce que l'IA constitutionnelle ?

L'IA constitutionnelle répond à ces lacunes en utilisant les retours d'information de l'IA pour évaluer les résultats. Le système utilise un ensemble de principes pour porter des jugements sur les résultats, d'où le terme « constitutionnel ». À un niveau élevé, la constitution guide le modèle afin qu'il adopte le comportement normatif décrit dans la constitution, c'est-à-dire qu'il contribue à éviter les résultats toxiques ou discriminatoires, qu'il évite d'aider un être humain à se livrer à des activités illégales ou contraires à l'éthique et qu'il crée globalement un système d'IA utile, honnête et inoffensif.
Un écosystème pensé pour les non-développeurs

Pas besoin de savoir coder pour créer un « skill ». Une simple configuration suffit, avec des champs tels que « objectif », « entrées requises » et « structure de sortie ».

Jusqu’ici, la création de fonctionnalités d’IA supposait des intégrations API, du code et une coordination avec la DSI. Avec les « skills », un chef de produit ou un consultant RH peut concevoir ses propres outils internes, adaptés à ses besoins spécifiques. Cela démocratise l’automatisation. Les départements peuvent rapidement formaliser leur savoir-faire en « skills » internes : un modèle de reporting mensuel, un résumé de réunions, une grille d’évaluation, une réponse type à un client mécontent. L’entreprise devient un organisme vivant d’intelligences spécialisées.

Mais cette simplicité pose aussi la question du contrôle. Si chacun peut créer un « skill », qui garantit que ces modules respectent la sécurité interne, les protocoles RGPD, ou les standards de communication ? Anthropic promet un système de vérification et d’approbation centralisé. Reste à voir comment il s’intégrera à la complexité des grandes organisations.

Sources : Anthropic, Constitution de Claude (1, 2)

Et vous ?

Que pensez-vous des « skills » de Claude ? Vous semblent-ils plus adaptés à l'entreprise que leur équivalent chez OpenAI ? Dans quelle mesure ?

Les « skills » d’Anthropic créent-ils un nouveau modèle de formation continue… pour les IA ?

Peut-on parler d’intelligence quand celle-ci est fragmentée en modules spécialisés ?

Les entreprises qui adoptent Claude et ses « skills » sont-elles susceptibles de devenir dépendantes d’un seul fournisseur ?