Mark Zuckerberg : Apple fait payer des « loyers de monopole » avec sa « mainmise » sur les iPhone,
L'App Store « bloque l'innovation, bloque la concurrence »
Mark Zuckerberg, PDG de Facebook, a apparemment eu des mots durs pour Apple lors d'une récente réunion à l'échelle de l'entreprise tenue en ligne jeudi. Zuckerberg a utilisé cette réunion comme un moyen de critiquer le contrôle qu'Apple exerce sur l'iPhone et l'App Store. Il a qualifié l'App Store du fabricant d'iPhone de monopolistique et de nuisible aux clients, alors qu’il répondait aux questions lors de la réunion, en évoquant la « mainmise » de l'entreprise sur la boutique en ligne et en déclarant qu’Apple fait payer des « loyers de monopole ».
« [Apple a] cette mainmise unique en tant que gardien de ce qui se trouve sur les téléphones », a déclaré Zuckerberg à plus de 50 000 employés via le webcast. Il a ajouté que l'App Store du géant de Cupertino, en Californie, « bloque l'innovation, bloque la concurrence » et « permet à Apple de faire payer des loyers monopolistiques », a jouté le patron du plus grand réseau social. BuzzFeed News a fait un rapport sur la réunion avant que Facebook ne rende publique une vidéo de la réunion sur sa plateforme.
Alors que le PDG de Facebook a dénoncé le blocage par Apple des applications liées aux jeux, ses commentaires sont arrivés à un moment où les autorités examinent les deux géants de la Silicon Valley pour un comportement antitrust. Le mois dernier, Zuckerberg et le PDG d'Apple, Tim Cook, ainsi que les dirigeants d'Amazon et de Google, ont témoigné lors d'une audition de la Chambre des représentants examinant les pratiques potentiellement monopolistiques des plus grandes entreprises technologiques des États-Unis.
Plus tôt dans la journée jeudi, Facebook a révélé qu'Apple avait bloqué son projet d'ajouter un "avis de transparence" informant les utilisateurs qu'Apple recevrait une commission de 30 % sur les achats effectués par le biais d'une nouvelle fonctionnalité de l'application Facebook qui permet aux entreprises de vendre des billets pour des événements en ligne sur la plateforme. Après qu'Apple ait dit à Facebook que cette notification était une « information non pertinente », et qu’il ait refusé de renoncer à sa commission de 30 %, le réseau social a été forcé de supprimer le message de son application avant qu'Apple ne laisse passer la fonctionnalité.
La fonctionnalité permet aux utilisateurs de Facebook d'acheter des billets pour des événements en ligne directement via l'application (achat in-app). Pour cette fonctionnalité spécifique qui permet aux personnes d’acheter un accès via Facebook sur iOS, le réseau social avait initialement demandé qu'Apple renonce à sa commission. L'idée sous-jacente est qu'il s'agit d'événements en ligne destinés à soutenir les petites entreprises éprouvant des difficultés en raison de la crise du coronavirus. C'est aussi la raison pour laquelle Facebook ne demandait pas de pourcentage sur les revenus.
Les commentaires arrivent aussi alors qu’au début de ce mois, Apple a également fait disparaître de Facebook une fonctionnalité appelée "Instant Games from Facebook Gaming", une application qui permet principalement aux gens de regarder d'autres personnes jouer à des jeux vidéo. « C'est une innovation qui pourrait vraiment améliorer la vie des gens », a déclaré Zuckerberg jeudi. « Et Apple s'y oppose ».
Un changement dans le système d'exploitation iOS 14 d'Apple pour les iPhone et iPad, qui pourrait rendre beaucoup plus difficile pour les entreprises comme Facebook de cibler les personnes utilisant ces appareils avec des publicités, a été condamné par Zuckerberg. Le PDG de Facebook a estimé que le ciblage publicitaire de Facebook sur les iPhone et iPad perdrait environ 50 % de son efficacité une fois que l’iOS 14 serait publié et a suggéré que si Facebook pouvait distribuer ses applications en dehors de l'App Store, il pourrait éviter ce genre de scénario.
Apple, qui est devenue ce mois-ci la première entreprise américaine à être évaluée à 2000 milliards de dollars, fait l'objet d’accusations de comportements anticoncurrentiels à l’échelle mondiale à cause de la façon dont il gère l'App Store, le seul moyen d'acheter et de télécharger des applications sur les iPhone et iPad. Au cours des derniers mois, les développeurs d'applications, comme Spotify et Rakuten, ont critiqué la société pour avoir pris une commission de 30 % sur chaque achat d'application et pour ne pas avoir permis aux utilisateurs d'iPhone et d'iPad de télécharger des applications en dehors de l'App Store sur leurs appareils. Les applications comme Hey ont été retirées de l’App Store pour ne pas avoir proposé un abonnement in-app et versé une commission à la boutique.
La décision de bloquer Unreal Engine d’Epic était « juste un geste extrêmement agressif »
Les critiques contre Apple ont atteint leur paroxysme au début du mois lorsque la la société a interdit Fortnite après qu’Epic Games ait violé les règles d'Apple en essayant de contourner le système de paiement in-app de la société. En réponse, Epic a intenté une action en justice contre la société, et Apple a menacé de révoquer les comptes des développeurs de la société. Cette décision a eu des répercussions au-delà de Fortnite, mettant en péril tous les logiciels qui utilisaient le moteur Unreal, une plateforme appartenant à Epic et utilisée par d'autres développeurs pour créer des jeux vidéo.
La bataille légale entre Epic Games et Apple a aussi conduit à diviser désormais Fortnite en « deux jeux différents ». Une dernière mouture ne sera disponible que pour les gamers sur PlayStation 4, PC, Android et Nintendo Switch, et ceux sur iPhone, iPad et Mac se contenteront de la version d’avant août. Un juge californien a récemment bloqué toutefois la décision d’Apple de retirer l'accès du fabricant de jeux à ses outils de développement.
Dans son discours aux employés lors de la réunion, Zuckerberg a déclaré que la décision d'Apple de bloquer Unreal Engine était « juste un geste extrêmement agressif » qui était « assez problématique ». Mais, si Apple était au centre du discours de Zuckerberg, ce n'était pas le seul sujet que le PDG de Facebook a abordé lors de la réunion.
Il s'est également exprimé sur un article récent du Wall Street Journal, qui a rapporté que Zuckerberg avait fait part de ses inquiétudes concernant les entreprises Internet chinoises qui menacent les entreprises américaines lors d'un dîner privé avec le président Donald Trump à la Maison-Blanche en octobre.
Peu après, le gouvernement américain a lancé une enquête de sécurité nationale sur TikTok, propriété de Bytedance, l'application chinoise la plus populaire utilisée aux États-Unis et l'un des plus grands concurrents de Facebook. Le mois dernier, Trump a déclaré que TikTok était une "urgence nationale" et a signé un décret qui menaçait d'interdire l'application à moins qu'elle ne soit vendue à une société américaine. Cette semaine, TikTok a poursuivi l'administration de Trump en justice. Mark Zuckerberg serait à l'origine des tensions entre Washington et Pékin au sujet de TikTok, selon le WSJ.
« Trump a certainement évoqué la Chine ou certaines des mesures qu'il prenait, mais je ne pense pas que TikTok ou d'autres choses de ce genre aient été spécifiquement évoquées », a déclaré Zuckerberg à ses employés jeudi, pour réagir à ce rapport.
Lors d'une réunion générale au début du mois, Zuckerberg a reconnu qu'il y avait des questions de sécurité nationale "valables" autour de TikTok, a rapporté BuzzFeed News, mais a maintenu que son interdiction créerait un « très mauvais précédent à long terme », et que « cela doit être traité avec le plus grand soin et la plus grande gravité, quelle que soit la solution ». Il a répété ces points de vue dans son discours de jeudi.
Zuckerberg n'est pas non plus le seul patron des grandes entreprises américaines de technologie à peser sur l'état des app stores mobiles actuels. Le mois dernier, lors d'un événement virtuel de Politico, Brad Smith, président de Microsoft, a récemment appelé les régulateurs à examiner de plus près la manière dont les app stores sont gérés.
Source : Mark Zuckerberg
Et vous ?
Que pensez-vous des commentaires de Zuckerberg à l’égard d’Apple ?
Que se passera-t-il pour Facebook si Apple ne le laisse plus exploiter les données des utilisateurs sur les iPhone ?
Voir aussi :
Mark Zuckerberg, PDG de Facebook, serait à l'origine des tensions entre Washington et Pékin au sujet de TikTok, selon un rapport
Fortnite se divise en « deux jeux différents » en raison de la bataille légale entre Epic et Apple, la saison 4 du chapitre 2 sur Android, Xbox, PC et la précédente sur iPhone, iPad et Mac
Apple interdit à Facebook de révéler aux utilisateurs que l'App Store prélève 30% de commission, sur les événements en ligne payants censés aider à compenser la perte de revenus suite au COVID-19
L'iOS 14, le nouveau système d'exploitation mobile d'Apple, rend le suivi des personnes plus difficile pour Facebook, qQui déclare que cela va décimer une partie de ses revenus publicitaires
Partager