Ne dites plus « deepfake » mais dites « vidéotox », préférez « divulgâcher » à « spoiler »,
la Commission propose de nouvelles traductions officielles

La Commission d’enrichissement de la langue française a noté qu’à partir d'un nom de marque (iPod), créé pour désigner un baladeur numérique, s'est développée en anglais une série lexicale (podcast, to podcast, podcasting), qui s'est francisée dans notre langue essentiellement sous les formes substantive « un podcast » et verbale « podcaster ».

Or, note la Commission, l'usage de ces termes en français est souvent source de confusion. Il convient selon elle de distinguer plusieurs notions :
  • le programme audio, couramment désigné aujourd'hui par l'anglicisme « un podcast » ;
  • l'action, pour le diffuseur, de mettre à la disposition du public un tel programme (to podcast) ;
  • l'action, pour l'auditeur, de télécharger un tel programme, couramment désignée aujourd'hui par l'anglicisme « podcaster », ou de l'écouter ou de le réécouter ;
  • enfin le service de diffusion offrant à l'usager la possibilité d'accéder à tout moment à un programme choisi dans un ensemble de titres proposés (podcasting).

Ce qui a conduit la Commission a recommandé l’utilisation des termes suivants :
  • « audio » n.m., « audio à la demande (AAD) », voire « programme ou émission à la demande » ;
  • « télécharger », « écouter », « réécouter » ;
  • « service audio à la demande ».

Cette publication vient donc annuler et remplacer celle de la Recommandation sur les équivalents français du mot podcasting au Journal officiel du 15 décembre 2006.

Concernant l’audio à la demande, la Commission donne la définition suivante : contenu audio mis à la disposition du public dans l'internet. Elle précise que lorsque l'audio est une émission de radio préalablement diffusée, on parle également d'« audio en réécoute » ou d'« audio de rattrapage » ; lorsque l'audio est créé spécialement pour l'internet, on parle d'« audio original » (en anglais : native podcast). Cette publication annule et remplace celle du terme « diffusion pour baladeur » au Journal officiel du 25 mars 2006.

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Elle a publié également au Journal officiel une autre liste de traductions officielles, qui doivent être obligatoirement utilisées par les fonctionnaires à la place des termes et expressions équivalents en langues étrangères :
  • piège à clics : défini comme un lien hypertextuel accrocheur conduisant à un contenu qui n'est qu'un leurre, mis en place à seule fin d'augmenter le trafic en incitant les internautes à cliquer ; par extension, le contenu lui-même. Il vient remplacer clickbait.
  • Divulgâcher : gâcher l'effet de surprise chez le lecteur ou le spectateur en dévoilant tout ou partie de l'intrigue d'une œuvre de fiction. La Commission note qu’on parlera de « divulgâcheur, -euse » (en anglais : spoiler), pour désigner la personne qui divulgâche, de « divulgâchage » (en anglais : spoiling), pour désigner l'action de « divulgâcher », et de « divulgâchis » (en anglais : spoiler), pour désigner le résultat d'un divulgâchage.
  • Infox : information mensongère ou délibérément biaisée. La Commission note qu’une infox peut servir, par exemple, à favoriser un parti politique au détriment d'un autre, à entacher la réputation d'une personnalité ou d'une entreprise, ou à contredire une vérité scientifique. L’équivalent étranger est fake news.
  • infox vidéo ou vidéotox : une infox qui se présente sous la forme d'une vidéo falsifiée grâce aux techniques de l'intelligence artificielle, en particulier à celles de l'apprentissage profond. La Commission note que la production d'infox vidéo fait notamment appel à l'analyse de l'expression faciale, à la synthèse vocale et à la synchronisation labiale. L’équivalent étranger est deepfake.
  • responsable de la promotion en ligne : personne chargée de la promotion de biens, de services ou de marques sur la toile et dans les réseaux sociaux, qui recourt notamment au référencement et au ciblage publicitaire. L’équivalent étranger est traffic manager.
  • responsable des réseaux sociaux : personne chargée de la stratégie de communication d'une entreprise ou d'une organisation dans les réseaux sociaux. L’équivalent étranger est social media manager ou encore social media marketing manager.
  • ajustement automatique d'intonation : procédé sonore numérique qui permet, lors d'une séance d'enregistrement ou d'un concert, d'aligner la fréquence d'une voix sur une hauteur prédéfinie ; par extension, l'effet ainsi obtenu. La Commission note que l'ajustement automatique d'intonation est utilisé pour corriger la hauteur d'une voix ou pour obtenir un effet artistique. L’équivalent étranger est autotune.

Source : Journal officiel (1, 2, 3)

Et vous ?

Que pensez-vous de ces traductions ?
Quelles sont celles que vous adopteriez volontiers ?
Quelles sont celles qui vous semblent le plus difficile à passer dans votre vocabulaire ?

Voir aussi :

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