Des archivistes ont publié un répertoire de plus de 5 000 études sur le coronavirus pour contourner les paywalls,
un exemple à suivre pour toutes les publications scientifiques ?
Le coronavirus s’est propagé très rapidement faisant plus de vingt mille personnes atteintes en à peine un mois. Dans l’idée d’aider la communauté scientifique et non scientifique à vite venir à bout de cette épidémie, des archivistes ont divulgué plus de cinq mille études scientifiques concernant le virus en accès libre sur la toile. Un autre de leur objectif en faisant cela est d’éviter à toute personne voulant télécharger des études scientifiques de tomber sur un paywall. La pile de documents est hébergée sur The-Eye, un projet d'archivage géré par un utilisateur de Reddit nommé “-Archivist”.
La divulgation des documents sur le coronavirus intervient alors que l’OMS a déclenché l’état d’alerte la semaine passée. L’organisation a parlé d’une urgence sanitaire mondiale en raison de la propagation de l’épidémie au-delà de la Chine vers une vingtaine de pays actuellement. Les gérants de l’annuaire considèrent leur projet comme une ressource pouvant aider les scientifiques et les non scientifiques à étudier le virus. « Ces articles ont toujours été écrits pour être partagés avec le plus grand nombre de personnes possible », a déclaré “Shrine”, l’un d’eux.
« Sous tous les angles, [la recherche rémunérée] est une situation immorale, et c'est une tragédie permanente », a-t-il ajouté. Selon ces derniers, l’idée de recherche scientifique payante ne fait pas avancer le monde. Ils estiment que plus il y a une facilité d’accès à ces documents, plus il y aura beaucoup plus de chances de trouver rapidement des solutions aux gros problèmes auxquels le monde est confronté. Ils prennent pour exemple l’épidémie causée par le virus Ebola et qui a fait des milliers de victimes en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale il y a quelques années de cela.
« Même jusqu'à aujourd'hui, télécharger l'un des articles coûterait à un médecin d'ici 45 dollars, soit environ une demi-semaine de salaire », dénoncent-ils. Avant eux, en 2015, des responsables des services de santé publique libériens ont corédigé un éditorial dans le New York Times qui déplorait la forte quantité de recherches critiques sur Ebola inconnues ou inaccessibles aux scientifiques et aux travailleurs de la santé. Selon Shrine, en fouillant le Net, il a trouvé un article sur le coronavirus dont l’accès est autorisé une fois que vous aurez déboursé 39,95 dollars.
Ainsi, avec quelques amis, il a commencé à réfléchir à des solutions autour des pare-feu comme celui qu'il avait rencontré. Ils ont également recherché des articles sur le coronavirus sur Sci-Hub, un dépôt d’études scientifiques gratuit parfois appelé “The Pirate Bay of science”. Sci-Hub indique qu'il fournit un accès gratuit à un peu plus de 78 millions d'articles de recherches scientifiques en téléchargeant des pages HTML et PDF sur le Web, en contournant dans certains cas les barrières de paiement. Bien sûr, cela lui a valu des poursuites judiciaires.
« C'est illégal, mais c'est aussi un impératif moral », a déclaré Shrine. Avec ses collaborateurs, ils ont recherché sur Sci-Hub des documents datant de 1968 à 2020 dont les titres ou les résumés faisaient référence au coronavirus. Ils ont ensuite compilé les 5 200 articles qu'ils ont trouvés et le dénommé “-Archivist” s’est chargé de reverser les archives résultantes sur The-Eye. Vers la fin du mois de janvier, certains éditeurs scientifiques comme Elsevier, Wiley et Springer Nature ont supprimé leurs protections contre les récentes études relatives au nouveau coronavirus.
Selon Chris Capot, directeur de communication du groupe Elsevier, l'éditeur va faire en sorte que plus de 2 400 articles de recherche sur de multiples souches du coronavirus soient en libre accès par le biais de ScienceDirect, une vaste base de données de recherche scientifique et médicale qui nécessite généralement un abonnement. De son côté, Shrine a déclaré qu'il respectait les décisions des éditeurs de mettre fin à la rétribution de leurs recherches. « Il faut se demander ce qui aurait été possible s'ils avaient fait cela plus tôt », a-t-il déclaré.
Shrine a ajouté que les chercheurs en santé publique, les étudiants et le grand public pouvaient tous utiliser les archives pour apporter des résultats utiles et productifs à la science. Par ailleurs, -Archivist lui a déclaré que l’idée d’une institution qui verrouille les données le dégoûte personnellement.
Source : The-Eye
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